On lit Berlusconi, le corps du chef de Marco Belpoliti, aux éditions Lignes, et l’on pense aussi, bien sûr, à Nicolas Sarkozy, par exemple quand le président français rentre son ventre sur la photo de vacances au Cap Nègre. Chez l’Italien et le Français, même obsession du contrôle de l’image, qui passe par un culte du corps du chef. Mais cette obsession vaut aussi pour les petites pointures. Voyez Claude Bartolone, président du Conseil général de Seine-Saint-Denis. Monsieur Bartolone ne fait pas un pas sans ses conseillers en communication, petits poulets d’élevage de l’entreprise Séguéla, lesquels se précipitent sur lui quand, par mégarde, il s’offre pour une photo devant une fenêtre. Attention à la mauvaise lumière du jour?! Attention au mauvais profil?!
On le sait, Silvio Berlusconi disparaît fréquemment dans une mystérieuse clinique qui lui dégraisse le corps et lui tend un peu plus la peau à chaque fois qu’il s’y rend. On savait moins qu’une de ses collaboratrices les plus précieuses, Miti Simonetto, est chargée exclusivement de visionner des milliers d’images d’archives, et de les éliminer ou de les acheter quand elles ont le malheur de ne pas correspondre à l’image de lui que veut donner son chef. Les autres seront balancées ad libitum dans les journaux et les télévisions de Monsieur Berlusconi. Car ce que dit le corps du chef, sur sa jeunesse supposée et sur son appétit de vie, lui tiennent lieu de programme politique. Préférez la version italienne du livre, Il corpo del capo (éditions Guanda), riche en photos qui vous éclaireront sur la communication corporelle du chef. Et si vous trouvez des photos de Christophe Dechavanne d’il y a quinze ans, faites-nous signe?: Monsieur Dechavanne est lui aussi atteint du syndrome berlusconien.
