jeudi 25 avril 2024
AccueilActualitésSportFitness business

Fitness business

Publié le

Que vous soyez un obsessionnel du corps sculpté ou un flemmard inébranlable, vous ne pouvez pas y passer à côté. A mesure que l’été avance, les rubriques « bien-être » fleurissent dans les médias. Focus sur ce business juteux.

Par Romain Massa.

«Venez essayer la Zumba ! » Au hasard des passants, des prospectus aux couleurs « flashy » vantent les mérites de cette discipline, nouvelle reine des salles de gym. A elle seule, la zumba — combinaisons de danse et d’aérobic — représente la mutation dans laquelle se trouve ce secteur depuis près de vingt ans. Terminées, les salles de sports, résidence secondaire des culturistes à l’affût des machines de musculation dernier cri. Désormais, place à l’esthétisme, au culte du beau, « depuis les années 80 et l’apparition de l’aérobic », indique Yan Mierczuk, responsable du Monaco Fitness Center. Depuis, la clientèle a pris un accent très féminin. Dans son club, Hervé Adonto, patron du Monte-Carlo Gym, compte « plus de 75 % de femmes », même s’il reste quelques irréductibles « leveurs de fonte ».

« Moyen de se défouler entre filles »
Cette clientèle à la recherche de résultats rapides et visibles cherche dans ces cours collectifs « le moyen de se défouler entre filles et d’entretenir sa motivation », confie Sophie, clientèle fidèle du Larvotto Gym Center. Bodypump, Bodycombat ou Spinning comptent parmi les disciplines les plus prisées. Et depuis un an, la folie Zumba s’est emparée du monde occidental, devenant le symbole d’un business très juteux.
La plupart de ces activités très en vogue sont en réalité des marques déposées. Pour qu’une salle puisse proposer ces cours au sein de sa structure, elle doit acheter une licence à la Fédération Française de Fitness qui, elle-même, a acheté les droits auprès de ces marques. En clair, quand Shakira fait la promotion de la Zumba c’est comme si elle faisait la promotion d’une marque de voiture… Comble de l’uniformisation, les professeurs de fitness sont tous formés aux mêmes chorégraphies par des organismes dépendant de ces marques via des stages et DVD’s. En somme, « tout est réglé mécaniquement. Un cours de Bodypump est le même de Monaco à Tokyo », explique un habitué. Un systèmatisme qui réduit considérablement la part de créativité de l’instructeur. Mais surtout un aspect marketing avec lequel il faut composer : « Désormais, nous devons être à l’affut des tendances et des modes », constate Hervé Adonto. Avant de poursuivre : « Nous avons l’obligation de proposer ces disciplines, elles sont fortement médiatisées. Ce serait du suicide de faire l’impasse dessus ». Surtout à Monaco, pays cosmopolite où les résidents aiment retrouver ici les cours qu’ils pratiquent dans leurs pays d’origine. Cet aspect favorise les grandes structures plus à même d’investir dans de nouvelles licences. Alors comment se démarquer si tout le monde propose la même chose ?

Ancienneté
Les deux gérants de Monaco Fitness Center et du Monte-Carlo Gym misent sur la qualité des instructeurs et sur le côté familial de leurs enseignes. « Dans un cours collectif à Topfit, l’instructeur avec son micro. Il ne voit pas la personne au dernier rang », raconte Yan Mierczuk. Selon lui, une approche plus personnalisée face aux « usines » comme moyen de défense permet surtout d’obtenir d’avoir une meilleure approche. Et par extension de meilleurs résultats. L’obsession du bien-être, une nouvelle tendance, surtout dans le sud, où l’été est prétexte à l’exhibition de la moindre parcelle de son corps.
Au delà de ces clients de passage, les clubs doivent s’appuyer sur une clientèle fidèle pour perdurer. Celle-ci permet d’assurer une stabilité financière aux deux clubs. Le Monte-Carlo Gym, implanté depuis 25 ans, évoque un chiffre d’affaires de 100 000 euros quand le Monaco Fitness Center, présent depuis plus de 50 ans, parle d’« un peu moins de 100 000 euros ». Cette ancienneté, renforce cette proximité avec des clients qui ont parfois leurs habitudes « depuis 25 ans », assurent-ils. Majoritairement ce sont des travailleurs âgés de 35/40 ans, qui occupent la salle avec une tendance baissière. Des clients qui, parfois, testent les 7 salles de sport réparties sur le territoire de la Principauté. Sans compter les équipements que l’on peut retrouver dans les hôtels monégasques, du Port Palace au Monte-Carlo Bay, ou les Thermes Marins.
Et si les cours ne vous suffisent pas pour atteindre les parfait carrés de chocolat ou la taille de guêpe tant rêvée, il reste une solution : le coach privé. Une tendance qui s’affirme de plus en plus. « Ils ne représentent pas une véritable concurrence mais se développent très rapidement », conclut Yan Mierczuk. Et pour cause : il vous faudra compter de 50 à 70 euros pour un cours d’une heure en plus de l’abonnement (500 à 4 000 euros l’année en fonction des établissements). De quoi créer des vocations…

5 bonnes raisons de faire du sport !

• Faire des rencontres : Incontestablement, les micro-shorts et petits hauts moulants permettent de briser la glace. Joindre l’utile à l’agréable, la dépense physique au plaisir des yeux. Endroit intimiste, la salle
de sport permet à qui le veut de faire de nouvelles connaissances au détour d’altères et machines en tout genre.

• L’hygiène de vie : Ne la perdez pas de vue, c’est votre objectif principal ! Le sport est le point de départ d’une bonne hygiène de vie. Dépensez-vous sans compter, et naturellement, vos nuits seront meilleures et vous serez plus attentifs sur votre alimentation.
Avis aux fumeurs et amateurs d’alcool : la pratique du sport vous conduira à réduire votre consommation ! Profitez-en.

• L’endorphine : L’hormone du bonheur. Une pratique intensive du sport, vous permettra de ressentir des sensations jusqu’alors inconnues. Après un dur effort, quoi de mieux que ressentir un sentiment quasi-immédiat
de bien-être ? Vous allez en redemander !

• Mens sana in corpore sano : Videz-vous la tête des tracas quotidien l’espace d’une heure
ou deux. Atteignez ce sentiment de bien-être, que vous apprécierez jour après jour.

• Se dépasser : La technologie nous pousse à en faire de moins en moins. Ne vous cachez plus derrière ce prétexte fallacieux, prenez connaissance de votre capacité physique et repoussez sans cesse vos limites ! « Connais toi toi-même » disait Socrate. Faites lui confiance !

« La sensation de bien-être peut virer à l’obsession »

Si avec le temps, le bien-être devient un business comme un autre, il paraît difficile de l’enseigner ou le pratiquer sans une once de passion. Ancien coureur de 400 mètres et 400 mètres haies, Thierry Laforest, 51 ans, est aujourd’hui coach sportif à Monaco. Rencontre.

Propos recueillis par Romain Massa.

Monaco Hebdo : Pouvez-vous nous résumer votre parcours ?
Thierry Laforest : J’ai consacré une bonne partie de ma vie et de ma carrière au monde du sport. Après avoir écumé les pistes d’athlétisme dans ma jeunesse, je me suis formé aux métiers du sport dès 19 ans. En 1989, j’ai fondé et géré ma propre salle de gym à Nice jusqu’en 2004. J’ai fini par céder mes parts à une grosse chaîne, pour me lancer dans le coaching.

M.H. : Pourquoi ce choix ?
T.L. : C’est une activité très répandue dans les grandes villes, mais à Monaco, à mon grand étonnement, il y avait largement la place pour se faire un nom. J’avais des désirs d’indépendance d’où le choix d’exercer en profession libérale. Cela fait neuf ans que je suis en principauté et je ne regrette pas mon choix.

M.H. : En quoi consiste exactement votre métier ?
T.L. : Mon objectif principal est de répondre aux attentes très variées des clients. Il peut s’agir d’une perte de poids comme d’une préparation spécifique avant une compétition ou une randonnée. J’essaie d’inculquer aux clients l’importance du sport et d’une alimentation saine entre autres. C’est du travail sur mesure, qui répond souvent à une attente très précise du client.

M.H. : Comment avez-vous ressenti l’évolution des attentes des clients et quel est le profil de votre clientèle ?
T.L. : On a tous types de clients qui ont tous types de demandes. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a environ 70 % des femmes, l’âge moyen est compris entre 30 et 45 ans. Le plus jeune est âgé de 13 ans et le plus vieux 88 ans. Les clients me demandent de plus en plus de conseils diététiques, pour trouver une sensation de bien-être, mon métier ne se limite pas au simple entrainement physique, la stimulation mentale est aussi importante. Bien sûr, pour certains clients, le bien-être vire à l’obsession et c’est assez contre-productif dans l’ensemble. On peut s’autoriser certains écarts. Faire du sport doit s’inscrire dans une dynamique constante. Il est inutile après un repas trop arrosé, de vouloir perdre les grammes emmagasinés, en faisant trois heures de sport le lendemain.

M.H. : Quelles sont vos activités principales ?
T.L. : Je travaille sur trois secteurs. Premièrement, je donne des cours collectifs, à raison de 4 à 5 heures par semaine, au Larvotto Gym Center. Deuxièmement, j’ai un contrat avec l’hôtel Monte-Carlo Beach, où je donne des cours privés uniquement aux clients de l’hôtel. Enfin, une partie de ma clientèle n’est liée à aucune salle de sport et me contacte directement grâce au bouche-à-oreille.

M.H. : Donnez-vous des cours privés au Larvotto Gym Center aux clients venant de l’extérieur ?
T.L. : Oui. La salle me prête gracieusement les locaux pour pouvoir travailler avec eux…

M.H. : Gracieusement, vraiment ?
T.L. : Oui, c’est un système gagnant-gagnant. Je leur amène des clients qui peuvent bénéficier des installations haut de gamme et le club me contacte quand leurs abonnés veulent prendre des cours avec un coach. Lorsqu’un client de l’extérieur veut s’entrainer au Larvotto Gym Center, il doit leur prendre un abonnement pour un jour, un mois, trois mois, six mois ou un an.

M.H. : Quel est votre planning ? Vos tarifs ?
T.L. : J’essaie de travailler tous les jours sauf le dimanche, mais le contrat qui me lie au Beach prévoit que je puisse être disponible tous les jours sans exception. Mon premier cours se déroule à 7h30, et j’ai entre 6 et 8 cours par jours. Il faut compter 60 euros l’heure pour un cours privé au Larvotto Gym Center, 70 euros l’heure au Beach et de 70 à 80 euros l’heure quand je me déplace chez les particuliers en fonction des kilomètres que j’ai à effectuer.

M.H. : Comment est-ce possible de travailler chez un client sans les équipements ?
T.L. : On demande un petit nécessaire, des élastiques et une « Medecine Ball » (Gros ballon de gym N.D.L.R.). Après, dans une maison ou un appartement, on peut se servir de toutes les installations présentes pour s’entraîner (des portes, un rebord de fenêtre etc.). Et puis, il faut bien trouver une solution pour les clients qui ne veulent pas se rendre dans les salles de sport à cause de leurs complexes ou par discrétion.

M.H. : En tant qu’instructeur dans une salle de sport, constatez-vous cette uniformisation décrite par les gérants ?
T.L. : Avec le jeu des licences, oui ! Tout est sous contrôle, il nous appartient d’interpréter autant que possible nos cours, mais il faut rester dans un schéma très précis, partant de là, ce n’est pas facile d’exercer. Mais c’est le business ! Nous sommes mis en concurrence indirectement par les sociétés qui vendent des dvd de cours de gym ou les émissions télés de plus en plus nombreuses. Tout ceci a conduit à une plus grande professionnalisation du métier, nous sommes plus structurés, plus formés.

M.H. : Votre métier fait-il partie du business autour des salles de sport ?
T.L. : Forcément ! Le coaching est en pleine expansion. Après, tout dépend comment on voit ce métier et la passion que l’on ressent pour le sport. De nouveaux coachs ont flairé le bon filon et proposent des tarifs horaires hallucinants profitant de la crédulité et de la fortune de certains. On ne peut être gérant ou coach, sans aimer un temps soit peu, le sport. C’est en tout cas le message que j’essaie de véhiculer pour que la passion domine. C’est le moteur de mon travail.