jeudi 25 avril 2024
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Zéro licenciement
à l’Hôtel de Paris

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Dernière ligne droite pour l’Hôtel de Paris avant la fermeture temporaire : la Société des bains de mer change le mode de rémunération.

« Nous avions une obligation de résultat de ne licencier personne. Nous l’avons respectée », affirme Agnès Puons. Alors que le compte à rebours est lancé avant le début des travaux de l’Hôtel de Paris début octobre, la directrice des ressources humaines de la Société des bains de mer (SBM) vient de réduire les effectifs de l’établissement en douceur. Sur 300 CDI, elle a géré 86 départs à la retraite anticipés. « A l’exception d’un cas, tout le monde est aujourd’hui reclassé. Il y a eu d’ailleurs beaucoup plus de demandes (140) que de départs programmés, les conditions financières étant très attractives », indique-t-elle. Pour supprimer des postes dans le palace, la SBM a joué sur des mouvements internes au sein du groupe. « Cela a été très compliqué. C’était du point de croix. Il fallait trouver puis choisir qui part et qui remplace qui. » Une partie du personnel sera en effet détachée dans des exploitations extérieures. Sur le papier, tout est donc programmé pour la fermeture de l’Hôtel de Paris pour deux mois, à compter du 6 octobre. Avant une réouverture partielle : seulement 50 chambres resteront ouvertes.

Une première
La dernière ligne droite tient à l’acceptation définitive du nouveau dispositif salarial par les employés. C’est en effet une grande première à la SBM : l’Hôtel de Paris passe d’une rémunération à la masse au fixe. Une révolution qui a été acceptée par 65 % des salariés qui se sont exprimés lors d’un vote consultatif courant avril. « Une majorité de salariés a choisi le maintien de leur rémunération calculée en fonction de la moyenne de leur salaire sur les 3 dernières années — qui sont aussi les 3 plus belles. Chaque employé a reçu 2 simulations individuelles », précise Agnès Puons. Avant d’ajouter : « L’objectif était le maintien de la rémunération moyennant un abandon définitif du dispositif de rémunération au pourcentage à l’Hôtel de Paris. Les autres établissements comme le reste de l’hôtellerie monégasque ne sont pas concernés » Pour la SBM, l’intérêt à terme est en effet important : avec ses 5 étoiles, l’hôtel de Paris entraîne des masses conséquentes. La preuve ? Un simple bagagiste peut toucher 47 000 euros par an.

Ferrailler
Désormais, tout est donc entre les mains des délégués du personnel, qui se sont vus communiquer le déroulé des événements, puis des salariés. « On a réussi à sauver tous les employés. La SBM a tenu son rôle social. Suite à notre grève de janvier, la plus longue et la plus dure de l’histoire de l’hôtel (9 jours), la direction nous a écoutés. Je me vois mal lui dire aujourd’hui qu’on bloque le processus ! On passerait pour des imbéciles ! » estime un délégué du personnel. La direction se prépare pour autant à de nouvelles batailles juridiques. Elle sait qu’elle aura sans doute à ferrailler avec les fervents défenseurs du système au pourcentage voire à régler le problème devant le tribunal du travail. Si les syndicats n’ont pas pris de positions officielles, pas sûr que les délégués syndicaux acceptent le passage au fixe et encore moins que la direction envoie directement aux employés les avenants à leur contrat de travail, comme ils le subodorent. « La direction appelle ça des négociations, moi j’appelle ça du chantage », affirme l’un d’eux, outré que la direction passe au-dessus de leur tête.

Bientôt un statut unique pour les jeux ?

Exit les employés de jeux européens ou américains ? Finie la guerre au sein des casinos ? C’est en tout cas le vœu (pieux ?) de la direction de la SBM. Après l’échec du projet de statut unique en 2010, Agnès Puons a transmis un nouveau projet aux différents syndicats d’employés de jeux. La logique est la même : instaurer une carrière unique pour des employés “multi-compétents” qui auraient désormais une évolution de carrière uniforme, en fonction des nouveaux jeux qu’ils apprendraient, de leur maîtrise des langues et de leur qualité d’accueil… Bref, selon des règles de méritocratie.