vendredi 29 mars 2024
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Au chevet de la SBM

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Conjoncture économique oblige, la Société des bains de mer était au cœur des discussions du conseil national et du gouvernement cette semaine.

Par Milena Radoman et Romain Chardan.

Comment la Société des bains de mer compte-t-elle relancer la machine ? C’est la question centrale qui animait les autorités lors de la commission tripartite SBM le 25 mars dernier. Lors de cette commission, réunissant autour de la même table élus, membres du gouvernement et dirigeants de la SBM, les questions ont volé au sujet de la « vieille dame » de 150 ans, confrontée à une dégringolade du chiffre d’affaires des jeux, et aux projets estimés à 600 millions d’euros du Sporting d’hiver et de la rénovation de l’Hôtel de Paris — dont les travaux sont prévus dès 2014. Premier sujet brûlant : le recrutement en cours d’un directeur des jeux de stature internationale. C’est un contrat à durée déterminée comprenant des clauses de rentabilité, qui semble être envisagé par Jean-Luc Biamonti, avec la volonté à terme de former une direction monégasque. « Je ne peux pas laisser dire qu’il faut un directeur étranger, à moins que ce ne soit sous forme de tutorat », a milité quelques jours avant la réunion Laurent Nouvion, lors d’un Press Club. Impossible pour le président du conseil national « d’imaginer que la direction des jeux, qui fait partie du pacte social non négociable, échappera une jour aux Monégasques. Il y a des gens de très grande valeur au casino de Monte-Carlo, entre 40 et 50 ans, qui sont parfaitement prêts à se mettre à disposition sous le monitoring » d’un « vrai » casinotier.

Perte de 40 % en 5 ans
Avant de rencontrer le président délégué de la SBM le 25 mars, les conseillers nationaux ont interrogé les différents syndicats de la société, préoccupés par la relance de l’activité de l’entreprise et la négociation actuelle de nouvelles conventions collectives. Au point que le personnel du Sun Casino parle de déposer un préavis de grève pour Pâques… La commission tripartite représentait donc l’occasion de relayer toutes ces inquiétudes. « Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur, car avec les projets de rénovation, on ne peut pas prendre le risque de perdre de l’argent avec ces établissements et ne pas relancer l’activité jeux qui a perdu près de 40 % depuis 5 ans, alors qu’on sait très bien qu’à Macao et Las Vegas, les jeux ont repris du bonus. On peut faire venir des joueurs à valeur ajoutée, et Monte-Carlo reste le premier casino du monde », a indiqué Laurent Nouvion.

Endettement ou nouveaux actionnaires ?
Pour booster l’activité jeux, la SBM semble vouloir accentuer sa politique marketing, en la ciblant sur le Moyen-orient et l’Asie, ce qui l’oblige à adapter son offre. « Singapour vient d’ouvrir un casino important et 95 % des jeux en Asie sont des jeux de cartes. Pour attirer cette clientèle, il faut offrir des jeux dédiés avec un personnel formé sinon ils ne viendront jamais », souffle un membre de la commission. Quant aux projets du Sporting d’hiver et de l’Hôtel de Paris, la SBM semble toujours plancher sur le mode de financement. « Il n’y a pas 36 solutions. Il faut choisir entre l’endettement, vendre les bijoux de famille ou faire entrer de nouveaux actionnaires et céder des parts du capital », ajoute cette source. Si Laurent Nouvion ne s’est pas encore positionné publiquement sur le mode de financement, il refuse déjà en bloc toute privatisation de la SBM : « Le contrôle de la société ne peux pas échapper au pays et personne à Monaco ne peut imaginer de privatiser la SBM. » Alors que les actionnaires minoritaires grondent sur les choix politiques de la société, la SBM doit-elle rester cotée ? « Je ne suis pas partisan, à titre personnel, de supprimer le fait que la société soit cotée en bourse, car cela lui donne une certaine visibilité », a répondu Laurent Nouvion devant la presse. Il aura certainement l’occasion de le redire lors de la prochaine commission tripartite. Elle devrait devenir trimestrielle.