mardi 23 avril 2024
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Bernard Laporte : « Monaco donne une autre consonance au rugby »

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Comment est vue la montée en puissance du rugby monégasque du côté français ? Le président de la fédération française de rugby, Bernard Laporte, a répondu aux questions de Monaco Hebdo. Interview.

Quels sont les atouts de la France pour se qualifier lors de ce tournoi de rugby à VII qualificatif pour les Jeux olympiques (JO) de Tokyo, qui se déroule donc à Monaco les 19 et 20 juin 2021 ?

Dans ce tournoi, il y a trois ou quatre équipes phares : la France, l’Irlande, les Samoa et les Tonga. Ce qui ne signifie pas que les autres équipes ne sont pas performantes, mais elles le sont peut-être un peu moins. De son côté, l’équipe de France a de l’expérience. En effet, les joueurs ont une certaine expérience de ce sport, et surtout de ces compétitions-là. Donc l’équipe de France peut vraiment rivaliser avec les autres équipes de ce tournoi.

En cas de qualification, que peut viser la France lors des JO de Tokyo ?

Cette équipe de France est capable de tout. Elle l’a montré la saison dernière. Enfin, il y a plus d’un an, car cela fait un an qu’elle ne joue pas… En tout cas, lors du dernier tournoi, l’équipe de France a montré qu’elle était capable de rivaliser, puisqu’elle a atteint deux fois la finale de la compétition. Donc, en cas de qualification pour les JO de Tokyo, l’objectif sera d’aller le plus loin possible. Bien sûr, dire que l’on veut être champion olympique serait prétentieux. Mais l’objectif des joueurs, ce sera d’aller le plus loin possible, et, pourquoi pas, de créer la surprise.

Dans le tournoi féminin, les Françaises et les Russes sont-elles les grandes favorites pour la qualification ?

Dans le tournoi féminin, deux équipes se qualifieront pour les JO de Tokyo. Du coup, ça semble plus facile pour l’équipe de France. À Tokyo, elles peuvent faire quelque chose de bien, car il y a beaucoup de talent dans cette équipe. Il y a une réelle dynamique. C’est une bonne chose pour la fédération française de rugby (FFR).

« Le jour où Monaco se sera donné les moyens de monter en Top 14, ils auront trouvé un stade. Ils peuvent, par exemple, aller jouer ailleurs. À mon avis, ça ne posera pas de problème »

Les JO de Tokyo doivent-ils se tenir, alors que le nombre de cas de Covid-19 a remonté au Japon, et que, sur place, seulement 3 % de la population nationale était complètement vaccinée début juin 2021 ?

À un certain moment, il faut penser aux athlètes. Il faut penser à ces sportifs qui s’entraînent durement, à ceux dont ce sera les derniers JO… Donc, je suis favorable à ce que ces JO de Tokyo aient bien lieu. On verra bien après.

Des discussions sont en cours entre la Fédération Française de Rugby et le Monaco Rugby Sevens dans le cadre de la création d’une académie de rugby à VII : où en est ce projet ?

Ce projet d’académie de rugby à VII avance beaucoup, avec le président du Monaco Rugby Sevens, Emmanuel Falco. Monaco accomplit un travail considérable. Et puis, au-delà de la personnalité d’Emmanuel Falco que j’apprécie, l’encadrement du Monaco Rugby Sevens est compétent. Ils ont des moyens, ils veulent vraiment faire un super truc. Pour nous, c’est vraiment une opportunité.

« À cause de la pandémie de Covid-19, la FFR a essuyé des conséquences financières, puisque nous avons perdu 30 millions d’euros. Ces pertes sont notamment dues aux matches joués à huis clos pendant toute la tournée d’automne et pendant tout le Tournoi des 6 Nations »

Cette académie de rugby à VII pourrait voir le jour quand ?

Je ne sais pas quand exactement. Mais c’est en discussion. À la FFR, c’est la direction technique nationale (DTN) qui gère ce dossier et qui discute avec Monaco. Mais je suis ravi, parce qu’il y a beaucoup de compétences en principauté. Et surtout, il y a une réelle volonté d’aboutir. Donc pour nous, c’est enthousiasmant.

Que pensez-vous de l’aventure du club monégasque de rugby à VII, le Monaco Rugby Sevens, dans le championnat professionnel de rugby à VII, le In Extenso Rugby Sevens, composé des 14 équipes du Top 14, des Barbarians, et donc, du club de la principauté ?

C’est génial. Je trouve sympa qu’il y ait une équipe de Monaco dans ce qui est le premier championnat professionnel de rugby à VII, le In Extenso Rugby Sevens. Emmanuel Falco fait un excellent travail. Et puis, Monaco donne une autre consonance au rugby et à cette compétition. Donc, voir la principauté aligner une équipe dans ce championnat de rugby à VII, c’est une très bonne chose.

Pourtant, quand on parle de Monaco et de sport, on pense surtout au football ou au basket, mais pas forcément au rugby ?

Exactement. C’est pour ça que nous, à la FFR, nous sommes ravis de ce projet monégasque de rugby à VII.

« Si l’avenir de Monaco c’est d’avoir une équipe en Top 14, c’est tout ce que je leur souhaite. Après, c’est une histoire de volonté, c’est une histoire d’hommes, et c’est une histoire de moyens. Il faut donc que quelqu’un mette des moyens, car monter à chaque fois de division coûte cher. » Bernard Laporte. Président de la FFR.

En rugby à XV, l’ASM Rugby évolue en Fédérale 3 : voir jouer Monaco en Top 14 est-il possible, alors que se pose notamment le problème de l’absence de stade homologué pour jouer à ce niveau ?

La Fédérale 3, c’est loin du Top 14. Et pour s’engager à ce niveau, il faut avoir un stade homologué. Mais le jour où Monaco en sera là, le jour où Monaco se sera donné les moyens de monter en Top 14, ils auront trouvé un stade. Ils peuvent, par exemple, aller jouer ailleurs. À mon avis, ça ne posera pas de problème. Mais en partant d’aussi bas, c’est difficile de monter jusqu’en Top 14. Mais un jour, pourquoi pas ? Je ne le verrai peut-être pas moi. Mais si l’avenir de Monaco c’est d’avoir une équipe en Top 14, c’est tout ce que je leur souhaite. Après, c’est une histoire de volonté, c’est une histoire d’hommes, et c’est une histoire de moyens. Il faut donc que quelqu’un mette des moyens, car monter à chaque fois de division coûte cher.

Pour la Coupe du monde de rugby à XV, en 2023, des matches auront lieu à Nice : quel rôle pourrait jouer Monaco ?

Je ne sais pas ce que l’entraîneur du XV de France, Fabien Galthié, envisage de faire pour cette Coupe du monde 2023. Mais l’équipe de France s’est déjà préparée à Monaco pour la Coupe du monde 2019. Donc je pense qu’il se pourrait qu’il demande à avoir une plage de préparation à Monaco. En tout cas, je sais que Fabien Galthié était ravi de la façon dont ça s’était passé en 2019.

Qu’est-ce qui a séduit Fabien Galthié et le staff de l’équipe de France de rugby à Monaco ?

Fabien Galthié a apprécié les installations, mais aussi la proximité. Car les joueurs résidaient à proximité du stade Louis II.

Monaco pourrait-elle être la « base arrière » de certaines équipes dans le cadre de cette Coupe du monde 2023 ?

Pour le moment, aucun dossier de « camp de base » n’a été déposé. Mais il n’y a que les Français qui peuvent déposer un dossier de « camp de base ».

Pour la Coupe du monde en 2023, la France doit absolument s’imposer, car c’est « sa » Coupe du monde : mais il y aura beaucoup de pression et des adversaires redoutables, comme l’Afrique du Sud qui est championne du monde, et bien sûr, la Nouvelle-Zélande ?

Pour moi, ce n’est pas de la pression. La pression est ailleurs, elle n’est pas dans le sport. Au rugby, la pression est fabuleuse. Elle n’est que positive. Tout le monde veut gagner. Pendant cette Coupe du monde 2023, il y aura de l’excitation et de la pression sportive. Mais c’est de la bonne pression. Ce n’est que du positif.

Comment la FFR sort de cette période de Covid-19 ?

À cause de la pandémie de Covid-19, la FFR a essuyé des conséquences financières, puisque nous avons perdu 30 millions d’euros. Ces pertes sont notamment dues aux matches joués à huis clos pendant toute la tournée d’automne et pendant tout le Tournoi des 6 Nations. C’est comme ça. Heureusement, nous avons une fédération qui est solide. Mais c’est vrai que nous avons enregistré de grosses pertes. Cela dit, tout le monde a été impacté.

La crise a aussi eu un impact sur le nombre de pratiquants ?

Nous avons eu la chance d’avoir une direction technique nationale (DTN) hyper performante, qui a réussi à établir des plans d’entraînements, en fonction des contraintes sanitaires. Nos équipes de jeunes ont continué à travailler, ce qui est une bonne chose. Nous avons aussi bénéficié du fait que d’autres sports, notamment les sports de salle, n’ont pas pu s’entraîner. Du coup, certains jeunes sont venus au rugby. Sur la saison, on va perdre 4 % de licenciés, ce qui est rien.

Le 17 mai 2021, lors de la journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, la FFR a annoncé que les transgenres pourront intégrer les équipes de rugby et participer à toutes les compétitions officielles à compter de la saison prochaine : qu’est-ce qui a conduit la FFR à prendre cette décision ?

Je ne suis pas médecin. Mais quand la commission médicale nous a clairement expliqué qu’il n’y avait pas de déséquilibre physique, car c’était ce point qui pouvait inquiéter, et que l’on pouvait donc autoriser les transgenres à jouer, j’ai dit : « Pourquoi on ne le ferait pas ? ». Pourquoi interdire à ces personnes de pratiquer le rugby ?

Cela pourrait permettre à combien de transgenres de pouvoir jouer ?

Je ne connais pas le nombre exact de personnes transgenres concernées. Mais je ne pense pas qu’il y ait plus de cinq cas. J’en connais une qui était venue me voir en septembre 2020, pendant ma campagne pour l’élection à la présidence de la FFR, à l’occasion d’un meeting. On avait pu discuter.

Les mentalités évoluent vraiment à ce sujet dans le monde du rugby ?

Oui. Les mentalités évoluent à propos des transgenres dans le rugby. Et puis, c’est surtout à nous de montrer que l’on doit évoluer. C’est à nous de donner le tempo. Sur ce sujet, World Rugby, l’organisme international qui gère le rugby mondial à XV et à VII, a laissé le libre choix à toutes les fédérations. Ils n’ont pas voulu imposer quoi que ce soit. Nous avons donc analysé les choses, et nous avons vu que c’était quelque chose de faisable. Donc on l’a fait. C’est aussi simple que ça. Car une fédération est là pour montrer ‘exemple, et pour donner le tempo.

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