vendredi 26 avril 2024
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Port du masque à l’école : le gouvernement joue la prudence

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Les élus du Conseil national ont demandé, mardi 12 octobre 2021, la suspension du port du masque obligatoire en classe. Loin de se montrer totalement opposé à cette idée, le gouvernement a promis d’étudier cet allégement tout en appelant à la plus grande prudence face à une situation sanitaire qui demeure fragile.

L’obligation du port du masque continue de faire débat en principauté. Au lendemain du communiqué gouvernemental annonçant la levée partielle de cette mesure en extérieur et lors de la pratique sportive à l’école [à ce sujet, lire notre article Port du masque à l’extérieur : le dispositif allégé, publié dans Monaco Hebdo n°1213], les élus du Conseil national ont demandé à l’exécutif d’étudier la suspension du port du masque obligatoire en classe lors de la deuxième séance publique dédiée au budget rectificatif, mardi 12 octobre.

Une entrave à l’apprentissage de la lecture

« Nous sommes très satisfaits de l’allègement concernant le sport scolaire. Mais il reste maintenant la question du port du masque assis au pupitre », a rappelé l’élu Priorité Monaco (Primo !), Marc Mourou, avant de citer l’exemple de la France qui a, depuis le 7 octobre 2021, rendu le port du masque facultatif dans les écoles des départements, où le taux d’incidence est inférieur à 50 pour 100 000 habitants. « La situation sanitaire semble s’améliorer en principauté. Il faut bien sûr rester très prudent mais l’adaptation doit permettre, pour le bien-être de nos élèves, de pouvoir étudier dans les meilleures conditions possibles », a estimé le président de la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports du Conseil national, soutenu quelques instants plus tard par sa collègue Michèle Dittlot. Cette ancienne professeure a dénoncé une entrave à l’apprentissage à un moment pourtant charnière dans la scolarité des élèves : « Avec la légitimité que me confèrent mes 30 ans d’enseignement, je voudrais évoquer la difficulté que rencontrent les professeurs des écoles dans l’apprentissage de la lecture à des enfants de 6 ans, bâillonnés par un masque qui les empêche d’émettre des sons audibles, de placer correctement leurs lèvres pour énoncer convenablement les syllabes composant les mots. Les échanges sont faussés, ce qui rend cet apprentissage de la lecture plus difficile qu’il ne l’est déjà ».

Situation sanitaire fragile

Loin de vouloir remettre en cause les arguments exposés par ses collègues de la majorité, Christophe Robino a pour sa part invité l’assemblée à « être sage » et à « ne pas céder à des demandes trop particulières » estimant que « si on veut sortir de la crise, il ne faut pas aller trop vite et bien peser chaque décision que nous prenons ». Une vision partagée par le gouvernement qui, par la voix de son conseiller-ministre aux affaires sociales et à la santé Didier Gamerdinger, a mis en avant une situation sanitaire toujours fragile malgré des indicateurs en nette amélioration depuis plusieurs semaines. « Le taux d’incidence s’est amélioré incontestablement [À l’heure où Monaco Hebdo bouclait ce numéro mardi 19 octobre, il était à 59,97 — NDLR]. Mais nous devons demeurer mobilisés parce qu’il est plus élevé qu’au début de l’été. Il faut donc rester attentif car le virus continue de circuler à bas bruit ». Même constat chez le ministre d’État, Pierre Dartout, pour qui la situation dans le département des Alpes-Maritimes doit aussi inciter à la prudence : « Vu la porosité de la frontière et vu qu’une part importante des élèves à Monaco vient des communes extérieures, nous devons non seulement regarder notre taux (d’incidence) mais aussi celui du département voisin. Et à l’heure actuelle, le taux d’incidence est aux alentours de 75 dans les Alpes-Maritimes. C’est une donnée à prendre en compte car ce département ne fait pas partie des 80 départements concernés par l’allégement des contraintes à l’école primaire ».

« Flexibilité »

Malgré ces mises en garde, l’exécutif ne s’est pas montré totalement opposé à un allègement si la situation sanitaire continuait de s’améliorer à Monaco. En attendant, le dispositif actuel reste en vigueur et les élèves vont donc devoir encore porter le masque quelque temps. « Il faut que l’on soit attentif à ce que la rupture du masque n’entraîne pas de fermeture de classes en cas d’apparition d’un cas. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle », a d’ores et déjà prévenu le conseiller-ministre à l’intérieur, Patrice Cellario. Et de poursuivre : « Il faut trouver un équilibre entre la gêne que constitue le port du masque, ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons décidé de cette mesure, et le risque de rupture de l’enseignement par nécessité d’isoler les enfants. Nous suivons l’affaire et bien évidemment, en fonction de l’évolution de la situation, le gouvernement sera amené à se prononcer sur des aménagements en la matière ». Si Marc Mourou a pris acte des paroles du conseiller, le président de la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports a cependant appelé ce dernier à faire preuve de plus d’adaptation, notamment envers les plus jeunes : « Je pense que toute la population résidente et salariée comprendra, si jamais malheureusement la situation s’aggrave, qu’on redemande à ce moment-là de remettre les masques, par précaution et par prévention. Donc, adaptation et un peu de flexibilité. Commencer par les plus jeunes me semble peut-être être la bonne méthode ».

Pour lire la suite de notre dossier sur le vote du budget rectificatif 2021, cliquez ici.