Nili Hadida et Benjamin Cotto, alias Lilly Wood and the Prick, ont distillé leur pop/folk enivrante à l’Espace Léo Ferré le 2 novembre dernier. Portrait.
Il arrive que le hasard fasse bien les choses… L’expression prend tout son sens lorsque l’on connaît l’histoire musicale de Nili Hadida, 24 ans, et Benjamin Cotto, 27 ans, alias Lilly Wood and the Prick. Avant de se rencontrer, et l’un et l’autre, ils l’avouent : « Nous n’en étions nulle part musicalement parlant. » Pas franchement prédestinés à mener une carrière musicale. Encore moins ensemble. Et pour cause. Les deux ont connu des parcours de vie diamétralement opposés. Elle, est Franco-Israélienne, née à Tel-Aviv. Après une enfance à Paris, elle mène son adolescence entre l’Angleterre et la Californie, avant un retour à la capitale. « Je n’étais jamais montée sur scène, à part pour faire du théâtre quand j’étais petite, raconte la chanteuse. Ce n’était pas une vocation. Je ne me suis jamais dit que j’allais chanter, monter un groupe, ou faire un album. J’imaginais encore moins que cela puisse marcher. » Lui, est un parisien pur et dur qui travaillait dans la mode, la vidéo et le documentaire. En bidouillant sa guitare et son piano, il se désespérait de ne pas trouver son alter-ego musical…
Alchimie musicale
Leur rencontre en 2006 dans un bar parisien bouleversera tout. Les deux se croisent grâce à un ami commun… et ne se quitteront plus. Cette rencontre, ils en parlent comme d’une « évidence ». « Une alchimie naturelle qui ne s’explique pas. » Deux jours après, les deux autodidactes se retrouvent pour composer quelques chansons. Aussitôt, le micro branché et la guitare “pluggée”, la voix éraillée et puissante de Nili séduira celui qui deviendra son compagnon de scène — et uniquement de scène. Fin 2008, le duo se fait connaître sur My Space grâce à une reprise de « L.E.S Artistes » de Santigold. Séduit par leur univers musical, le musicien français Pierre Guimard leur ouvre alors les portes de son studio et fonde avec Matthieu Tessier, manager du groupe, le label Choke industry sur lequel sortira le premier EP du duo.
« Je me sens très fragile sur scène »
En 2010, c’est la consécration. Leur premier album Invincible Friend’s, salué par la critique, se classe dans les cinquante meilleures ventes françaises. Le duo est même sacré Révélation du public en 2011 aux 26ème Victoires de la musique. Commencent alors les tournées dans les plus grosses salles françaises. « Encore aujourd’hui, je me sens très fragile sur scène. Comme toutes les filles, je n’aime pas trop qu’on me regarde. Je ne fais pas 1m80, je ne suis pas mannequin, pas exhib’. Etre devant un public exige donc que je fasse un véritable travail sur moi, confie la chanteuse. La scène c’est, certes, beaucoup plus de plaisir qu’une épreuve. Mais il y a des moments où j’ai envie de creuser un trou et de m’enterrer. Même si ce sentiment ne dure en général que quelques secondes. » De nouveau en tournée avec leur nouvel opus, The Fight, sorti en 2012, Benjamin et Nili espèrent bien étendre leur succès au-delà des frontières françaises. « On rentre d’une tournée en Allemagne. On fait aussi une petite tournée en Australie en janvier prochain. On a également joué à Londres il y a un mois. Petit à petit on essaie donc de pousser les murs, expliquent-ils. Tous les groupes ont envie de s’exporter. A l’étranger, on repart à zéro. Personne ne nous connaît. On est comme un petit groupe qui débarque. Pour nous, c’est un challenge. Un peu comme si on partait en croisade. »
