vendredi 26 avril 2024
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Philippe Clement : « Je veux avoir une équipe dominante »

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Ancien international belge (38 sélections), Philippe Clement débarque en principauté avec ambition et un palmarès déjà bien fourni. Monaco Hebdo retrace le parcours de celui qui doit redonner un nouvel élan à une équipe monégasque, qui patine depuis le début de la saison.

Il n’est peut-être pas le nom ronflant attendu par les supporteurs monégasques. Mais Philippe Clement est depuis plusieurs années l’un des techniciens les plus suivis en Europe. Et pour cause, depuis son arrivée sur le banc de touche de Waasland-Beveren en mai 2017, cet ancien international belge (38 sélections) s’est forgé une solide réputation et un beau palmarès. Trois fois champion de Belgique ces trois dernières années avec Genk puis le Club Bruges, Philippe Clement a également signé avec ses équipes des prestations remarquées sur la scène européenne. Le tout sans jamais renoncer à son style de jeu offensif, intense et généreux, quel que soit l’adversaire. Ces principes, conjugués à sa capacité à tirer le meilleur de groupes jeunes et talentueux, ont séduit les dirigeants monégasques qui l’ont donc choisi pour succéder à Niko Kovac.

« Je ne pensais pas quitter Bruges maintenant, mais il y a toujours un projet, des circonstances qui peuvent expliquer un départ. J’ai toujours eu en tête l’idée de rejoindre un club comme Monaco »

Philippe Clement. Nouvel entraîneur de l’AS Monaco

Plus de 500 matches en pro

Avant de revêtir le costume d’entraîneur, Philippe Clement a été joueur professionnel. Défenseur central de métier, pouvant aussi évoluer au poste de milieu défensif, il a disputé plus de 500 matches en pro principalement en Belgique, où il a effectué l’immense partie de sa carrière. Après avoir fait ses débuts à Beerschot en 1992, Philippe Clement a successivement porté les couleurs de Genk, où il remporte une première coupe de Belgique en 1998, puis du FC Bruges avec lequel il se construit un beau palmarès durant les dix années qu’il va passer dans la « Venise du Nord » (1999-2009) : double champion de Belgique en 2003 et 2005, triple vainqueur de la coupe nationale en 2002, 2004 et 2007. Le nouvel entraîneur de l’ASM vivra aussi dans sa carrière une courte expérience à l’étranger, et plus précisément à Coventry en Angleterre. Mais des blessures à répétition ne lui permettront pas de s’imposer outre-Manche, où il ne restera finalement qu’une saison (1998-1999). Ses prestations sous les couleurs de Genk puis de Bruges lui vaudront d’être sélectionné à 38 reprises avec les Diables Rouges. Il participera notamment à la Coupe du Monde 1998 en France. Philippe Clement terminera sa carrière de joueur en 2011 dans le club de ses débuts, Beerschot. Sa retraite sportive ne durera pas longtemps puisque dès la saison 2011-2012, le Belge prend les rênes des U21 du Club Bruges (2011-2012). Avant de devenir adjoint de Georges Leekens, puis de Michel Preud’homme sur le banc du club brugeois pendant cinq saisons (2012-2017). Ces différentes expériences lui donneront envie de devenir entraîneur principal. Et c’est le club belge de Waasland-Beveren qui lui offrira cette opportunité lors de la saison 2017-2018. L’aventure tournera court puisque Philippe Clement sera très vite repéré par Genk, qui le nommera entraîneur quelques mois plus tard. Avec cette équipe, le néo-Monégasque parvient à décrocher le titre national en 2019 au terme d’une saison record : 57 % de victoires, et une moyenne de 1,96 point gagné par match. Des performances remarquables qui tapent dans l’œil des dirigeants du Club Bruges qui décident de rapatrier celui qui a porté le maillot bleu et noir à 356 reprises dans sa carrière. Dans la capitale de Flandre-Occidentale, Philippe Clement garnira son palmarès d’entraîneur de deux nouveaux titres de champion nationaux grâce à un jeu offensif ambitieux et une jeune génération talentueuse. Sur la scène européenne, les prestations de son équipe sont également remarquées. On se souvient notamment du match nul convaincant (1-1) arraché en Ligue des Champions face au Paris Saint-Germain (PSG) du trio Messi-Neymar-Mbappé en septembre dernier.

« À Bruges, on devait être champion chaque année. La pression était aussi là. Honnêtement, j’aime cette pression. Car elle n’est pas négative, elle pousse les gens à gagner »

Philippe Clement. Nouvel entraîneur de l’AS Monaco

« Quand le train passe, tu dois le prendre »

En signant un contrat de deux ans et demi à l’AS Monaco, Philippe Clement va connaître sa première aventure à l’étranger en tant qu’entraîneur principal. Un saut dans l’inconnu qui n’effraie pas outre mesure le Belge de 47 ans, ravi de rejoindre l’« un des cinq plus grands championnats du monde ». « Je suis très content d’être ici dans ce projet ambitieux avec un bon équilibre entre jeunes et joueurs plus expérimentés. Je veux prouver qu’on peut aussi faire ici des choses comme j’ai pu le faire en Belgique », a-t-il déclaré en français lors de sa présentation aux médias le 5 janvier 2022. Le Flamand est ensuite revenu sur les raisons qui l’ont poussé à accepter l’offre monégasque alors qu’il était encore en poste à Bruges : « Quand le train passe, tu dois le prendre. Je ne pensais pas quitter Bruges maintenant, mais il y a toujours un projet, des circonstances qui peuvent expliquer un départ. J’ai toujours eu en tête l’idée de rejoindre un club comme Monaco ». Pour Philippe Clement, l’ASM était donc une opportunité qui ne se refusait pas. Et ce, malgré la fragilité de la fonction en principauté : « À Bruges, on devait être champion chaque année. La pression était aussi là. Honnêtement, j’aime cette pression. Car elle n’est pas négative, elle pousse les gens à gagner. C’est un environnement intéressant, que j’aime ». Premier entraîneur belge à rejoindre directement la France depuis Raymond Goethals, Philippe Clement espère bien s’inspirer de son illustre compatriote, vainqueur de la Ligue des Champions avec l’Olympique de Marseille (OM) en 1993. « C’est un très bon exemple », a-t-il confié avant de comparer les deux championnats : « J’ai suivi beaucoup de matches de Krepin [Diatta, son ancien joueur à Bruges aujourd’hui à l’ASM — NDLR]. Nous avons aussi joué ces dernières années contre le Paris Saint-Germain en Ligue des Champions donc j’ai vu beaucoup de matches de ce championnat [la Ligue 1 — NDLR]. Comme entraîneur, tu travailles beaucoup avec les recruteurs et il y a beaucoup de joueurs intéressants en France qui peuvent jouer en Belgique. C’est un championnat avec beaucoup de physique et d’engagement. Ce n’est pas très différent de la Belgique mais le niveau est plus haut ».

© Photo AS Monaco FC.

« C’est très important de créer une famille avec les joueurs et le staff, qu’on veuille les mêmes choses. C’est plus difficile dans le monde actuel qu’il y a dix ou vingt ans. Les joueurs sont plus individualistes aujourd’hui. Mais c’est intéressant de créer cela »

Philippe Clement. Nouvel entraîneur de l’AS Monaco

« Créer une famille »

Faut-il alors s’attendre à un football offensif et intense, comme il le pratiquait en Jupiler Pro League, avec les différents clubs qu’il a dirigés ? « Je veux toujours avoir une équipe dominante, qui va vers l’avant, avec beaucoup d’engagement et d’envie, a-t-il prévenu. J’ai joué dans des systèmes différents mais toujours avec cette idée d’être dominant. C’est ma philosophie. Tu dois aussi être malin si tu affrontes une équipe plus forte ». Sans en dire davantage sur le schéma tactique qu’il compte adopter à l’ASM, le technicien belge a simplement indiqué vouloir « s’adapter aux qualités des joueurs » qu’il entend découvrir avec le temps. « Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour analyser les matches de Monaco car les derniers jours ont été très agités, mais on a commencé à parler et j’ai déjà une première impression. J’ai en effet un peu suivi la saison passée les performances d’un ancien joueur de Bruges [Krépin Diatta – NDLR]. Il est toujours normal d’avoir besoin d’un temps d’adaptation pour vraiment connaître les joueurs. Tu peux regarder les matches, mais tu ne connais pas les personnes derrière les joueurs. Nous allons commencer ça aujourd’hui [mercredi 5 janvier – NDLR]. Ce n’est pas facile avec le Covid, mais c’est pareil pour tout le monde ». Le nouvel entraîneur monégasque sera particulièrement attentif à la « mentalité » de chacun car, comme il l’a annoncé en conférence de presse, il veut mettre l’humain au cœur de son management. Un style qui tranche avec celui de son prédécesseur Niko Kovac, à qui on a parfois reproché des méthodes trop rudes. « C’est très important de créer une famille avec les joueurs et le staff, qu’on veuille les mêmes choses. C’est plus difficile dans le monde actuel qu’il y a dix ou vingt ans. Les joueurs sont plus individualistes, aujourd’hui. Mais c’est intéressant de créer cela. Voilà pourquoi on doit vraiment chercher à connaître les joueurs. Et je ne pense pas seulement à leurs qualités techniques ou physiques ». Enfin, au sujet des objectifs, Philippe Clement s’est montré ambitieux à l’image de sa direction. Pas question de jouer petits bras : « C’est toujours dangereux d’en parler avec mes dirigeants à côté, a-t-il lâché avec le sourire. Mais je veux tout gagner. Ça a toujours été mon objectif. Chaque jour, il faut tout faire pour être le plus fort possible et créer des gagnants dans l’équipe ».

« Philippe est la bonne personne. Il a la gagne en lui, et il a su mettre les joueurs au cœur de son projet. Et il y a des similitudes entre Bruges et Monaco, notamment sur le développement des jeunes »

Paul Mitchell. Directeur sportif de l’AS Monaco

« Le profil idoine »

Décrit comme un « serial winner » par le directeur sportif, Paul Mitchell, Philippe Clement aura la lourde tâche de poursuivre le travail entamé il y a un an et demi par Niko Kovac et son staff. Mais les dirigeants monégasques en sont convaincus, le Belge est l’homme qu’il fallait à l’ASM pour franchir un palier supplémentaire. « Philippe est la bonne personne. Il a la gagne en lui et a su mettre les joueurs au cœur de son projet. Et il y a des similitudes entre Bruges et Monaco, notamment sur le développement des jeunes », assure Paul Mitchell. Le vice-président du club de la principauté, Oleg Petrov, abonde dans le même sens : « Philippe Clement reste sur trois titres de champion de Belgique avec deux clubs différents. Il est ambitieux. Son profil, son expérience d’entraîneur mais aussi de joueur font que Philippe est la personne idoine pour guider l’AS Monaco vers l’avenir. Je lui souhaite beaucoup de réussite et de succès ». Le nom du technicien belge n’est d’ailleurs pas sorti du chapeau par hasard. Comme l’a révélé Paul Mitchell en conférence de presse, le club de la principauté suivait depuis quelque temps déjà la progression de ce jeune entraîneur : « Comme nous détenons le Cercle Bruges [club satellite de l’ASM, actuellement 11ème du championnat belge – NDLR], nous gardons un œil attentif sur la Belgique. Et évidemment les performances des équipes entraînées par Philippe ne nous ont pas échappées ces dernières saisons. Clairement, il nous est apparu un très bon profil, de serial winner, et il nous a semblé que c’était le bon moment pour amener Philippe dans notre projet pour aller encore plus loin dans ce chapitre que nous avons ouvert il y a 18 mois ». À Monaco, l’ancien international belge d’1 mètre 91 sera épaulé par deux adjoints (Jonas Ivens et Johan Van Rusmt), ainsi que par un entraîneur des gardiens (Frédéric De Boever). Il pourra également compter sur le soutien de Damien Perrinelle, chargé de superviser les joueurs en prêt et les jeunes de l’Academy.