samedi 20 avril 2024
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Conseil national des jeunes : les premières pistes présentées

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Après une année de travail, les 12 conseillers nationaux de la première promotion du Conseil national des jeunes ont présenté leurs idées dans l’hémicycle. Au total, 31 propositions ont été évoquées. Elles concernent l’écologie, l’éducation et les loisirs.

« Si notre but était de vous sensibiliser à la manière d’appréhender les enjeux du pays, notre principal objectif était de vous donner la parole pour entendre vos propositions, celles qui pourraient répondre aux aspirations de votre génération. » En clôture de cette séance du Conseil national des jeunes, le président Stéphane Valeri a félicité les douze conseillers nationaux juniors. Camille Pastor, Théo Druenne, Emma Van Klaveren, Jules Tomatis, Emma Konieczny, Mélissa Risani, Charlotte Granero, Alexandrine Noghes, Rose de Brouwer, Julien Antognelli, Jolène Aquilina, et Inlé Seydoux sont en effet les premiers à tenter cet exercice. Ils sont devenus des conseillers nationaux juniors il y a un an de cela. Ils sont scolarisés en principauté, de la classe de cinquième à la classe de seconde incluse, et ils ont donc planché sur des propositions de résolutions qu’ils ont présenté au Conseil national, le 23 mars 2022. Sept réunions plus tard, il a été décidé de centrer les efforts autour de trois thèmes : l’écologie, l’éducation et les loisirs. De quoi imaginer ce que pourrait être la principauté dans les années à venir, même si, pour cette première, rien n’a été simple, comme l’a rappelé Stéphane Valeri : « La pandémie que nous avons traversée n’était pas la meilleure période pour organiser des réunions. Votre génération n’a, en effet, pas été épargnée. Outre la maladie qui a concerné de nombreuses familles, vous avez été touchés dans vos équilibres scolaires et dans votre vie sociale. Vous avez donc d’autant plus de mérite dans ce parcours exemplaire. » Les idées soulevées par ces jeunes conseillers ne devraient pas rester lettre morte, puisqu’ils seront repris par les élus, comme l’a rappelé le président du Conseil national : « Chères conseillères et conseillers juniors, par la qualité de votre contribution, vous nous prouvez que oui, la jeunesse est bien l’âge de tous les possibles. Notre mission d’élus sera, dès demain, de tout mettre en œuvre pour que vos travaux trouvent leur prolongation dans la vie réelle de Monaco, par des réalisations concrètes. »

« Si notre but était de vous sensibiliser à la manière d’appréhender les enjeux du pays, notre principal objectif était de vous donner la parole pour entendre vos propositions, celles qui pourraient répondre aux aspirations de votre génération »

Stéphane Valeri. Président du Conseil national

Écologie

Au total 31 propositions ont été formulées : 17 concernent l’éducation, 12 l’écologie, et deux les loisirs. Pour l’environnement, Emma Konieczny, rapporteuse de la proposition de résolution « pour une principauté durable », a présenté oralement les idées avancées par ces jeunes conseillers. Pour le tri des déchets, elle a ainsi proposé une série de mesures très concrètes : « Installer des poubelles de tri dans tous les immeubles, agrandir les ouvertures des poubelles jaunes, imposer un espace pour le tri des déchets à l’intérieur des appartements qui seront construits ou rénovés dans le futur, développer les lieux de compostage afin qu’ils soient aisément accessibles par tous, notamment dans les jardins, comme au parc princesse Antoinette. Et réfléchir à la généralisation, dans toute la principauté, de la collecte des déchets par voie souterraine. » En ce qui concerne le gaspillage énergétique, les jeunes conseillers nationaux se sont interrogés : « Pourquoi les enseignes et les vitrines de certains magasins ou bâtiments restent allumés, alors qu’ils sont fermés ? Si nous avons bien noté que l’éclairage public ne représente que 1,4 % de la consommation électrique en principauté, ce pourcentage n’inclut pas l’éclairage de ces enseignes et de ces vitrines qui, selon nous, n’apparaît pas toujours nécessaire. » En conséquence de quoi, une réglementation « après une certaine heure » de l’éclairage des enseignes lumineuses et des vitrines de magasins « et autres bâtiments » a été mise en avant. La généralisation de la création d’espaces verts sur les toits des futurs immeubles de la principauté a été proposée, avec pour objectif de proposer ensuite des potagers partagés aux résidents. Pour le BTP, l’utilisation de « matériaux recyclés, y compris issus de la destruction d’anciens immeubles » a également été évoquée. Pour faire en sorte que le secteur économique de la principauté s’implique davantage dans la préservation de la planète, les jeunes conseillers nationaux estiment qu’il serait important de demander à chaque entreprise qui souhaite s’installer à Monaco le détail des mesures concrètes qui seront mises en place pour réduire l’impact sur l’environnement. En ce qui concerne le tourisme, pour tenter de concilier tourisme de masse et tourisme environnemental, la création d’une « charte de bonne conduite environnementale » diffusée auprès des touristes, a été proposée. Sur la mer, les conseillères et conseillers juniors ont estimé que la principauté pouvait aller « encore plus loin », en encourageant la transition énergétique pour tous les navires. Pour rendre plus visible l’importance de la prévention des infractions vis-à-vis de l’environnement, Emma Konieczny a milité en faveur de la création d’une « brigade verte, dépendante du département de l’environnement, de l’équipement et de l’urbanisme. Elle serait spécialement chargée de veiller à la bonne application des règles édictées, en vue de protéger l’environnement, notamment la charte de bonne conduite ». Avant de conclure : « Nous espérons que certaines de ces mesures seront mises en oeuvre. Et tout particulièrement : la facilitation du tri des déchets par l’agrandissement des ouvertures des poubelles jaunes et l’introduction d’espace de tri à l’intérieur des logements, le développement de nouveaux lieux de compostage, la généralisation de la création d’espaces verts sur les toits des immeubles, la promotion en faveur d’une bonne conduite environnementale en matière industrielle, commerciale et touristique, et enfin, la création d’une brigade verte. »

En ce qui concerne « l’école inclusive », les jeunes conseillers nationaux aimeraient voir l’enseignement évoluer vers une scolarisation qui prenne en compte « la singularité de chaque élève », avec notamment « la pédagogie différenciée ». Charlotte Granero © Photo Conseil National.

« Pourquoi les enseignes et les vitrines de certains magasins ou bâtiments restent allumés, alors qu’ils sont fermés ? Si nous avons bien noté que l’éclairage public ne représente que 1,4 % de la consommation électrique en principauté, ce pourcentage n’inclut pas l’éclairage de ces enseignes et de ces vitrines qui, selon nous, n’apparaît pas toujours nécessaire »

Emma Konieczny. Rapporteuse de la proposition de résolution « pour une principauté durable »

Éducation

Deuxième grand volet étudié par ces jeunes conseillers nationaux : le secteur de l’éducation. Sous l’appellation « proposition de résolution visant à renforcer le développement harmonieux de l’élève en principauté », la rapporteuse Charlotte Granero a formulé une série de proposition, non sans avoir, au préalable, rappelé qu’ils sont « conscients du privilège qu’ils ont de bénéficier d’un enseignement d’excellence, animé par une communauté éducative d’exception ». Plaçant la notion de « bien-être » de l’élève au cœur de leur réflexion, ils ont centré leurs efforts autour de « la possibilité de renforcer la réussite et l’inclusion de tous les élèves de la principauté ». Tous scolarisés de la classe de cinquième à la classe de seconde incluse, ils ont donc apporté leurs expériences, de l’intérieur. Pour doper le bien-être de chaque élève, le Conseil national des jeunes a proposé de « mieux agencer les emplois du temps sur la semaine, en tenant compte des rythmes des élèves et en évitant des journées trop chargées, de mieux coordonner les devoirs du soir des différentes matières afin qu’ils ne soient pas concentrés sur les mêmes périodes, d’intégrer le temps d’étude personnel dans l’emploi du temps global. Et enfin, de favoriser une plus grande alternance cours/activités (sport, culture, etc.), y compris sur une même journée ». Il a aussi été avancé l’idée de généraliser les stages professionnels en seconde à tous les élèves, sur une durée « supérieure à deux semaines ». Le système de notation a aussi été pointé du doigt, avec le souhait de le voir changer pour coller à « l’évolution des sociétés », avec « davantage d’oral, de questionnaires à choix multiples (QCM) », notamment. Pour alléger les cartables, la possibilité de pouvoir bénéficier d’un casier personnel leur semble une piste intéressante. Pour gagner en ouverture sur le monde, la « multiplication des sorties culturelles, immersions, et découvertes », tout comme les échanges scolaires internationaux, est, pour eux, une priorité. Sans oublier le fait d’avoir l’opportunité de pouvoir « davantage » participer à des « actions bénévoles organisées par des associations et fondations de la principauté, ou à des oeuvres caritatives, y compris au sein des établissements d’enseignement ». En ce qui concerne les violences à l’école, le harcèlement scolaire, ou la sécurité routière, entre autres, un effort leur semble possible. Notamment pour rendre les actions de sensibilisation auprès des élèves « plus ludiques et concrètes ». En ce qui concerne « l’école inclusive », les jeunes conseillers nationaux aimeraient voir l’enseignement évoluer vers une scolarisation qui prenne en compte « la singularité de chaque élève », avec notamment « la pédagogie différenciée ». D’autres pistes ont également été soulevées, comme le développement de « formes de soutien variées, le plus tôt possible, pour aider tous les élèves à mieux apprendre », la valorisation de « toutes formes d’interactions sur les parcours d’apprentissage », et enfin, la personnalisation du « parcours scolaire et de l’orientation professionnelle de chaque élève ».

« Chères conseillères et conseillers juniors, par la qualité de votre contribution, vous nous prouvez que oui, la jeunesse est bien l’âge de tous les possibles. Notre mission d’élus sera, dès demain, de tout mettre en œuvre pour que vos travaux trouvent leur prolongation dans la vie réelle de Monaco, par des réalisations concrètes »

Stéphane Valeri. Président du Conseil national
« Les jeunes passent beaucoup de temps en classe et sur leurs écrans. Or, des activités ludiques et de plein air, ajouteraient une nouvelle dimension de jeu dans la principauté, et permettrait aux jeunes de s’occuper dans des lieux de loisirs qui leur sont destinés. » La création d’un parc aquatique à structures gonflables sur la mer et d’une patinoire à roller à l’année ont donc été avancés. Alexandrine Noghes © Photo Conseil National.

Pour Alexandrine Noghes, « les jeunes passent beaucoup de temps en classe et sur leurs écrans. Or, des activités ludiques et de plein air, ajouteraient une nouvelle dimension de jeu dans la principauté, et permettrait aux jeunes de s’occuper dans des lieux de loisirs qui leur sont destinés »

Loisirs

Enfin, sur la thématique des loisirs, deux propositions ont émergé. Pour les étayer, Alexandrine Noghes a assuré que, pour la jeunesse de Monaco, « les loisirs de plein air sont une préoccupation importante ». Avant d’ajouter : « Les jeunes passent beaucoup de temps en classe et sur leurs écrans. Or, des activités ludiques et de plein air, ajouteraient une nouvelle dimension de jeu dans la principauté, et permettrait aux jeunes de s’occuper dans des lieux de loisirs qui leur sont destinés. » La création d’un parc aquatique à structures gonflables sur la mer et d’une patinoire à roller à l’année ont donc été avancés. La gestion de ces deux structures serait confiée à la mairie de Monaco, via son service municipal des sports et des associations. Pour résoudre la problématique du manque de surfaces disponibles sur le territoire monégasque, les jeunes conseillers nationaux ont imaginé un parc aquatique gonflable qui serait loué, évitant ainsi le souci du stockage pendant l’hiver. Deux lieux ont été avancés pour installer cette structure pendant l’été : le Larvotto bien sûr, jugé comme « idéal », mais aussi la digue située près de l’esplanade des Pêcheurs. Pour protéger les fonds marins et éviter tout risque de pollution marine, cette structure ne serait pas « fixée directement sur les fonds marins », car elle est « équipée de corps morts, des plots en béton flottants ». Enfin, pour le projet de patinoire à roller, trois possibilités ont été repérées : l’îlot Pasteur, la rue du Gabian, sur la zone le Thalès, et la ZAC Saint-Antoine. Si le scénario de la ZAC Saint-Antoine était retenu, les jeunes conseillers nationaux ont proposé que l’espace qui a été prévu pour le bowling puisse « être partagé avec la patinoire, afin de regrouper diverses activités ludiques, et de proposer, toute l’année, un site unique, entièrement dédié aux loisirs ». Et ainsi, d’une certaine manière, recréer un centre de loisirs pour la jeunesse monégasque. En effet, depuis janvier 2022 la destruction du seul centre de loisirs de Monaco pour les jeunes, le Ni-Box a débuté. L’exploitant du bowling installé au cœur du Ni-Box s’est engagé à transférer son activité au rez-de-chaussée de la ZAC Saint Antoine, à Cap d’Ail. Cette demande des jeunes conseillers nationaux confirme donc que le manque se fait sentir. Le Ni-Box était un lieu « de divertissement et de rencontre avec une patinoire, un bowling, un espace de jeux vidéo, une discothèque, et des points de restauration, avec des tarifs préférentiels pour les jeunes inscrits dans les établissements scolaires monégasques », expliquait le département des finances et de l’économie à Monaco Hebdo, dans notre numéro 1231. En tout cas, pour cette structure, les jeunes conseillers nationaux misent sur une exploitation toute l’année, avec des formules modulables, « que ce soit les matins ou les après-midis pour les enfants, ou les soirées pour les jeunes adultes ». Parmi les activités souhaitées, ils ont évoqué un anneau de glisse, des cours avec des moniteurs diplômés, des soirées à thème avec un DJ, des spectacles de théâtre, des concerts, des soirées événementielles, du roller-hockey, des « anniversaires roller », des cours adaptés aux handicapés, et enfin, un, ou des, espaces de détente, avec notamment un restaurant. L’aspect économique n’a pas été oublié, puisqu’il a été rappelé que cette patinoire à roller serait aussi génératrice d’emplois, notamment pour la gestion de cette structure et son entretien, pour les coaches, pour le restaurant-snack, pour la location et l’entretien des patins, ou encore pour les services de sécurité. Quant à la superficie de ce projet, les conseillères et conseillers juniors l’imaginent « modulaire », selon les besoins et le type d’activités annexes décidées. Dans ces dossier, ils ne voient en tout cas rien d’impossible, comme l’a indiqué Rose de Brouwer : « De l’imagination à la mise en œuvre de ces deux propositions, il n’y a qu’un pas, car nous savons qu’à Monaco tout est possible. » En attendant, le Conseil national des jeunes prépare déjà la suite. Une deuxième promotion de jeunes conseillères et conseillers nationaux a été sélectionnée. Elle sera présentée à l’occasion d’une séance d’installation qui se déroulera le 27 avril 2022, à partir de 18 heures.