vendredi 26 avril 2024
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Municipales 2020 « Je crains pour la sincérité de ce scrutin »

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A Beausoleil, Stéphane Manfredi a présenté sa liste pour tenter de conquérir la mairie. Interview.

Pourquoi être candidat ?

Je suis issu d’une famille profondément ancrée dans ce bassin franco-monégasque. Mon arrière grand-père s’est installé à Monaco dans les années 1920 pour créer une entreprise de bâtiment qui a perduré jusqu’au décès de mon père, en 2018. Dans une première partie de ma vie, j’ai servi en tant qu’ecclésiastique. Puis, j’ai souhaité servir au niveau administratif et politique. En 2012, j’avais déjà été contacté par des Beausoleilloises et des Beausoleillois pour être tête de liste aux élections de 2014. Je n’étais pas assez formé, donc j’ai attendu 2020, avec cette liste « Soyons fiers de Beausoleil ».

Comment avez-vous composé votre liste ?

Ma liste est exclusivement composée de Beausoleilloises et de Beausoleillois, de tout âge, de 18 à 82 ans, et de toutes catégories socio-professionnelles. J’ai par exemple pris Sandrine Cavallere, qui est comptable de métier, afin de pouvoir gérer les finances de la ville. Un ancien policier de Monaco, Patrick Bosso, nous apporte son expertise sur les questions de sécurité.

Pourquoi vous n’avez finalement pas obtenu l’investiture du Rassemblement national (RN) ?

Parce qu’il y a eu un imbroglio politique. Avec le RN, le “deal” était qu’ils ne proposent aucun candidat à Beausoleil et qu’ils m’apportent leur soutien, parce qu’ils se retrouvent davantage sur mes projets que sur ceux de Gérard Spinelli. J’ai reçu ce soutien de manière très officielle, avec une lettre du comité national d’investiture du RN. Je n’ai jamais été encarté au RN, ni au FN, pas plus qu’aucun des membres de mon équipe.

Mais vous partagez donc les idées du RN ?

Je ne partage pas les idées du RN. Le seul projet auquel je m’identifie, c’est le volet sécuritaire. L’Etat n’a plus les moyens financiers d’assumer un commissariat à Beausoleil, et la police municipale se retrouve en première ligne face aux incivilités et à la délinquance. Mais je ne pense pas que la sécurité soit une chasse gardée du RN. Je suis sans étiquette et j’ai le droit de m’interroger sur cette question.

Votre liste est une liste d’extrême droite ?

Certainement pas. Sur ma liste, il y a des personnes issues de cultures différentes, de religions différentes, de plusieurs pays européens. Les gens de ma liste sont là pour faire grandir Beausoleil en dehors de tout parti politique.

Comment jugez-vous le bilan du maire sortant, Gérard Spinelli ?

Gérard Spinelli a amené un certain nombre de choses au niveau structurel à la ville de Beausoleil. Néanmoins, je ne considère pas que ce qui a été créé, et très souvent à grands coûts, soit le besoin premier et immédiat pour la population de Beausoleil.

Quels sont vos principaux projets pour Beausoleil ?

Je ne suis ni le roi soleil, ni un pharaon. Je ne vais donc pas partir sur une politique de très grands travaux. Je souhaite avoir trois projets principaux à réaliser dans ce premier mandat 2020-2026. D’abord, la réalisation finale du parc naturel de Grima sur la moyenne corniche. Ce poumon vert pour la ville, on en parle depuis 40 ans, mais on ne le voit jamais sortir de terre. Je veux en faire un lieu de découverte de la faune et de la flore du bassin méditerranéen, pour les familles et leurs enfants.

Quel est votre second projet ?

Au cœur de ce parc de Grima, je veux créer une maison de retraite médicalisée, promise depuis plusieurs années déjà. Dans cette maison, je souhaite qu’une partie soit réservée à des séjours de convalescence.

Et votre troisième projet ?

C’est encore une promesse très ancienne que je souhaite concrétiser : construire une crèche municipale. Beausoleil est à saturation et nous devons créer cette crèche, là encore, dans le site de Grima. Car je cherche à créer des liens intergénérationnels entre les seniors et les plus jeunes, au milieu de la nature.

Mais le conseil municipal a déjà voté ce projet de Grima en septembre 2019 ?

On peut voter toutes les délibérations que l’on veut, et on peut ensuite prendre le temps de les mettre en route. Si on reprend les engagements du maire en 2008 ou en 2014, on avait déjà ces projets. Mais suite à ces délibérations, aucune commission, aucun groupe de travail et aucune mise en œuvre n’a été lancé. Tout ce qui n’a pas été fait, moi, je compte le faire dès mon premier mandat.

D’autres sujets vous importent ?

Le commerce de proximité est en voie de désertification. Nous souhaitons créer une aide à l’installation de commerces dans le cadre d’un partenariat public-privé. Je veux aussi créer un plan fiscal local pour les commerçants afin de leur permettre de continuer à exercer leur profession.

Comment comptez-vous financer votre politique ?

Je refuse d’augmenter les impôts. Ensuite, une fois que nous aurons réduit la dette de la commune, je souhaite réfléchir à des solutions pour réduire l’impôt. Il faut se serrer la ceinture sur des projets qui ne sont pas essentiels.

Comme quoi, par exemple ?

La ligne budgétaire événements et protocoles peut être largement réduite, car elle s’élève aujourd’hui à 700 000 euros par an. Le festival Les héros de la télévision qui a lieu chaque année en octobre nécessite un budget annuel de 200 000 euros pour une seule journée de manifestation. La ville de Beausoleil n’a pas vocation à créer un festival de télévision qui n’intéresse d’ailleurs que très peu les résidents. Et ceci, alors que Monaco a déjà son festival de télévision de Monte-Carlo. Nous n’avons pas à concurrencer la principauté.

Mais ces économies ne suffiront pas à financer tous vos projets !

La construction de la maison de retraite se fera avec l’aide de l’Etat, tout comme la crèche et le parc de Grima. Ce n’est pas Beausoleil qui va tout financer. Nous ferons aussi appel au département, à la Région et aux aides de l’Europe.

Certains de vos projets sont liés à Monaco ?

Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement princier sur tous les sujets qui concernent Monaco et Beausoleil. Il y a, par exemple, le dossier des escalators du Riviera, dans lequel la principauté a donné une subvention de 5 millions d’euros. Cela doit permettre aux Beausoleillois de privilégier des méthodes de déplacement douces, plutôt que de prendre la voiture.

Vous pensez vraiment pouvoir battre Gérard Spinelli le 15 mars ?

Il est toujours difficile de faire des pronostics. Gérard Spinelli doit d’ailleurs s’en souvenir lorsqu’il a perdu les élections municipales en 2001 face à Robert Vial… Mais je suis très inquiet pour le déroulement de cette fin de campagne.

Pourquoi ?

Gérard Spinelli fait la communication de ses actions en tant que maire dans la presse. Il s’agit à chaque fois d’articles non signés. Cela s’appelle de l’achat de voix. Il y a aussi l’utilisation des moyens de la mairie pour faire campagne. La police municipale a été mise à disposition pour l’inauguration de la permanence de Gérard Spinelli. Des agents de la mairie soutiennent activement Gérard Spinelli sur les réseaux sociaux et ne respectent pas leur devoir de réserve.

Votre réaction ?

J’ai fait faire des constatations et j’ai averti le préfet sur ce point. De plus, nous avons saisi le tribunal d’instance, car des gens qui ne résident pas sur la commune de Beausoleil continuent de voter ici. J’en ai déjà identifié 8, et certains sont sur la liste de Gérard Spinelli. Je crains pour la sincérité de ce scrutin. Je ferai d’ailleurs appel à la préfecture des Alpes-Maritimes pour en assurer la sécurité et l’organisation. Et si les infractions se poursuivent dans les jours à venir, je ferai appel pour faire annuler ce scrutin.

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