«Y a du monde, hein, et du beau monde. Il va falloir que je fasse attention à ce que je dis. Vous êtes tous mes futurs patrons en puissance. Vous serez bien obligés de m’embaucher un jour?: vous savez que moi, je sais remonter une boîte. Quand j’étais ministre des Finances, Alstom ne valait plus rien. Vous avez vu ce que ça vaut aujourd’hui, hein, vous avez vu?? Eh bien, quand je ne serai plus président, vous savez ce que je ferai, vous le savez?? Du fric et encore du fric. » Vous aurez reconnu la belle prose de Nicolas Sarkozy. C’est celle qu’il servirait régulièrement à l’Elysée, après une remise de Légion d’honneur à l’un de ses amis gros entrepreneurs. Le verbatim nous vient de Franz-Olivier Giesbert, via son livre « M. Le Président » (Flammarion). Monsieur Giesbert est un journaliste « connivent », écrit-il, qui assume tout à fait ses dîners avec des politiciens qu’il tutoie. Ça a du bon?: son livre est un voyage dans les émotions de Sarkozy. On y découvre le pauvre Monsieur Guéant, régulièrement agoni de coups de colère par son maître, et qui en ressort tout honteux. Voici une ministre guère mieux lotie?: « Je n’en peux plus de cette connasse de Boutin. Je vais la virer très vite », dit le président au journaliste en espérant que celui-ci rapportera ses propos. Voici Carla suppliant Monsieur Giesbert?: « Je ne suis ni une garce ni une salope. Il faut que vous le sachiez. » Voici encore le journaliste aux prises avec Monsieur Sarkozy, en 2001, qui, sans plaisanter, fait mine d’écraser devant lui une blatte sur la moquette de son bureau?: « Tu vois, mon petit Franz, quand on aura gagné, c’est ce qu’on fera de toi. » Mais le Président réserve son humour à Monsieur Fillon?: « En voilà un qui, quand il entrera dans le néant, se sentira chez lui. » Bref, du grand, du beau, du bon.
