jeudi 18 avril 2024
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Communication?: le dépoussiérage

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Monaco Channel

Le 24 janvier, le gouvernement a dévoilé ses trois nouveaux outils de communication sur la Toile?: un portail Internet modernisé, le lancement d’un bouquet de 10 chaînes d’information baptisé « Monaco Channel » et, plus étonnant, la création d’un compte Twitter.

Le chantier était attendu de longue date par bon nombre de fonctionnaires, d’usagers et d’élus. Le gouvernement a enfin dépoussiéré ses outils de communication. Une petite révolution dans l’administration monégasque. Tardive certes, mais salutaire. « Nous allons vers une nouvelle gouvernance numérique », a même souligné le ministre d’Etat, le 24 janvier en conférence de presse. Une démarche qui accompagne la campagne de communication institutionnelle lancée fin 2010 par le gouvernement. (voir interview de Jean-Luc Mano). Campagne qui, plus d’un an après son lancement, aurait d’ailleurs porté ses fruits. « Une étude sémiologique a récemment été menée pour essayer de percevoir comment la campagne avait changé la perception de Monaco dans la presse dans 21 journaux français et européens. Les images et les mots négatifs, comme « paradis fiscal », ont énormément baissé dans la presse en 2011 à la suite de la campagne », a insisté le ministre d’Etat avant de lever le voile sur les trois nouveaux supports de communication.

« Mieux maîtriser la communication »
Premier grand volet de cette nouvelle politique de comm’ : la création sur la Toile de Monaco Channel (www.monacochannel.mc). Un bouquet de 10 chaînes d’information en ligne, qui diffusera de nombreuses vidéos sur les grands évènements et acteurs du pays. Majoritairement issues du Centre de presse, ces vidéos seront également fournies par diverses institutions partenaires de la place. Entre autres?: le Musée océanographique, les archives audiovisuelles, la fondation Prince Albert II, la Chambre de développement économique (CDE), le Yacht club de Monaco, la Direction du tourisme ou encore l’AS Monaco FC (la liste n’est pas exhaustive…). « C’est un outil numérique qui nous permettra non seulement de mieux maîtriser la communication mais aussi de renforcer notre image sur Internet, en gagnant en visibilité. Notamment sur les moteurs de recherche de type Google », a expliqué le ministre d’Etat.

« Pas de politique »
Sur le contenu, aucune information de type commercial ou commentaire à caractère politique n’aura sa place dans le bouquet. Excepté les débats politiques du conseil national filmés par Monaco info. Coût de l’opération?? « Nous avons fait appel à un prestataire monégasque qui a notamment opéré le travail de back-office. La dépense est raisonnable, environ 38?000 euros pour l’année », a précisé le ministre d’Etat. En coulisses, certaines institutions partenaires s’inquiètent toutefois de savoir si elles auront les moyens, à la fois humains et matériels, d’alimenter régulièrement le site. Pas d’inquiétude pour l’heure pour le ministre d’Etat. « La première étape consiste à voir avec les responsables des chaînes, quel est leur stock d’images utilisables et de vidéos déjà disponibles. Il faut donc opérer un travail de repérage et de visionnage pour faire l’inventaire de notre patrimoine. Dans un deuxième temps, il est envisagé de créer de nouvelles vidéos spécialement pour Monaco Channel. Il faudra sans doute, à ce moment là, dégager des moyens. Se renforcer par exemple en caméramen ou en journalistes », a détaillé Michel Roger.

600?000 euros
Le gouvernement a également dévoilé son nouveau portail Internet (ww.gouv.mc). Beaucoup plus complet et détaillé, le tout sur une charte graphique plus conviviale. Les usagers pourront enfin télécharger des formulaires administratifs en ligne, consulter des fiches d’information, et avoir également accès aux nouvelles télé procédures (estampille, candidature aux emplois de la Fonction publique, échanges d’appartements domaniaux etc.) Le site propose également un volet plus traditionnel avec une présentation des pouvoirs du prince ou encore du conseil national. Un espace spécial « entreprises » a également été créé. Avec des informations sur la création d’entreprise, la réglementation sur la fiscalité, ou encore la propriété intellectuelle. Pour le portail internet, le gouvernement a déboursé la coquette somme de 600?000 euros.

(1) Monaco Channel sera disponible sur tous les supports (ordinateurs, smartphones, tablettes, téléviseurs connectés)
(2) La campagne de communication institutionnelle va continuer en 2012 dans les journaux. Les supports restent encore à préciser avec l’agence TBWA

Le gouvernement sur Twitter?: « Répondre aux attaques »
Impossible d’y échapper. Les dirigeants politiques usent (et abusent??) de plus en plus de Twitter. Le gouvernement monégasque a lui aussi décidé de participer à ce réseau de communication instantanée qui regroupe au plan mondial plus de 170 millions de personnes et 600?000 en France. Objectif selon le ministre d’Etat Michel Roger?? « Instaurer un dialogue direct entre résidents, nationaux et gouvernement, donner le signe de la modernité de Monaco, faire connaître nos actions, mais aussi répondre aux critiques et aux fausses idées qui circulent encore sur Monaco malgré la campagne de communication. Au lieu d’ignorer les critiques, il s’agit ici d’une démarche active pour les contrecarrer. » Alimenté par une équipe de fonctionnaires, le Twitter monégasque mettra essentiellement l’accent sur l’actualité politique, diplomatique et économique du pays. En revanche, aucune actualité relative à la famille princière ou à l’actualité sportive ne sera diffusée. Compte accessible à cette adresse?: www.twitter.com/gvtMonaco.

« Très forte diminution des termes négatifs »

Trois questions à Jean-Luc Mano, expert en communication

Monaco hebdo?: Depuis le lancement de la campagne institutionnelle, l’image de Monaco a-t-elle selon vous changé dans les milieux politiques??
Jean-Luc Mano?: Une étude d’impact a été menée par une agence concurrente à la société TBWA. Elle montre que la campagne institutionnelle monégasque se plaçait parmi les trois meilleures campagnes des deux dernières années sur un ensemble de 20 grandes campagnes menées par des Etats ou des grandes marques. Dans la classe politique, la campagne a été très visible. De nombreux hommes politiques m’en ont parlé. Plutôt en bien mais parfois de manière critique. Notamment dans les milieux politiques culturels qui ont jugé le visuel un peu arrogant proportionnellement aux moyens financiers de Monaco.

M.H.?: Et dans les journaux??
J.-L.M.?: Une étude sémiologique a été menée sur environ 2?000 articles de presse. L’étude s’est penchée sur des éléments financiers, de type blanchiment d’argent, moralité de la vie financière, paradis fiscal etc. Et une très forte diminution des termes négatifs a été constatée dans la presse. Ils étaient aux alentours de 40 % il y a 3 ans dans les articles. Ils sont aujourd’hui bien en dessous de 20 %.

M.H.?: Est-ce l’effet direct de la campagne institutionnelle??
J.-L.M.?: Il n’y pas de campagne qui modifie fondamentalement la structure d’image d’un Etat, si l’Etat ne change pas lui-même. Ce n’est donc pas uniquement lié à la communication. Monaco a pris ses responsabilités. Le pays est sorti de la liste noire puis grise et a passé des accords avec l’OCDE. La campagne institutionnelle n’a donc été qu’un projecteur. Il était en tout cas temps que Monaco se dote d’outils innovants et réactifs de communication.

Paul Masseron
Paul Masseron © Photo Monaco Hebdo.

Sécurité routière?: la pédagogie avant un durcissement

Après une année noire en 2011 sur les routes monégasques, le gouvernement a décidé de lancer une campagne de sensibilisation auprès des automobilistes et des conducteurs de deux-roues.

2011 a été une année noire sur les routes monégasques. L’an dernier, quatre conducteurs de deux-roues ont trouvé la mort en principauté. « C’est beaucoup trop. La situation s’est aggravée. Nous avons enregistré 232 accidents corporels en 2011 soit une augmentation de près de 12 %. Ces chiffres sont inacceptables. Le gouvernement ne peut se satisfaire d’une telle situation qui endeuille tragiquement les familles. Quel gâchis humain », a déploré le conseiller de gouvernement pour l’Intérieur Paul Masseron, lors de la conférence de presse du gouvernement, le 24 janvier (1). Dans la majorité des accidents, c’est d’ailleurs le comportement du conducteur qui est impliqué?: vitesse excessive, non maîtrise du véhicule, alcoolémie (dans 10 à 12 % des accidents corporels) ou encore non-respect des règles élémentaires du code de la route. C’est pourquoi, le gouvernement a décidé de lancer une campagne de sensibilisation auprès des conducteurs.

Pas de radar fixe
En misant d’abord sur la pédagogie. Une lettre sera ainsi diffusée aux salariés de Monaco dans le prochain journal de la Fédération patronale monégasque, le Monaco business news. (A noter d’ailleurs que la majorité des accidents survient pendant les heures de bureaux). Parallèlement, une campagne de prévention sur les panneaux routiers et une campagne de communication dans les médias seront diffusées jusqu’au 1er février. Sur les portions les plus propices aux excès de vitesse, quelques aménagements urbains ont également été mis en place. Sur le boulevard du Larvotto par exemple, des radars pédagogiques rappelant aux usagers les limitations de vitesse ont été installés. Aux entrées du tunnel Louis II, deux panneaux lumineux — le premier rappelant la limitation de vitesse à 50 km/h et le second indiquant le virage dangereux — ont été également installés. Pas certain en revanche que des radars fixes voient le jour à l’avenir. « Lorsqu’il y a un radar fixe, les conducteurs ralentissent puis accélèrent à nouveau juste après. Je ne suis pas certain que ce soit judicieux sur un territoire de 2 km2 », a en effet précisé sur ce point Paul Masseron.

Accélérer les sanctions
Autre mesure phare de cette campagne?: accélérer les délais de comparution des contrevenants devant la commission technique spéciale (CTS). Cette commission, placée sous la responsabilité d’un magistrat, décide des retraits et des suspensions de permis de conduire dans les cas de grands excès de vitesse et d’alcoolémie au volant à Monaco. « L’objectif est donc de les sanctionner plus rapidement », a expliqué le conseiller. Un durcissement des sanctions pourrait également intervenir pour les excès de vitesse. Car à Monaco, que l’on dépasse la limitation autorisée de 10 ou 60 km/h, l’amende pour le conducteur est la même. Soit 22,50 euros. « Une augmentation de l’amende proportionnellement à la gravité de l’infraction est en cours de réflexion. Il y a évidemment des textes à modifier en amont, notamment au niveau du code de la route. »

(1) 232 accidents corporels ont été enregistrés en 2011 (dont 157 concernaient des deux-roues) contre 208 en 2010.

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