vendredi 26 avril 2024
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“Avec la crise,
le recours au prêt est en hausse”

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Crédit Mobilier de Monaco
© Photo D.R.

S’il y a un secteur qui ne connaît pas la crise, c’est le prêt sur gage. Pierpaolo Caretta, directeur du Crédit Mobilier de Monaco, a accepté de nous parler de son secteur d’activité. Interview relue.

Propos recueillis par Romain Renner.

M.H.?: Vous bénéficiez d’un monopole d’Etat. Concrètement, qu’est-ce que cela implique??

P.C.?: Le Crédit Mobilier de Monaco a été autorisé à exercer l’activité de prêts sur gages le 1er mai 1907 par ordonnance souveraine. Nous bénéficions d’une concession donnée par l’Etat, qui contrôle notre activité. C’est par exemple lui qui détermine les taux d’intérêt que nous pratiquons.

M.H.?: Quel type de clientèle avez-vous??

P.C.?: En réalité, nous n’avons pas un type de clientèle bien défini. Nos clients peuvent être des personnes qui ont un besoin ponctuel de liquidités pour des raisons diverses (droits de succession, achat important à régler) comme des joueurs qui vont au casino. On pourrait croire que ceux qui viennent nous voir sont en grande difficulté financière mais il y a bien plus de cas possibles que ça.

Avec la crise, le recours au prêt est en augmentation. Cela fait deux ans que nous connaissons une hausse de notre activité. Si les gens viennent nous voir c’est essentiellement parce que les transactions se passent en toute confidentialité et que nous prêtons immédiatement les sommes contre remise en gage d’un objet. C’est un avantage pour nos clients.

M.H.?: Comment se déroule le processus d’obtention d’un prêt??

P.C.?: Il faut nous apporter des objets que nos experts vont se charger d’évaluer. Evidemment, nous vérifions la provenance de ceux-ci par le biais de certificats ainsi que des titres de propriété. Ensuite, nous proposons une somme qui n’est pas celle de la valeur à neuf et qui est inférieur à son prix de revente. Ce prêt peut se faire sous toutes les formes, selon les désirs du clients?: liquide, chèque ou virement.

Si les emprunteurs ne peuvent pas nous rembourser dans un délai de six mois, les objets sont mis aux enchères. Elles ont lieu quatre à cinq fois par an, au minimum. Nous récupérons la valeur de notre prêt avec les intérêts prévus et tout bénéfice éventuel est reversé à l’emprunteur.

M.H.?: Et si la somme proposée ne convient pas au client??

P.C.?: Généralement il espère obtenir l’équivalent de la valeur marchande du bien qu’il apporte, ce qui est évidemment impossible. Il n’y a pas de négociation possible.

M.H.?: Quels objets vous apporte-t-on généralement??

P.C.?: On nous amène beaucoup de bijoux et de montres. Ce sont des biens qui ont une réelle possibilité de revente. Il arrive que nous ayons des pièces très rares comme de très belles pierres par exemple mais cela reste rarissime. Malgré tout, la valeur de nos prêts reste, en moyenne, assez élevée.

M.H.?: Vous arrive-t-il d’en refuser??

P.C.?: Il y a bien évidemment des objets que nous ne prenons pas?: tout ce que nous ne pouvons pas évaluer, les véhicules car nous ne pouvons pas les conserver et tous les biens qui n’ont quasiment aucune chance de trouver un marché. Par exemple, nous n’acceptons plus les fourrures, très prisées à une époque mais qui le sont beaucoup moins aujourd’hui.

M.H.?: Pour finir, comprenez-vous l’image négative que peut renvoyer votre activité??

P.C.?: D’une manière générale, on nous connaît peu et peut-être existe-t-il encore une image négative de notre profession qui émanerait du passé. Mais notre objectif n’est pas de vendre les objets que l’on nous confie mais plutôt de renouveler les prêts. Il ne faut pas oublier que le prêt sur gage est, au départ, une action sociale. En plus, notre activité est ultra-réglementée et nous sommes sous contrôle de l’Etat.