jeudi 18 avril 2024
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Culture Sélection de décembre 2022

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Dans Culture Sélection, Monaco Hebdo sélectionne pour vous le meilleur de la culture du moment. Retrouvez nos coups de cœur Blu-rays, livres, bandes-dessinées, et musique.

Esther 2 : les origines, de William Brent Bell

Estonien. Tout a commencé il y a 13 ans. Un couple perd son enfant et adopte une fillette de 9 an, appelée Esther. Sauf que tout ne tourne pas vraiment très rond chez elle, et les parents vont en faire l’amère expérience. Après ce premier volet sorti en 2009, revoici Esther dans un “prequel” qui débute avec son évasion d’un asile psychiatrique estonien. Elle parvient à se faire accepter par une famille américaine qui vient de perdre sa fille. Cette fois, on suit le déroulement du film du point de vue d’Esther, ce qui donne lieu à quelques situations qui ne laissent pas indifférent. Si on reste étonné de voir confier à nouveau le rôle d’Esther, 13 ans plus tard, à la même actrice, Isabelle Fuhrman, Esther 2 : les origines, atteint tout de même son objectif : incarner un honnête divertissement.
Esther 2 : les origines, de William Brent Bell, avec Isabelle Fuhrman, Julia Stiles, Rossif Sutherland (USA, 2022, 1 h 39), 14,99 euros (DVD), 24,99 euros (Blu-ray, édition collector limitée).

Vesper Chronicles, de Kristina Buozyte et Bruno Samper

Dystopie. Dans un futur plus ou moins proche, l’homme a fini par avoir raison de la nature. Le chaos règne, et si certains ont pu se réfugier dans des citadelles retranchées, d’autres tentent de survivre comme ils le peuvent. Vesper, une jeune fille qui est aussi une talentueuse bio-hackeuse, vit avec son père dans les bois. Son quotidien est bouleversé lorsqu’un vaisseau venu des citadelles s’écrase, avec à son bord une passagère, à travers qui une grande aventure va prendre forme. Après Vanishing Waves (2012), le couple franco-lituanien Bruno Samper et Kristina Buozyte est de retour avec cette œuvre de science-fiction poétique et d’une remarquable beauté formelle. Prenant, le récit est porté par des acteurs convaincants, alors que cette dystopie rappelle l’urgence d’écouter les recommandations du groupe d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
Vesper Chronicles, de Kristina Buozyte et Bruno Samper, avec Raffiella Chapman, Eddie Marsan (BEL/FRA/LIT, 2022, 1 h 54), 16,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray), 29,99 euros (Blu-ray 4K).

Il Buco, de Michelangelo Frammartino

Bifurto. Italie, 1961. Un groupe de jeunes spéléologues piémontais se lance dans l’exploration de la grotte la plus profonde du pays, située dans l’arrière-pays calabrais. Ils descendent dans le gouffre de Bifurto, qui est aussi la deuxième grotte la plus profonde au monde. Dans Il Buco, Michelangelo Frammartino joue la montre à la perfection. Il n’hésite pas à proposer des séquences contemplatives, à rebours de ce que le cinéma américain de grande consommation propose. Les 700 mètres de descente servent de trame à un récit qui mêle habilement fiction et documentaire, dans un site, le massif du Pollino, d’une incroyable beauté. Récompensé par le prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 2021, Il Buco est un film qui sait prendre son temps. Et cela fait toute la différence.
Il Buco, de Michelangelo Frammartino, avec Paolo Cossi, Jacopo Elia, Denise Trombin (GER/ITA, 2022, 1 h 33), 13,99 euros (DVD), 15,99 euros (Blu-ray).

Costa Brava, Lebanon, de Mounia Akl

Décharge. Au Liban, Walid (Saleh Bakri) et Souraya (Nadine Labaki) vivent en famille dans les montagnes, au calme, loin de Beyrouth. Lorsque l’installation d’une décharge présentée comme « écologique » est décidée à proximité de chez eux, ils décident de faire face, même si le combat semble très déséquilibré. Le bruit des camions et des pelleteuses viennent envahir leur quotidien, pour créer ce qui sera une décharge à ciel ouvert, sur fond de corruption et de colère de la population. Après son court-métrage Submarine (2016), la réalisatrice libanaise Mounia Akl s’attaque donc à un sujet sensible, puisque les petits arrangements remontent jusqu’aux plus hautes sphères de l’État libanais. Face à ce constat, elle montre un peuple qui refuse de se résigner, et qui n’hésite pas à se battre.
Costa Brava, Lebanon, de Mounia Akl, avec Nadine Labaki, Saleh Bakri, Nadia Charbel (LIB/FRA/ESP/SUE/DAN/NOR/QAT, 2022, 1 h 47), 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (Blu-ray). Sortie le 3 janvier 2023.

La villa des vivants Nicola Lagioia

La ville des vivants, de Nicola Lagioia

Rome. C’est un fait divers qui est à l’origine de ce très bon polar, signé Nicola Lagioia. À Rome, en mars 2016, deux jeunes Romains ont assassiné Luca Varani, 23 ans. Ils ne l’ont pas seulement tué, ils l’ont aussi torturé à l’aide d’un marteau et d’un couteau. Les deux assassins sont Marco Prato, organisateur d’événements, et Manuel Foffo, le fils d’un important patron de la capitale italienne. Deux personnes sans histoire, qui ont tué pour « voir ce que ça fait ». Pour expliquer leur geste, ils diront aux policiers : « On avait le désir de faire du mal à quelqu’un au hasard. » Né à Bari, en 1973, le romancier Nicola Lagioia part de ce fait divers pour évoquer les quartiers les plus difficiles de Rome, à travers ces trois personnages qui éclairent cette ville d’une façon différente. Il dresse ainsi le portrait d’une ville aussi belle que victime du mal qui la gangrène parfois.
La ville des vivants, de Nicola Lagioia (Flammarion), traduit de l’italien par Laura Brignon, 512 pages, 23 euros.

Surrender Bono

Surrender, de Bono

Mémoires. À 62 ans, Paul David Hewson, dit Bono, publie ses mémoires. Né à Dublin le 10 mai 1960, le chanteur de U2 se raconte. Il ne l’avait jamais fait directement. On savait déjà pas mal de choses sur la vie de Bono, notamment grâce à certaines biographies bien documentées, comme Bono par Bono, conversations avec Michka Assayas (2005), publiée chez Grasset. Mais avec Surrender, le leader de U2 revient sur son parcours en 696 pages remplies d’anecdotes. Il raconte notamment la mort brutale de sa mère alors qu’il avait 14 ans, son père, Bob, la révélation punk, la naissance de U2 en 1976, ses engagements, son épouse Alison Stewart, dite Ali, ses quatre enfants, Luciano Pavarotti, Mikhaïl Gorbatchev (1931-2022), Steve Jobs (1955-2011), Barack Obama, Angela Merkel, Volodymyr Zelensky… Il évoque aussi ses excès, ses réussites, et ses regrets. Bono joue le jeu de l’autobiographie, assume ses contradictions, et n’oublie pas l’autodérision.
Surrender, de Bono (Fayard), traduit de l’anglais (Irlande) par Julie Sibony, 696 pages, 28 euros.

L'arabe du fut 6 une jeunesse au moyen orient Riad Sattouf

L’Arabe du futur 6 : une jeunesse au Moyen Orient (1994-2011), de Riad Sattouf

Autobiographique. Cette fois, c’est la fin. Voici le sixième et dernier volume de L’Arabe du futur, une BD débutée en mai 2014, et dont les cinq premiers tomes se sont écoulés à plus de 3 millions d’exemplaires. Riad Sattouf raconte son enfance et son adolescence. Né d’une mère française et d’un père syrien, son histoire est aussi un voyage. De la Lybie du colonel Mouammar Kadhafi (1942-2011), à la Syrie d’Hafez al-Assad (1930-2 000), les six tomes évoquent également la France, avec notamment la Bretagne. L’ultime volume couvre la période 1994-2011, des 16 ans aux 33 ans de l’auteur. Les dialogues et la narration sont d’une grande qualité, et Riad Sattouf n’élude rien, pas même sa psychothérapie, racontée avec humour et dérision. L’Arabe du futur 6 vient clore brillamment cette série autobiographique au succès plus que mérité.
L’Arabe du futur 6. Une jeunesse au Moyen Orient (1994-2011), de Riad Sattouf, (Allary), 184 pages, 24,90 euros.

La mer à boire Blutch

La mer à boire, de Blutch

Chronologie. Blutch (Christian Hincker) est né à Strasbourg le 27 décembre 1967. Considéré comme l’un des plus importants dessinateurs de BD actuels, Blutch a remporté le grand prix du festival d’Angoulême en 2009. Dans La mer à boire, il nous propose de suivre les déambulations d’un homme, qui cherche à séduire une jeune fille, dans un univers étrange et décalé, peuplé par des personnages tout aussi étonnants. Blutch joue avec la chronologie, et livre un récit dans un ordre qui n’est pas linéaire. Présentée comme une « romance » entre un homme et une femme qui se cherchent, cette BD est un produit dont la création a été assurée de A à Z par Blutch. Il l’a écrite, dessinée, et mise en couleurs. Le résultat est d’une beauté époustouflante.
La mer à boire, de Blutch (2024), 72 pages, 28 euros.

Nova Cardinale, de Superpoze

Grâce. Séance rattrapage, avec cet album signé Superpoze. Originaire de Caen, Gabriel Legeleux, 30 ans, a déjà publié trois albums. Après Opening (2015), il a enchaîné avec For We the Living (2017), et le revoici avec le très bon Nova Cardinale (2022). Après Air, une séquence d’ouverture très aérienne, l’écoute se prolonge dans le domaine du rêve et de la douceur, avec Parabel. Mais, comme d’habitude, pas question de ranger Superpoze dans une case. Son album alterne les séquences de songes, très “ambient”, comme le très beau A Ballet of Life and Death, avec des morceaux plus rythmés, qui font appel à des cordes, comme Geneva. Mais c’est finalement à peu près toujours la nostalgie qui l’emporte : le sensible Avril, mai ne laissera personne de marbre. Mais, au final, c’est Nova Cardinale dans son ensemble qui impressionne, à la fois par sa maturité et sa grâce.
Nova Cardinale, Superpoze (Combien Mille Records), 14,99 euros (CD), 26,99 euros (vinyle)

The Car, de Arctic Monkeys

Piano. Originaires de Sheffield, les Arctic Monkeys sont de retour avec un disque, The Car, qui est leur septième album studio, depuis Whatever People Say I Am, That’s What I’m Not (2006). Alex Turner au chant et à la guitare, Nick O’Malley à la basse, Jamie Cook à la guitare, et Matt Helders à la batterie livrent un album majestueux. Faisant la part belle aux cordes et au piano, les 10 titres de ce disque laissent la voix d’Alex Turner s’imposer et prendre le dessus. Les 3’18 du titre The Car en sont d’ailleurs la parfaite illustration. Les Arctic Monkeys savent varier les plaisirs, entre Body Paint qui rappelle les Beatles, ou Mr. Schwartz, dans un style beaucoup plus folk. The Car se conclut par Perfect Sense, un morceau doux et nostalgique, qui n’a finalement qu’un seul défaut : être beaucoup trop court.
The Car, Arctic Monkeys (Domino Records), 13,99 euros (CD), 23,99 euros (vinyle).

Twilight Sad

Live 2022 EP, de The Twilight Sad

Energie. Les Ecossais de The Twilight Sad ont accompagné Robert Smith et The Cure pour leur tournée Lost World Tour 2022, qui s’est matérialisée par 44 concerts donnés en Europe entre le 6 octobre 2022 et le 13 décembre 2022. Chaque soir, The Twilight Sad a assuré la première partie de The Cure, avec une énergie qui a marqué le public. Pour éviter le blues de l’après-tournée, le groupe du chanteur James Graham propose donc un EP de quatre titres, issus de cette tournée. Enregistrés à Anvers, à Bordeaux, et à Amsterdam, ces quatre morceaux restituent la force du “live”. Kill It in the Morning (2012), Vtr (2019), There’s a Girl in the Corner (2014), et [10 Good Reasons for Modern Drugs] (2019), changent véritablement de dimension sur scène. Live 2022 EP est disponible sur Bandcamp, et c’est vous qui déciderez du prix.

Live 2022 EP, The Twilight Sad (auto-produit par The Twilight Sad), seulement sur Bandcamp, au prix de votre choix.

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