mercredi 24 avril 2024
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L’ASM de retour en Europe !

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Il aura fallu attendre 10 ans pour voir l’ASM revenir sur la scène européenne. Après deux années passées au purgatoire, le retour en L1 s’est soldé par une place de dauphin et 80 points au compteur. Un record pour un promu, mais aussi pour un deuxième en L1. Grâce à ses stars, mais aussi à la révélation Layvin Kurzawa, le club de la principauté pourra en découdre avec les grandes écuries européennes la saison prochaine. Pas de quoi permettre à Claudio Ranieri de continuer l’aventure, puisqu’il a été remercié par sa direction. C’est Leonardo Jardim qui devrait lui succéder, même si l’officialisation n’a pas encore eu lieu.

Ciao Mister !

La rumeur courait déjà depuis quelques semaines. Claudio Ranieri n’est plus l’entraîneur de l’ASM, malgré un bilan honorable à la tête du club rouge et blanc.

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© Photo Stéphane Senaux ASM-FC.

« Je ne suis probablement jamais arrivé au bon endroit au bon moment. » C’est ce qu’avait déclaré Claudio Ranieri dans un entretien accordé à France Football paru le 29 avril. Force est de constater que celui que l’on surnomme “le Mister” avait raison. Lors d’une conférence de presse de bilan de fin de saison, Vadim Vasilyev, le vice-président de l’AS Monaco, a confirmé que le coach italien ne continuerait pas l’aventure asémiste. « Nous pensons qu’à ce stade du projet, il faut apporter une nouvelle dynamique. C’est pour cette nouvelle dynamique que l’on se sépare de Claudio Ranieri. »

Feuille de route
Si la décision n’a pas surpris grand monde tant le bruit courait déjà depuis de longues semaines, elle semble assez injuste. En effet, le coach italien, comme il l’avait dit lui-même en conférence de presse, avait « fait confiance à (son) président ». « Maintenant, c’est à lui d’avoir confiance », avait-il ajouté. Car quand Ranieri est arrivé sur le Rocher, l’ASM sortait d’une saison galère en Ligue 2. Vasilyev l’a d’ailleurs souligné : « Nous avons pris la décision de nous séparer de Claudio Ranieri, mais j’aimerais lui rendre hommage. Il a fait du très bon travail. Il a repris le club en Ligue 2, et l’a ramené en Ligue des Champions ». Bien entendu, l’Italien a bénéficié de moyens plus que conséquents pour renforcer son équipe à chaque mercato. Mais avoir les meilleurs musiciens ne donne pas forcément le meilleur orchestre. C’est pareil en football. On a beau avoir les meilleurs joueurs à disposition, si l’on n’arrive pas à les faire jouer ensemble, les résultats ne seront pas au rendez-vous.

Résultats
Les résultats de Ranieri parlent pour lui. En deux ans, celui qui est passé par Chelsea, Naples, Valence ou la Roma repart du Rocher avec un bilan plus que positif. Il a tout d’abord fait remonter l’ASM, champion de L2. « Quand Monaco était descendu par le passé, le club remontait mais en terminant 2ème ou 3ème. Ce titre était une première pour l’ASM », précise Eric Huet, journaliste sportif à Canal+ et fervent supporter de l’ASM. Et pour la saison écoulée, sans l’ogre parisien, Monaco aurait terminé champion de France. Ce nouveau record (80 points, soit un meilleur total pour l’ASM et pour un dauphin de L1) permet donc à l’AS Monaco de renouer avec la Ligue des Champions. L’un des objectifs fixés par le board monégasque. En 88 matchs dirigés, il en a remporté 52, perdu 12 et fait 24 nuls. Seule ombre au tableau : les coupes nationales.

Echec
Les coupes ont toujours été un objectif pour le club monégasque. Dès l’an dernier en L2, l’encadrement y voyait un moyen pour retrouver les joutes européennes avant même un retour en L1. Mais “le Mister” n’avait déjà pas réussi à emmener le club au bout. Cette saison, la coupe de France semblait plus qu’abordable après l’élimination du PSG. Mais les futurs vainqueurs guingampais en ont décidé autrement. Ce qui a terni le bilan général de Ranieri. « Les résultats sportifs sont très bons, sauf peut-être pour la coupe de France. Nous sommes vraiment déçus pour cette défaite en demi-finale », juge Vasilyev, qui a décidé de se séparer de l’artisan du retour de l’ASM au premier plan.

Jardim, le remplaçant idoine ?

Annoncé par l’ensemble de la presse comme successeur* de Claudio Ranieri sur le banc de l’ASM, le lusitanien Leonardo Jardim n’est pas connu du grand public. Retour sur sa carrière.

Au départ, cela devait être Zinédine Zidane. Puis les rumeurs ont annoncé Jorge Jesus, l’entraîneur du Benfica Lisbonne. Finalement, ce devrait bel et bien être un portugais qui se posera sur le banc monégasque la saison prochaine. Mais pas le plus connu d’entre eux. Lors de la conférence de presse donnée par Vadim Vasilyev, vice-président de l’AS Monaco, pour évoquer le bilan de la saison écoulée, le profil du futur entraîneur a été évoqué. « On cherche un entraîneur moderne, qui peut apporter de nouvelles méthodes, une nouvelle méthodologie d’entraînement, qui a une vision du jeu offensif, qui peut donner un beau spectacle à nos supporters. C’était important pour moi, pour nous, d’avoir une identité plutôt méditerranéenne. »

Jeune
Leonardo Jardim semble bien correspondre à l’ensemble des critères évoqués par Vasilyev. Âgé de 39 ans, le technicien portugais a commencé à coacher à 27 ans. En douze ans de carrière, il n’a cependant passé que 4 saisons (2 complètes seulement) dans l’élite, dont 3 au Portugal. Toutefois, les succès ont bien souvent été au rendez-vous. Il mène tout d’abord le club de Beira-Mar (2009/11) en première division, empochant le titre de champion de D2 portugaise sur sa route. Mais l’aventure s’arrête au cours de la saison suivante. Avec le Sporting Braga (2011/12), il accroche le podium. Un désaccord avec son président le poussera alors à démissionner. De là, il s’envole pour la Grèce et l’Olympiakos Le Pirée (2012/13). Il développe un jeu attrayant et mène le championnat de main de maître, allant jusqu’à compter 10 points d’avance sur son premier poursuivant. Mais son parcours s’arrête en janvier 2013, six mois après son arrivée. Les médias parlent alors d’une relation entre la femme de son président et lui… Retour à la maison.

Lisbonne, la consécration
Le natif de Barcelona (Venezuela) revient donc sur ses terres dans son club de cœur. Il prend la direction du Sporting Club de Portugal (2013/14). Après avoir été en tête une partie de la saison, il termine finalement à la deuxième place, 7 points derrière Benfica. Le tout sans avoir les moyens de ses principaux rivaux. Il a d’ailleurs réussi son championnat en s’appuyant sur un groupe dont les cadres sont issus du centre de formation. De quoi donner quelques idées aux jeunes monégasques s’il venait effectivement à s’engager à l’ASM.

Départ
Car le départ de Jardim a été officialisé par sa direction. Quelques heures après l’annonce du licenciement de Claudio Ranieri par Vadim Vasilyev, c’est Bruno de Carvalho, président du SCP, qui l’a déclaré à la presse. Précisant d’ailleurs que son désormais ex-entraîneur partait à l’étranger. De quoi renforcer un peu plus la thèse de son arrivée sur le Rocher. Si l’on ajoute à cela les qualités qui lui sont données (jeu porté vers l’avant, jeune, méditerranéen), son profil colle à celui dressé par Vasilyev. D’autant que le vice-président de l’ASM a clairement dit que la notoriété du futur entraîneur n’est « pas importante » voire « secondaire. » « Quelques détails » restaient à régler la semaine dernière pour annoncer le nom du nouveau technicien, mais l’officialisation de la part du club n’a pas encore eu lieu. Pour autant, à moins que le secret soit si bien gardé qu’il n’ait filtré, Jardim pourrait bien être le prochain entraîneur de l’ASM.

*Au moment où nous bouclions, son arrivée n’était pas officialisée.

Retour réussi

L’ASM a terminé en deuxième position pour son retour dans l’élite. La qualification pour la Ligue des Champions offre de nouvelles perspectives, en accord avec les ambitions de la direction.

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© Photo Stéphane Senaux ASM-FC.

Les promus sont souvent promis à une lutte féroce pour leur maintien parmi l’élite à leur retour en L1. Mais pour l’ASM, la donne était différente. Grâce à son richissime propriétaire, Dmitry Rybolovlev, le club de la Principauté avait clairement affiché ses ambitions. Une qualification pour la prochaine Ligue des Champions, et une performance dans l’une des deux coupes nationales. Et le bilan affiché par Claudio Ranieri est très correct, comme le confirme Eric Huet, journaliste sportif pour Canal+. « Le bilan est remarquable et la saison quasi-parfaite. Monaco finit 2ème avec un total de points historique pour un vice-champion de France. Cette saison est quasi-parfaite dans la mesure où il y a eu le couac en demi-finale de coupe de France. C’est la petite tache de cette saison. »

Jeu
Au-delà des 80 points glanés sur la saison, Monaco a montré de belles choses cette année. Et pas seulement grâce aux stars arrivées l’été dernier. En début de saison, le jeu proposé était limpide, et l’ASM a su séduire les observateurs, qui avaient pu se montrer sceptiques avant le début du championnat. « Le jeu proposé par Ranieri, qui est un entraîneur italien, était très séduisant, alors qu’on s’attendait peut-être plus à un jeu fermé, typique des coachs transalpins », précise Eric Huet. Comme notamment lors de la deuxième période au stade Vélodrome, où l’ASM s’est imposée 2 buts à 1. « Cette victoire marque la prise de pouvoir sur la L1 », rappelle Huet. Car il ne faut pas oublier que l’ASM a fait la course en tête le temps de quelques journées cette saison (entre le 4ème et la 9ème place). L’ASM a d’ailleurs répondu présent face aux cadors de la L1. Deux victoires face à l’OM et Lyon, deux nuls (1-1) face au PSG. Le bilan est plus mitigé face à Lille (une défaite et un nul) et Saint-Etienne (une victoire, une défaite).

Blessure
Mais en championnat, les faux pas ne furent pas nombreux. « La défaite contre Valenciennes (la seule à domicile de la saison, N.D.L.R.) est un vrai point noir, d’autant que Martial se blesse alors qu’il était en pleine bourre et que Falcao manque un penalty. J’ai eu peur que ça casse leur élan. Ce qui ne fut pas le cas », note Huet, selon qui « la défaite à Saint-Etienne a montré que Monaco ne pouvait pas rivaliser avec Paris (qui a alors commencé à distancer l’ASM, N.D.L.R.) » Puis vient bien évidemment la défaite en coupe de France. C’est d’ailleurs dans cette coupe de France que l’ASM a perdu sa recrue vedette, Radamel Falcao. On craignait le pire pour l’équipe asémiste, mais son absence ne s’est pas fait sentir tant que ça sur les prés. Cela notamment grâce à l’arrivée de Dimitar Berbatov (6 buts en 12 matchs de L1), au retour sur les terrains de Valère Germain (5 buts), l’efficacité de Layvin Kurzawa (5 buts cette saison, dont 4 entre janvier et février) ou à la vista de James Rodriguez (5 passes et 6 buts sur la phase retour). Cependant, le jeu proposé en deuxième partie de saison a été bien moins séduisant.

Groupe
Car Claudio Ranieri n’a pas hésité à utiliser une grande partie de son groupe (27 joueurs). En début de saison, Ferreira-Carrasco et Ocampos dynamitaient les défenses par leur vitesse sur les ailes. Leur baisse de régime et le repositionnement de James dans l’axe ont poussé Ranieri à se passer d’eux, pour un milieu en losange. Plus compact, plus solide, mais moins beau à voir évoluer. D’autant que certains joueurs n’ont pas eu le rendement escompté. On pense notamment ici à Joao Moutinho, trop souvent en-deçà de ce qu’il montrait à Porto ou de qu’il réalise avec la sélection. A contrario, des joueurs qu’on n’attendait pas ont su tirer leur épingle du jeu. « Emmanuel Rivière est l’une des bonnes surprises cette année. Il était arrivé blessé en janvier 2013, mais j’avais un bon pressentiment sur lui. Mais de là à avoir ce début de saison, avec 6 buts en 7 matchs. Et son association avec Falcao a bien marché au départ », note Eric Huet. Autre bonne surprise, Danijel Subasic. Tous les observateurs se demandaient quel était réellement son niveau. Force est de constater que le portier croate a réussi sa saison. Mounir Obbadi a su saisir sa chance avec 31 matchs au compteur dont 28 comme titulaire.

Europe
Cependant, tout ce petit monde ne suffira sans doute pas pour briller en Ligue des Champions. Claudio Ranieri, du temps où il était encore l’entraîneur de l’ASM, avait annoncé qu’il faudrait « 4 ou 5 renforts » pour la coupe d’Europe. C’est sans doute ce sur quoi les recruteurs travaillent actuellement. Mais avant de recruter, il faudra dégraisser un effectif plus que bien garni. Malheureusement pour lui, Claudio Ranieri verra ça de sa télé (voir page 22), puisque sa direction a décidé de se séparer de lui. Dommage. L’entraîneur était apprécié, notamment par les supporters et journalistes. Mais depuis sa haie d’honneur reçue à l’issue du dernier match, l’épilogue de son histoire avec l’ASM ne faisait plus de doutes. « Il méritait une autre sortie. C’est dur de se séparer d’un entraîneur qui a rempli sa tâche », regrette Huet. Mais à l’image de Ranieri qui a été débarqué du navire, plusieurs joueurs vont devoir se trouver un autre port d’attache. D’autant que le fair-play financier va concerner l’ASM.

Recettes
Même si le club a jusqu’à l’automne 2015 pour son passage devant l’UEFA, il va falloir s’atteler dès aujourd’hui à trouver un moyen de faire rentrer de l’argent, comme l’a expliqué Vasilyev en conférence de presse. « Avec l’annonce des sanctions (pour le PSG, N.D.L.R.), cela souligne qu’il va falloir travailler encore plus dur pour avoir plus de recettes, développer le club, avoir de nouveaux sponsors. Il faut aussi faire venir plus de monde au stade. » D’autant que, comme il l’a rappelé, l’ASM ne devrait pas investir autant que l’été dernier sur le marché des transferts. Certains postes, notamment derrière et au milieu, semblent tout de même voués à être approvisionnés cet été.

Stabilisation
En justifiant la séparation entre le club et Claudio Ranieri, Vasilyev évoquait une différence de point de vue sur le « développement du club ». Et c’est d’ailleurs cela qui sera mis au centre des préoccupations dès la saison prochaine. « Tout est allé très vite, mais aujourd’hui nous rentrons dans une phase de stabilisation. Nous allons beaucoup plus travailler sur le développement du club, et le nouvel entraîneur devra apporter du beau jeu et du plaisir à nos supporters. » Côté objectifs, le bras droit de Dmitry Rybolovlev ne s’est pas étendu sur la question, même s’il a précisé que « le PSG reste le grand favori. Mais nous jouons chaque match pour le gagner, et si nous avons de la chance, alors nous serons champions. » Pour la Ligue des Champions, il préfère cependant attendre le tirage au sort avant de s’exprimer, avançant tout de même qu’il faudra « donner une belle image de l’ASM et donner du plaisir à nos spectateurs. »

Les tops et flops d’Eric Huet

Tops

Jérémy Toulalan
« Le meilleur joueur de la saison. C’est un joueur indispensable, et il est remarquable. Dans les moments importants il a été là, il vient gratter les ballons au milieu, relance proprement. C’est la « Toul’ de contrôle »».
Ricardo Carvalho
« On s’est beaucoup moqué de la défense centrale de Monaco, mais au final, Ricardo Carvalho joue 40 matchs cette saison et m’a agréablement surpris. Carvalho derrière, c’est un patron. Il rassure sa défense, et pour un gardien, avoir un garçon comme ça devant lui, avec Toulalan en plus, ça rassure et ça vous rend meilleur ».
Dimitar Berbatov
« Pour commenter les matchs anglais, j’avais vu Berbatov plusieurs fois cette saison, et j’avais peur de voir le joueur de Fulham, qui traîne son spleen sur le terrain. A Monaco, il nous a régalés par sa qualité technique. Et qui aurait pensé qu’il finirait à 6 buts en 12 matchs de L1 et 3 buts en 3 matchs de coupe ? »

Flops

Joao Moutinho
« Ce n’est pas du tout le Moutinho de Porto ou de la sélection portugaise. Je pense qu’il a été surpris par le niveau de la L1, un peu comme Raï dans les années 90 avec Paris, qui avait mis un an à s’acclimater avant d’exploser. Ça devrait aller l’année prochaine. »
YFC
« Yannick Ferreira-Carrasco a été victime du changement tactique opéré par Ranieri alors qu’il avait brillé en début de saison. Mais on attendait davantage de celui qui a explosé en L2 l’an dernier. Cette saison, YFC n’a pas fait les efforts suffisants pour se montrer régulier. Et son refus de prolonger son contrat n’a pas arrangé sa situation. »
Abidal
« C’est dur pour Abidal. Il fait un bon début de championnat, ce qui a pu faire taire les critiques. Malheureusement, il n’a pas été assez résistant, il a peut-être payé ses sélections. Il s’est éteint petit à petit. S’il avait
pu souffler davantage, il aurait pu montrer un meilleur visage, parce que ça reste quand même Eric Abidal… C’est un peu une icône. »

Kurzawa, la révélation

Auteur d’une grande saison sur son côté gauche, Layvin Kurzawa est la révélation de l’ASM. Issu du centre de formation, le Fréjusien confirme les qualités qu’il avait laissé entrevoir par le passé. Portrait.

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© Photo Stéphane Senaux ASM-FC.

Il fait partie de l’équipe type de la saison 2013/14. Il a été nominé aux trophées UNFP dans la catégorie meilleur espoir. Il a également profité de cette saison pour intégrer l’équipe de France espoirs. Auteur de 5 buts et 3 passes décisives, Layvin Kurzawa vient d’accomplir sa première vraie grosse saison. « C’est l’arrière-gauche des temps modernes. Il est capable de faire des aller-retours sans se fatiguer. Il garde sa lucidité en fin de match, arrive à faire de super centres ou venir se positionner et mettre un coup de tête au bon endroit, comme contre Reims (Kurzawa marque de la tête à la 95ème minute et donne la victoire à l’ASM, N.D.L.R.) », analyse Eric Huet, journaliste sportif pour Canal+. Aligné à 28 reprises en championnat, il n’a cependant pas eu l’occasion de disputer la saison dans son intégralité. La faute à quelques blessures musculaires. Un problème récurrent dans la jeune carrière de Kurzawa.

Fragile
Depuis ses débuts, le joueur est fragile. « On a souvent dit qu’il était en porcelaine par le passé », note Eric Huet. Une fragilité qui remonte à son arrivée au centre de pré-formation d’Aix-en-Provence, alors qu’il n’a que 13 ans. « J’ai passé deux ans là-bas, mais avec beaucoup de blessures dues à ma croissance. J’ai énormément grandi, ce qui m’a causé beaucoup de blessures. J’ai donc peu joué. Surtout la deuxième année, où mes copains s’entraînaient alors que moi j’étais en soins ». A 15 ans, il fait son entrée à l’académie monégasque, mais ce n’est pas pour autant que les pépins physiques s’arrêtent. « Les deux premières années, j’ai encore eu quelques problèmes de croissance, donc souvent blessé. Ça n’a pas été facile », se rappelle le joueur.

Repositionnement
En dehors du fait que ces problèmes de croissance ont freiné sa progression, ils ont également amené le jeune homme vers le poste qu’il occupe aujourd’hui. Ses pépins lui ont fait perdre en vitesse et technique, ce qui l’a amené à reculer sur le terrain. Car s’il a été élu meilleur latéral gauche du championnat de France, et s’il incarne l’avenir de l’équipe de France à ce poste, c’est en tant qu’attaquant qu’il a débuté. De ses 4 ans (âge auquel il prend sa première licence au Stade Raphaelois), jusqu’à son arrivée à Aix-en-Provence, il joue avant-centre.
Son jeu et sa ressemblance physique (petit il avait souvent la boule à zéro) lui valent d’être surnommé Ronaldo. Mais après son intégration au centre de pré-formation d’Aix, il recule d’un cran. Un poste qui ne lui plaît pas vraiment. Ce n’est qu’une fois à l’ASM qu’il va se stabiliser comme arrière gauche.

Gambardella
A 18 ans, il fait ses débuts avec les professionnels, lancé dans le grand bain par Guy Lacombe. « Après deux années difficiles à cause des blessures, j’ai commencé à faire ma place au sein de la génération 92. J’ai intégré le groupe pro en 2010, et j’ai joué mon premier match pro le 22 septembre 2010. C’était en coupe de la ligue contre Lens (victoire 1-0 de l’ASM, N.D.L.R.). » S’en suivront deux titularisations en championnat, contre Lorient et Brest. Au total, Layvin Kurzawa participe à 6 matchs avec les pros cette saison là. Mais c’est à l’étage inférieur, avec les U19, que le premier titre va arriver. C’est en effet la saison de l’épopée en coupe Gambardella avec les Mendy, Eysseric, Appiah, Makengo, Sourzac et autre Ferreira-Carrasco.

Valeurs
Le jeune homme est d’ailleurs encore aujourd’hui très proche d’une bonne partie de ce groupe. Surtout de deux joueurs qu’il voit encore très régulièrement, et ce en dépit de leur départ chez le voisin niçois. « Avec Papy Mendy, on se connait depuis petit. On jouait l’un contre l’autre (Mendy est originaire de La Seyne, Kurzawa de Fréjus, qui appartiennent au district de Côte d’Azur, N.D.L.R.), et on s’est retrouvé au centre de pré-formation à Aix. On s’est ensuite retrouvé à Monaco, où on était d’abord voisins de chambre, puis en colocation par la suite. On a toujours été assez proches », confie Kurzawa. Le jeune homme est quelqu’un d’attaché aux valeurs. Notamment celle de l’amitié et de la famille. « Ce sont les valeurs les plus importantes, la famille les proches, pour moi ça ne changera pas, ça sera toujours comme ça. » De ce fait, la première chose qu’il fait quand il revient sur ses terres, à Fréjus, c’est d’aller voir ses parents.

Changement
Si la famille est importante pour lui, c’est qu’il lui doit aussi une partie de sa réussite. Et notamment son beau-père. « Il m’a toujours suivi et me suis encore aujourd’hui. Il a été là dans les bons comme dans les mauvais moments », note le jeune homme. Un homme qui fait en sorte que Layvin Kurzawa garde les pieds sur terre. Et cela a payé. Après deux saisons où son temps de jeu a été famélique (4 matchs en 2011/12, 13 en 2012/13) alors que le club était en descendu en Ligue 2, le joueur s’est repris en main. Finis les excès et les bêtises d’adolescent, il faut maintenant se donner les moyens de ses ambitions. Conscient de ses qualités et de ce qu’il est capable d’accomplir, il ne lui manquait qu’à rajouter une certaine dose de professionnalisme dans son quotidien. « Il fallait que tout soit clair dans ma tête. J’ai tout mis en œuvre pour être le meilleur possible. Sur le terrain et en dehors, pour être à 100 % de mes capacités. Et ça a payé. »

EDF
Une réussite. D’autant que le jeune a bien failli quitter l’ASM l’an dernier, avant d’être retenu par le club au dernier moment. Montrant de quoi il était capable match après match, les observateurs n’ont cessé de l’envoyer dans le groupe France pour le mondial. Ou au minimum dans les 30. C’est en tout cas l’avis d’Eric Huet : « S’il ne s’était pas blessé pas en fin de saison, son nom aurait pu apparaître dans les 30. » Souvent contacté par la fédération polonaise (sa mère est d’origine polonaise), Layvin Kurzawa a toujours refusé, avançant que le seul maillot de sélection nationale qu’il voulait porter était celui des bleus. De bon augure pour l’avenir. Car avec le jeune Lucas Digne (PSG), il représente la meilleure option actuelle à ce poste pour l’avenir. Et pour Kurzawa, cet avenir passe par Monaco, d’abord, pour envisager sereinement d’intégrer ce groupe France en vue de l’Euro 2016…