vendredi 26 avril 2024
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Horizon Monaco : «Une motivation vaccinale basée sur l’intérêt collectif»

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Face à la défiance vaccinale autour du Covid-19, quelle stratégie Monaco doit-il adopter ? Les élus Horizon Monaco, Béatrice Fresko-Rolfo et Jacques Rit, prennent position.

Face à la méfiance autour du vaccin anti-Covid-19 comment convaincre la population de la principauté de se faire vacciner ? 

Le terme « convaincre », qui nous rapprocherait d’un certain prosélytisme, nous dérange un peu. En tant qu’élus des Monégasques, et quelles que soient nos positions personnelles sur cet important sujet de la vaccination, nous entendons respecter les opinions et le libre arbitre de tous. Nous laisserons donc de coté le mot « convaincre », pour lui préférer les termes « d’information objective » et de « conseil ». 

Que répondre à la peur des effets secondaires, essentiellement à moyen et long terme, liée à une absence de recul concernant ce vaccin ? 

Il ne nous est malheureusement pas possible d’apporter une réponse catégorique à cette question essentielle, quand les scientifiques les plus éminents ne sont pas en mesure de le faire. Comme souvent, quand la science laisse persister un doute, il nous faut faire appel au bon sens. Par exemple, en matière d’hypothétiques effets secondaires du vaccin à moyen et long terme, la question se pose de manière très différente selon qu’il s’agit de personnes âgées ou de personnes jeunes. Pour les premières, qui sont d’ailleurs de loin les plus menacées par les formes graves de la maladie, l’éventualité d’effets secondaires à moyen et long terme peut, à leur âge, être relativisée. 

Comment démontrer que la collusion des intérêts économiques des laboratoires pharmaceutiques face à l’État n’existe pas ? 

Cet intérêt économique existe, il serait absurde de devoir le nier. Mais il nous semble, en l’espèce, parfaitement compatible avec l’intérêt général du moment. 

La peur est-elle un levier efficace pour pousser la population à se faire vacciner ? 

Un proverbe fort sage dit que « la peur est mauvaise conseillère ». Et nous pensons qu’en politique, le choix de vouloir influencer en utilisant la peur mérite la sale réputation qu’on lui accorde généralement. Ce n’est certainement pas notre choix. L’information l’objective et réactualisée nous semble bien préférable. 

Pour convaincre, la solution peut-elle en partie venir de professionnels de santé de proximité ? 

Bien sûr, les professionnels de santé de proximité ont un rôle essentiel a jouer. Ils ont une fonction privilégiée d’intermédiaires entre les acteurs des sciences biologique et médicale, et la population souvent peu initiée aux complexités de ces domaines. Et, surtout, leur pratique les amènent à établir un véritable contrat de confiance avec leurs patients. Cette confiance, denrée de plus en plus rare a notre époque, est ici le point fondamental : « Les politiques, les laboratoires et les banquiers peuvent vouloir me tromper, mais certainement pas mon médecin ! » 

Quel type de communication faut-il mettre en place pour convaincre les jeunes, qui sont souvent parmi les plus réticents à la vaccination ? 

Le problème de la vaccination des jeunes, et encore plus des très jeunes, est plus délicat. Là encore, nous laisserons de coté le terme « convaincre ». La recherche d’arguments en faveur de la vaccination des populations jeunes est fondée sur un principe très différent : celui de la solidarité. En effet, le risque individuel encouru en cas de non-vaccination est, chez des personnes jeunes, particulièrement faible. Par contre, l’acquisition d’une immunité par vaccination dans cette part la plus jeune de la population est la seule manière d’obtenir, à terme, l’éradication de cette pandémie. Il s’agit bien là d’une motivation basée sur l’intérêt collectif. Mais ce type d’argument est souvent très bien reçu parmi les jeunes. 

L’effet d’entraînement d’élites politiques allant se faire vacciner dans les premiers pourrait-il être décisif ? 

L’érosion générale, et trop souvent justifiée, du capital confiance dont disposait les élites politiques par le passé, nous semble devoir vouer d’emblée à l’échec ce genre de mise en scène. 

Quels autres leviers faut-il actionner pour convaincre de vacciner le plus largement possible ? 

L’obsession de convaincre, encore ! La cadence, nécessairement limitée, de la vaccination va l’amener à durer plus d’une année. Ce délai incontournable, que l’on peut regretter par ailleurs, sera sûrement propice à un élargissement, par simple observation des vaccinés dans leur environnement, du cercle des demandeurs d’une protection vaccinale.

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