jeudi 25 avril 2024
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Le Grand Prix de Monaco va-t-il être plongé dans le noir ?

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Alors que la réforme des retraites a été votée et promulguée, la colère ne faiblit pas en France, où les syndicats continuent d’appeler à la mobilisation. C’est le cas notamment de la CGT Énergie, qui menace de perturbations plusieurs grands événements, dont le Grand Prix de Monaco.

Le conflit social autour de la réforme des retraites va-t-il se propager jusqu’en principauté ? Cette idée, de prime abord farfelue, pourrait pourtant bien devenir réalité si l’on se fie à un communiqué publié par la CGT Énergie le 21 avril 2023. Dans celui-ci, cette organisation syndicale menace en effet de plonger « dans le noir » plusieurs grands événements sportifs et culturels, dont le festival de Cannes et le Grand Prix de Monaco. « Macron a promis 100 jours pour apaiser, nous lui promettons 100 jours d’actions et de colère ! L’heure est loin d’être à la résignation », préviennent ainsi les syndicats de la Fédération nationale Mines Énergie (FNME) CGT, affirmant leurs « positions offensives, fermes et unanimes » face aux « méthodes antidémocratiques » du gouvernement français, qui a eu recours au 49.3 pour faire passer cette réforme impopulaire. Concrètement, cette « colère » s’exprimera lors de journées de mobilisation interprofessionnelles, comme celle du 1er mai 2023 qui a rassemblé, d’après la CGT, quelque 2,3 millions de personnes dans l’Hexagone. Mais aussi au travers de « grèvilla », selon les termes de l’organisation, avec des perturbations énergétiques lors des déplacements et initiatives de l’exécutif. Ce fut le cas par exemple le 19 avril 2023 à l’occasion d’une visite du président Macron dans une entreprise de Muttersholtz en Alsace, soudainement privée d’électricité. Le lendemain, c’est un collège de l’Hérault, visité par le chef d’État, qui a été la cible des syndicalistes.

Cette mobilisation pourrait prendre différentes formes, allant de la simple manifestation aux rassemblements dans les postes de distribution d’électricité et de gaz. Sans oublier les fameuses « mises en sobriété », autrement dit des coupures de courant ponctuelles et ciblées, qui pourraient venir perturber le bon déroulement de la course

Une « action coup de poing » lors du Grand Prix ?

Le Grand Prix de Monaco peut-il alors, à son tour, être victime de coupures de courant ? La menace d’une action similaire pour protester contre la réforme des retraites n’est pas à exclure, si l’on en croit les représentants de cette organisation contactés par Monaco Hebdo. « Il y aura peut-être des initiatives symboliques. Nous n’annonçons jamais à l’avance ce qui pourrait se passer, pour ne pas tout faire capoter. Mais nous voulons être visibles, à un moment », annonce le secrétaire général adjoint de la fédération nationale des mines et de l’énergie, Fabrice Coudour. « Nous ne mettrons pas en péril les spectateurs, les pilotes, les équipes, et tous ceux qui se sont investis. Ce n’est pas notre but. En revanche, d’avoir une petite action coup de poing pour dire « on est là et on a des choses à dire », ça fait partie des choses qu’on ne s’interdit pas ». Selon ce représentant syndical, cette mobilisation pourrait prendre différentes formes, allant de la simple manifestation aux rassemblements dans les postes de distribution d’électricité et de gaz. Sans oublier les fameuses « mises en sobriété », autrement dit des coupures de courant ponctuelles et ciblées, qui pourraient venir perturber le bon déroulement de la course. « Il existe plein de méthodes pour se faire entendre et avoir la fenêtre médiatique qui permet de faire passer notre message. Les électriciens et les gaziers maîtrisent leur outil de travail, et ils sont capables d’intervenir un peu partout sur les réseaux, pour avoir une perturbation, sans être visibles, ni touchables ». Fabrice Coudour veut toutefois être clair : il n’est nullement question de plonger Monaco dans le noir pendant trois jours. « Ce n’est carrément pas le but. Nous sommes responsables, respectueux des passionnés, et des usagers, car nous défendons le service public. Donc, nous n’allons pas nous opposer à eux. Mais nous voulons quand même nous faire entendre, puisque ça fait quatre mois qu’il y a une mobilisation qui n’est pas entendue par le gouvernement français, et la colère reste bien présente. On nous dit qu’il faut tourner la page, alors qu’elle ne l’est pas. Nous utilisons nos moyens à nous, c’est-à-dire nos outils de travail, pour nous faire entendre. Je le répète, car ça fait beaucoup de bruit, le but n’est pas de faire capoter l’événement. C’est juste d’être démonstratif », insiste-t-il.

Fabrice Coudour. Secrétaire général adjoint de la fédération nationale des mines et de l’énergie. © Photo DR

Selon ce syndicaliste, la société monégasque de l’électricité et du gaz (SMEG) ferait partie des entreprises régies « en très grande partie » par les textes du statut des industries électriques et gazières françaises. « Au travers de ces attaques sur la retraite, il y a aussi l’attaque des régimes spéciaux, dont celui des industries électriques et gazières, donc des électriciens et gaziers »

« Nous avons besoin de nous faire entendre »

Car l’objectif des syndicats est avant tout de profiter de l’exposition médiatique du Grand Prix de Monaco, retransmis dans le monde entier, pour en faire un porte-voix de l’opposition à la réforme des retraites française. « Dans ses tournées « bling-bling » ou « VIP », le président Macron se targue suffisamment de sa politique en France, donc c’est bien de faire retentir que ce n’est pas « tout beau, tout rose » ce qu’il se passe. Et qu’aujourd’hui, le peuple est en opposition, explique Fabrice Coudour. Cette réforme des retraites est aussi injuste qu’injustifiée. Donc, nous avons besoin de nous faire entendre. Encore plus quand il y a un retentissement international, puisqu’on voit bien que notre président est la risée internationale. Le but, ce n’est pas qu’il n’y ait pas de Grand Prix à Monaco ou de festival de Cannes… En revanche, nous sommes sur une bataille de l’image et sur une bataille médiatique ». Si les syndicats tricolores éprouvent aujourd’hui le besoin de franchir les frontières pour exprimer leur opposition, c’est aussi parce que la lutte est de plus en plus difficile à mener sur le territoire national. La faute à des interdictions de manifester qui se multiplient dans l’Hexagone pour contrecarrer la contestation. On se rappelle ces images inhabituelles des Champs-Élysées quasi-déserts, après la mise en place d’un large périmètre de sécurité à l’occasion des commémorations du 8 mai 1945. « Dans le pays des libertés, c’est assez paradoxal. Les « casserolades » et autres, il y en a de moins en moins aujourd’hui, parce que les préfectures préfèrent bâillonner la colère sociale, plutôt que de l’entendre et de la reconnaître », déplore Fabrice Coudour.

« Le but, ce n’est pas qu’il n’y ait pas de Grand Prix à Monaco ou de festival de Cannes… En revanche, nous sommes sur une bataille de l’image et sur une bataille médiatique »

Fabrice Coudour. Secrétaire général adjoint de la fédération nationale des mines et de l’énergie

L’ACM sans réaction

Le Grand Prix de Monaco représente donc une vitrine idéale pour renouveler leur opposition à cette réforme, qui va aussi impacter la principauté. En effet, selon ce syndicaliste, la société monégasque de l’électricité et du gaz (SMEG) ferait partie des entreprises régies « en très grande partie » par les textes du statut des industries électriques et gazières françaises. « Au travers de ces attaques sur la retraite, il y a aussi l’attaque des régimes spéciaux, dont celui des industries électriques et gazières, donc des électriciens et gaziers. In fine, c’est une attaque du statut particulier qui permet, lui, de garantir à tous les usagers en France, mais pour le coup aussi, en très grande partie à Monaco, un service public de qualité ». Tout ce qui se passe en France aurait donc, à ses yeux, un retentissement qui dépasse les frontières nationales… « Nous faisons partie des pays qui sont regardés pour maintenir un socle social minimum qui, s’il devait baisser, ferait baisser l’ensemble du socle social international », veut croire Fabrice Coudour qui profite donc de cette opportunité médiatique pour continuer de relayer son message. Un message que l’Automobile Club de Monaco (ACM) ne semble pas prendre au sérieux. Sollicitée à plusieurs reprises sur la question par la rédaction de Monaco Hebdo, sa direction n’a pas souhaité réagir.

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