vendredi 26 avril 2024
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Bouchons, retards sur les rails :
quelles solutions pour la mobilité ?

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C’est devenu un grand classique des séances budgétaires : la question de la mobilité est devenue un véritable enjeu. Au fil du temps, et alors que les bouchons n’ont jamais été aussi problématiques aux entrées et sorties de la principauté, le gouvernement et le Conseil national ont échangé à plusieurs reprises sur ce sujet sensible.

Une fois de plus, les élus sont revenus à la charge, pour réclamer à l’État la mise en place d’un test pour évaluer l’utilité de la gratuité dans les bus. Alors que le gouvernement a constaté une baisse de fréquentation du côté de la Compagnie des autobus de Monaco (CAM), le président de la commission des finances, Balthazar Seydoux est revenu sur « la baisse constante du nombre de passagers des autobus depuis plusieurs années. Alors qu’il était de 6,8 millions en 2016, il est de 6,5 millions en 2019, soit une baisse de fréquentation de près de 100 000 passagers par an. Le constat est sans appel. Pour le Conseil national, il est indispensable de revoir l’organisation de nos transports urbains, afin d’augmenter les fréquences et amplitudes horaires, de mieux synchroniser les feux de circulation pour rendre les bus prioritaires aux carrefours, et d’optimiser les parcours. Il est important aussi d’anticiper la desserte des futurs grands équipements. De plus, selon les élus, la mise en œuvre de la gratuité des autobus serait une mesure incitative qui pourrait inverser la tendance à la baisse de l’usage des transports en commun ». Sur cette question, le ministre d’État, Pierre Dartout, a prôné l’ouverture, confirmant qu’un test pour évaluer la gratuité des bus en principauté sera effectué « pendant plusieurs semaines, sur l’ensemble du réseau, à une période représentative d’une activité normale de la principauté, plus proche des flux observés avant la crise sanitaire. Nous sommes prêts à réfléchir avec vous à la période la plus adaptée ». Estimant qu’ « augmenter la fréquence sans améliorer le temps de trajet entraînerait un gain très faible pour les voyageurs », le ministre d’État a alors avancé d’autres pistes de réflexions, notamment la création de « nouveaux couloirs sur le boulevard d’Italie, l’avenue princesse Alice, la rue Grimaldi et le boulevard princesse Charlotte. Un système de synchronisation des feux est actuellement en test ». Le président du Conseil national, Stéphane Valeri a immédiatement proposé d’envisager ce test sur la gratuité des bus « pour les mois d’avril et de mai 2022, mois comportant les principaux événements sportifs annuels qui génèrent des problèmes de circulation. Je vous confirme que nous sommes favorables à la gratuité et que nous souhaitons également augmenter la fréquence de passage des bus sur les différents réseaux pour augmenter leurs capacités ainsi que la qualité de service pour les usagers et donc l’utilisation de ce mode de déplacement. Ce qu’il faut c’est limiter le temps d’attente du bus pour l’usager, même s’il faut bien sûr également agir sur les paramètres du temps de parcours ». De plus, le gouvernement a indiqué qu’il travaillait également sur une « amélioration de la desserte de nuit, avec une solution de bus à la demande par minibus ». Quant au passage en électrique de la flotte de bus de la CAM, l’objectif est de remplacer d’ici 2025 les 35 bus du réseau. « À cette date, le parc de la CAM comportera encore 13 bus hybrides de réserve qui ne sont pas appelés à circuler souvent mais seulement en cas de besoin de renfort, de panne, ou d’opérations d’entretien et de maintenance », a ajouté Pierre Dartout.

Le président du Conseil national, Stéphane Valeri a proposé d’envisager un test sur la gratuité des bus « pour les mois d’avril et de mai 2022, mois comportant les principaux événements sportifs annuels qui génèrent des problèmes de circulation »

TER

Sur les rails, l’accès à la principauté pose aussi encore trop souvent de gros problèmes aux usagers, et surtout aux salariés qui viennent quotidiennement travailler en principauté [à ce sujet, lire notre article Trafic ferroviaire perturbé sur l’axe Nice-Vintimille, publié dans Monaco Hebdo n° 1211 — NDLR]. Le ministre d’État a rappelé la participation financière de la principauté pour le chantier d’allongement des quais de la gare de Nice Riquier. Ce chantier a « déjà permis d’augmenter la capacité des TER en assurant la circulation de rames doubles aux heures de pointe », a estimé le ministre d’État. Avant d’ajouter : « Dès 2025, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, ce sont 63 TER par jour, et par sens, qui sont prévus, contre 47 par jour, et par sens, en 2021. Cela permettra ainsi d’atteindre 4 TER par heure, et par sens, tout au long de la journée, et pas seulement aux heures de pointe. » Pierre Dartout a aussi évoqué le système européen de gestion du trafic ferroviaire (European Rail Traffic Management System, ERTMS) qui devrait être lancé par la SNCF à partir de 2025 et qui devrait permettre de faire rouler davantage de trains : « L’augmentation de la fréquence à 6 TER par heure et par sens ne sera possible qu’une fois ces travaux réalisés, soit en 2028 ». Concernant le lancement d’une navette maritime entre Nice et Cap d’Ail, il ne devrait pas y avoir de mise en service avant 2025, car l’appel d’offres lancé par la Métropole Nice Côte d’Azur a été déclaré infructueux « faute d’offre crédible » a précisé le ministre d’État [à ce sujet, lire notre article dans ce dossier Navette maritime entre Nice et Cap d’Ail : pas de mise en service avant 2025 ?]. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a en effet évoqué lors d’une conférence de presse, en septembre 2021, un projet de « navette maritime durable d’ici 2025 ».

« Dès 2025, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, ce sont 63 TER par jour, et par sens, qui sont prévus, contre 47 par jour, et par sens, en 2021. Cela permettra ainsi d’atteindre 4 TER par heure, et par sens, tout au long de la journée, et pas seulement aux heures de pointe. »

Pierre Dartout. Ministre d’État
© Photo Monaco Hebdo.

Pierre Dartout, a indiqué que des études géotechniques « sont en cours afin de confirmer la possibilité de créer un parking au niveau de l’échangeur Saint-Roman. Un autre site, à l’emplacement du parking sous les tennis, est en outre envisagé »

Parkings

Enfin, élus et gouvernement ont aussi évoqué un autre versant de la mobilité, avec la question des parkings de dissuasion. Balthazar Seydoux a rappelé qu’à l’occasion d’une commission plénière d’étude sur la mobilité qui s’est déroulée le 23 juillet 2019, un chiffre avait été avancé : « La mobilité génère un trafic motorisé important, en augmentation de 1,1 à 2 % par an ». Face à ce constat, « la solution réside en partie dans la construction de parkings relais aux entrées de Monaco », a indiqué le président de la commission des finances. Avant d’ajouter : « Le parking d’entrée de ville Ouest supérieur, au Jardin Exotique, associé à des dessertes d’autobus et à la future Galerie des Salines, devrait réduire le trafic automobile. Pour que ce dispositif soit pleinement efficace, les élus appellent de leurs vœux la construction d’un nouveau parking dans le quartier de Saint-Roman, à l’entrée Est de Monaco, en plus de celui dit de Testimonio, dont la capacité ne sera pas suffisante. » Balthazar Seydoux a aussi appelé de ses vœux la « poursuite des travaux d’aménagement de la moyenne corniche, notamment la reconfiguration du giratoire de l’hôpital, l’aménagement de la bretelle d’autoroute A500 vers l’A8, la trémie du carrefour dit du Bautugan et l’optimisation du carrefour supérieur d’accès à la grande corniche à Cap-d’Ail, ainsi que la réalisation de l’opération de la Brasca qui comprend une zone de stationnement et une liaison express vers la principauté ». Le ministre d’État, Pierre Dartout, a indiqué que des études géotechniques « sont en cours afin de confirmer la possibilité de créer un parking au niveau de l’échangeur Saint-Roman. Un autre site, à l’emplacement du parking sous les tennis, est en outre envisagé. Côté Ouest, le projet de parking-relais à la Brasca, associé à une liaison express vers l’îlot Charles III, a été inscrit dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la métropole Nice Côte-d’Azur approuvé le 25 octobre 2019, suite aux échanges entre le gouvernement et cette métropole ». Quant aux projets d’aménagements des carrefours de la moyenne corniche, ils « restent subordonnés aux autorisations administratives françaises. Le gouvernement et les collectivités concernées étudient le moyen de raccourcir les procédures, afin de réaliser les travaux au plus vite. Je suis intervenu à ce sujet auprès du ministre français des transports », a assuré Pierre Dartout.