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Terrorisme
« Il y a une lumière au bout du tunnel »

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Instaurée par le président de la République française, Emmanuel Macron, en novembre 2019, la première Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme a eu lieu ce mercredi 11 mars 2020.

À cette occasion, Monaco Hebdo a rencontré Valentina et Adrien qui étaient au Bataclan lors des attaques terroristes du 13 novembre 2015. Si ce couple a réussi à s’échapper de la salle de concert sans blessure, les cicatrices sont autres, toujours très présentes plus de quatre ans après les faits. Interview.

Vous étiez donc au Bataclan le vendredi 13 novembre 2015 ?

Valentina : Oui, nous étions à un concert d’un groupe qu’on aimait beaucoup [les Eagles of Death Metal – N.D.L.R.]. J’avais fait le déplacement exprès, je n’habitais pas Paris à l’époque, mais Adrien oui. C’était l’occasion de se voir et de voir le concert. Nous étions là-bas avec deux autres couples. Nous étions dans la fosse.

À quel moment vous êtes-vous rendus compte qu’il s’agissait d’une attaque terroriste ?

Adrien : Ça a mis un petit moment. Les premières détonations, j’ai tout de suite cru que c’était des pétards. Il y avait une odeur de poudre assez commune des pétards qu’on achète en librairie etc. En fait, c’est en voyant le sang que j’ai percuté.

Valentina : Moi, c’est plutôt en entendant ce qu’ils (les terroristes) disaient. Mais comme tout le monde, on pensait que ça faisait partie du show. Que c’était étonnant comme choix, mais après, tout le monde s’est allongé, et on a compris.

© Photo Iulian Giurca – Monaco Hebdo.

« Les premières détonations, j’ai tout de suite cru que c’était des pétards. Il y avait une odeur de poudre assez commune des pétards. En fait, c’est en voyant le sang que j’ai percuté »

Adrien, rescapé du Bataclan

Que disaient les terroristes ?

Valentina : Ils disaient : « C’est pour la Syrie ! », « Hollande ! »… C’étaient des mots comme ça. Ça paraît irréel, mais on se dit : « C’est ça qui est en train de se passer ». Et ça devient la réalité.

Qu’avez-vous ressenti, à ce moment-là ?

Adrien : C’est un mélange de beaucoup de choses. Il y a de la panique, mais pas trop. Parce qu’on sent qu’il faut rester alerte. Même si on ne se l’avoue pas tout de suite, bien qu’on le fasse assez rapidement, on sent que ça peut vite basculer pour nous.

Valentina : On voit que ça bascule pour les autres. On sent, on entend ce qui se passe, donc on est très conscient du fait qu’il ne faut pas bouger.

Adrien : Tout le monde réagit différemment face à ça. Personne n’est préparé, personne ne peut imaginer comment il va réagir. Mais une sorte de « focus » se fait sur les choses essentielles, c’est-à-dire sortir et rester en vie.

Comment avez-vous réussi à prendre la fuite ?

Adrien : Il y a eu trois tentatives avant nous. Elles ont été infructueuses pour beaucoup, malheureusement. On a eu la chance, nous, de sortir sans dommage.

Valentina : C’était un bon “timing”. C’était un échange de flux, et c’était le bon moment pour nous de s’échapper par l’entrée principale.

Adrien : On s’est levé deux fois, on s’est recouché, et puis on est sorti.

Que s’est-il passé les jours qui ont suivi ?

Adrien : On était amorphe complet. On a fait ce qu’on n’aurait peut-être pas dû : on a beaucoup regardé les médias. Ce qui ne nous a pas forcément aidé, parce qu’on cherchait des informations, on cherchait à comprendre. Le plus gros problème, c’est de comprendre.

Valentina : C’est assez robotisé. On suit un mouvement. On est allé, comme tout le monde, à l’École militaire. Le père d’Adrien nous a forcés, à raison, pour voir la cellule de crise et faire ce qu’on appelle un “diffusing”. On a vu un capitaine de l’armée qui était psychiatre pour les forces spéciales. C’est un désamorçage de l’événement pour nous aider un peu à sortir de cette espèce de sidération absolue, où rien ne fait sens. Cela nous a un peu aidé.

© Photo Iulian Giurca – Monaco Hebdo.

« Si on va au cinéma ou à un concert, on regarde où sont les issues de secours… On se dit toujours que ça peut arriver »

Valentina, rescapée du Bataclan

Et après ?

Valentina : Après, on a quitté Paris pour se mettre au vert dans la région bordelaise. Là, on a eu la chance de pouvoir voir deux psychiatres militaires. On les a vus le 16 ou le 17 novembre, vraiment juste après l’attentat. Ils ont pris tout le temps du monde pour nous, on faisait des sessions de 2-3 heures. Après, j’ai dû retourner travailler dans le sud, et Adrien est retourné à Paris.

Adrien : Ils nous ont sortis la tête de l’eau. Moi, à Paris, j’ai pu revoir le premier psychiatre. On ne s’en rend pas compte quand on n’en a jamais eu besoin, mais en fait, on ne peut pas s’en passer. Certains y arrivent, et grand respect à eux, mais c’est très compliqué. Il y a tellement de questions qui arrivent qu’avant de prendre conscience que ces questions resteront sans réponse, le « pourquoi », on ne peut pas avancer. On ne peut pas avancer tant qu’on n’a pas compris qu’on n’aurait jamais de réponse.

Valentina : Il faut faire de l’ordre dans sa tête, et, pour ce faire, on est obligé de parler. Ça ne fait pas sens, on n’arrive pas à comprendre, on n’est pas fait pour comprendre une telle violence, une telle horreur. C’est inimaginable. Il faut parler, ne serait-ce que pour faire un peu d’ordre. Cela met beaucoup de temps.

Vous considérez-vous comme des miraculés ?

Valentina : Oui. Ce n’est pas un terme que j’utilise, mais ça me suivra jusqu’à la fin. Et pareil, cela fait partie des questions qui n’auront jamais de réponse. On se dit toujours pourquoi nous et pas eux… C’est, dans l’absolu, la chose la plus difficile. Mais par rapport à où nous étions placés… C’est compliqué de se dire qu’on est vivant. On n’arrive pas à comprendre comment c’est possible. Mais on est là, donc oui on peut dire qu’on se considère miraculés.

Adrien : Dans notre malheur, on a été extrêmement chanceux. On a eu une chance folle, ce jour-là.

Êtes-vous encore suivis aujourd’hui ?

Valentina : Moi, je suis encore suivie aujourd’hui. Mais l’objet principal, ce n’est plus vraiment ça. Le Bataclan ressort, mais beaucoup moins qu’avant. Il a bien fallu deux ans, mais tout le monde est différent. Quel que soit l’attentat, les victimes de terrorisme doivent vraiment se faire suivre. On n’a pas forcément les outils pour avancer tout seul après un truc comme ça.

Adrien : Moi, j’ai arrêté quand je suis venu m’installer ici. J’ai préparé le départ avec la psychiatre, et j’ai arrêté le suivi.

Quelles séquelles gardez-vous de cette attaque ?

Valentina : Une hypervigilance aux environnements. Si on va au cinéma ou à un concert, on regarde où sont les issues de secours… On se dit toujours que ça peut arriver.

Adrien : On a perdu un peu cette insouciance. Tout le monde est capable de se dire « je peux mourir demain », mais en fait, personne ne le réalise vraiment. Nous, et tous les gens qui ont vécu des attentats ou des événements hyper-traumatisants, on en a pris conscience, et cette insouciance est dure à retrouver. Je ne suis pas persuadé qu’on l’ait encore retrouvée.

Valentina : Cette insouciance-là sur l’état du monde tel qu’il était le 12 novembre 2015, on ne l’a plus.

© Photo Iulian Giurca – Monaco Hebdo.

« On n’est pas méritant dans la mesure où on a juste eu de la chance. Cette médaille, hiérarchiquement, est au-dessus de la Croix de guerre et je ne me considère pas plus méritant […] qu’un militaire qui a été donner sa vie ou son temps pour son pays »

Adrien, rescapé du Bataclan

Quel rôle a joué votre entourage ?

Adrien : Ça a été important. Chaque message, SMS, mail, appel… même si on ne répond pas, c’est toujours quelque chose d’important, car on se sent soutenu, moins seul. On a besoin d’avoir un entourage, de sentir que si on flanche, des personnes sont là pour nous aider. Nous, on a eu aussi la chance d’être à deux.

Valentina : Nos familles ont été formidables. On est à fleur de peau tout le temps… sachant que c’est très difficile pour eux, et ils ne le montrent pas. Ils doivent supporter nos larmes, quand on flanche… À chaque attentat qui a eu lieu après, c’était une petite rechute.

Moins d’un an après le Bataclan, un attentat a eu lieu à Nice [le 14 juillet 2016 – N.D.L.R.] : comment l’avez-vous vécu ?

Valentina : Très mal. On dînait à La Turbie et un serveur nous a avertis. Ça a été atroce. Heureusement, Adrien était là. À deux, ça a été plus facile. Mais je ne suis pas allée travailler le lendemain, et lui non plus.

Adrien : On a tout fait pour penser que ce n’était pas un attentat mais… On a tendance à passer un peu sous silence les attentats où il y a eu un ou deux morts, ou même pas de morts et que des blessés. Mais en fait, le traumatisme est exactement le même. A Nice, l’horreur n’est pas moindre que le Bataclan. Tous les attentats ont leur part d’horreur, qui a eu un impact énorme sur nous. La proximité de Nice en a peut-être une supérieure, mais on n’a pas moins réagi à Saint-Étienne du Rouvray, à Londres, à Bruxelles… Manchester aussi, car c’était à un concert. Ils ont tous eu une résonance énorme. Même s’il y a eu moins de morts, ça n’a rien changé par rapport à l’impact que ça a pu avoir sur nous.

Valentina : Ça rappelle que cette menace est là.

Certains rescapés des attentats se sont suicidés ?

Valentina : Oui, le suivi psychologique est très important. Beaucoup de rescapés et de victimes, dont j’aurais pu faire partie, se disent « ça va le faire… ». Mais en fait, non. Certains rescapés se tuent, car ça devient trop pour eux. Il faut trouver le bon médecin. Je suis tombée sur des psys horribles, et j’ai mille histoires de rescapés qui sont tombés sur des psys horribles, qui font plus de mal que de bien. Il faut donc prendre le temps de choisir un psy avec lequel on est sur la même longueur d’onde, en confiance…

Avez-vous sollicité des associations de victimes ?

Valentina : Oui, ça s’est fait parce que les personnes qui ont créé les associations les plus connues comme Life for Paris ou 13onze15 sont des gens qu’on connaît du 13 novembre. La personne qui a fait Life for Paris était avec nous au 36 Quai des Orfèvres, le soir du 13. On ne les voit pas forcément parce qu’ils sont sur Paris, mais on fait partie des associations. On a des groupes Facebook limités aux membres et des groupes limités aux rescapés, dans lesquels on dialogue pas mal. Ces associations sont très utiles pour beaucoup de gens.

Êtes-vous toujours en contact avec des rescapés du Bataclan ?

Adrien : Oui. On échange avec quelques-uns. Pas tous les jours, mais régulièrement.

Valentina : On est aussi beaucoup en contact avec la famille de femmes musulmanes, qui nous a hébergés dans notre fuite. Nous sommes devenus très proches.

Adrien : Nous nous sommes cachés dans la cour de leur immeuble, et elles nous ont proposé de monter chez eux. On devait être une trentaine, ou une quarantaine dans un appartement. Elles ont été merveilleuses. Quand on dit qu’on a vu le pire et le plus beau de l’être humain ce soir-là… Le plus beau est passé par elles.

Avez-vous reçu une indemnisation de l’État français ?

Valentina : On a reçu des provisions. On n’a pas encore reçu le solde. C’est un chemin très compliqué, très administratif.

Adrien : On a fait appel à des avocats. Nous, ça nous donne facilement l’impression d’être là, à réclamer. On y a droit, donc on prend ce droit, mais il faut se battre pour avoir ce droit et on n’a pas forcément envie de se battre.

Valentina : C’est fait d’une manière très inhumaine, tous ces barèmes, etc. On doit faire beaucoup de tests, voir des psychiatres mandatés par le fonds de garantie, qui jaugent… Il y a eu beaucoup d’injustices. Beaucoup de gens qui n’étaient pas dans les attentats ont eu plus d’argent que des gens qui y étaient…

Comment ça se passe pour obtenir une indemnisation ?

Adrien : On doit faire une demande, justifier qu’on y était, apporter des preuves, en l’occurrence les places de concert. Ensuite, des experts jugent notre état : est-ce qu’on est consolidé ? En gros, est-ce que notre état ne va pas évoluer dans le mauvais sens, mais dans le bon sens ? C’est difficile, parce que se sentir jugé sur l’état dans lequel on est, c’est un peu désagréable.

Valentina : Et cette histoire de barèmes, selon ce qu’on dit, c’est une somme en moins ou en plus. J’aurais préféré ne pas être au courant (de ces barèmes) parce que ça rend la chose inhumaine. Des gens doivent encore passer tous ces examens, ces expertises maintenant, près de cinq ans après. Ça dure une éternité. Nous, on l’a fait en 2018, trois ans après. Il faut se replonger dedans…

Adrien : Tous les gens le vivent comme une sorte de mini-traumatisme, car on se confie à quelqu’un qu’on n’a jamais vu et on doit lui donner des détails. C’est compliqué.

Le procès des attentats du 13 novembre doit se tenir en 2021 : qu’en attendez-vous ?

Adrien : Moi, je l’ai attendu, mais aujourd’hui, plus vraiment. On attendait que Salah Abdeslam [seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13 novembre 2015 – N.D.L.R.] soit jugé. Mais on a bien compris qu’il ne dirait rien. Tout ce à quoi on aspirait par ses réponses, on ne l’aura pas, car il n’en donnera pas. On n’attend rien de lui. Il a perdu toute humanité à mes yeux. On espère que la peine sera à la mesure de ce qu’il a fait. On n’ira probablement pas (au procès). On n’a pas encore décidé.

Valentina : On peut comprendre que ce procès soit important pour d’autres personnes qui ont été blessées, qui ont perdu quelqu’un… mais nous, on n’en attend plus rien.

Avez-vous assisté à des concerts depuis le Bataclan ?

Valentina : Oui. Ça a mis du temps mais oui, on en a fait plusieurs. Moi, je ne pensais pas pouvoir en refaire. On aimait beaucoup faire des concerts, des festivals (avant le Bataclan). Je m’étais dit que ce n’était plus possible et au final, avec le temps… Les premiers ont été de supers souvenirs. Maintenant, c’est reparti. Mais il a quand même fallu 4 ans.

Adrien : On a commencé en plein air, et après, on a été en salle fermée.

Comment s’est passée la première fois dans une salle fermée ?

Valentina : Ça s’est très bien passé.

Adrien : On y a pensé, mais on a très peu angoissé avant, en tout cas pas autant qu’on aurait pu le penser.

Valentina : Après, on se dit toujours que rien ne nous empêche de rentrer, de ne pas être à l’aise… On ne se pose plus de question. Si quelque chose n’est pas agréable pour nous, on ne se force pas.

En termes d’organisation et de sécurité, avez-vous vu une différence entre l’avant Bataclan et l’après ?

Valentina : Juste après, oui. Mais les gens oublient, donc ça devient plus laxiste. Je ne sais pas si les conditions de sécurité sont les mêmes que juste après un attentat.

Adrien : On peut avoir 15 agents de sécurité, s’il y a deux fous qui arrivent avec des armes automatiques… ils ne pourront pas faire grand-chose. Il n’y a pas de miracle. Mais les gens sont quand même plus alertes maintenant.

Envisagez-vous un jour de retourner au Bataclan ?

Valentina : On n’est pas retourné dedans, car, en avril 2016, il était encore fermé. Mais on est allé devant le Bataclan. Moi, j’aimerais bien retourner dedans. Je pense que ce serait un moment horrible, mais j’aimerais y retourner pour rendre hommage à ceux qui sont morts là-bas. C’est personnel, ce n’est pas pour voir le Bataclan. C’est spirituel. Peut-être aussi que j’en ai besoin pour ma reconstruction. En 2016, c’était important pour notre reconstruction, de le voir, de rendre hommage aux 90 personnes décédées…

Le retour des djihadistes et de leurs enfants en France fait débat (1) : cela vous inquiète ?

Valentina : Quand on voit qu’il y a des gens dont le but dans la vie et dans la mort est de nous exterminer, on sait que cette réalité existe. On ne peut pas être à l’aise là-dessus. Les enfants, c’est une autre histoire. Malheureusement, ce sont des victimes des choix de ces adultes. Un enfant ne naît pas méchant. Une réhabilitation et des soins peuvent sauver l’enfant de tout ça. Mais je ne vois pas comment quelqu’un qui a prêté allégeance à un mouvement, qui veut notre mort peut changer. C’est un débat compliqué.

Adrien : On peut peut-être prendre le pari que ça va marcher pour certains, mais les autres, qu’est-ce qu’on en fait ? On a des personnes qui se revendiquent comme nos ennemis, et on les accueille chez nous.

Valentina : Tout le monde a le droit à une seconde chance, mais là, ça dépasse tout. Nous qui avons été confrontés à cette haine, on est peut-être moins rassurés que les autres.

Mercredi 11 mars 2020 a eu lieu la première Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme : qu’en pensez-vous ?

Valentina : J’aurais préféré qu’elle n’existe pas. C’est important pour certaines personnes, pour d’autres un peu moins. C’est symbolique, et le symbolique a de l’importance parfois.

Adrien : C’est bien qu’elle existe, parce que c’est important de pouvoir se rappeler toutes ces victimes innocentes. On a tendance à oublier au fur et à mesure que les années passent… Donc c’est important d’avoir ces moments-là pour rappeler que ça existe. Il ne faut pas oublier les gens qui sont morts.

Vous avez reçu à cette occasion la médaille nationale de reconnaissance : qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Adrien : C’est la reconnaissance qui permet psychologiquement de ne plus se considérer au quotidien comme une victime. La hiérarchie de la médaille peut poser question. On n’est pas méritant, dans la mesure où on a juste eu de la chance. Ce n’est pas du mérite. Cette médaille, hiérarchiquement, est au-dessus de la Croix de guerre, et je ne me considère pas plus méritant qu’un académicien, et encore moins qu’un militaire qui a été donner sa vie, ou son temps, pour son pays. On le prend comme une reconnaissance, comme quoi on est des victimes. Mais on accepte moins son placement hiérarchique par rapport aux autres décorations.

Si vous aviez un message à faire passer aux victimes de terrorisme, ce serait lequel ?

Valentina : Aller mieux est possible. Il y a quatre ans et demi, si on m’avait dit « tu vas aller comme ça, tu vas en être là dans ta vie… », je ne l’aurais pas cru. Je pensais que je ne m’en remettrais jamais. On ne l’oublie pas, on a tous le cœur brisé pour toujours. Il y a un avant et un après, c’est évident. Mais avec du dialogue et de l’aide, notamment psychologique, on peut aller mieux. Il y a une lumière au bout du tunnel. La vie peut reprendre presque comme avant.

Adrien : On peut se remettre de ça et reprendre une vie. Il ne faut pas partir du principe qu’on va oublier ce qui s’est passé, car on n’oubliera jamais. Il faut partir du principe qu’on peut vivre avec cet événement qui est arrivé. Ça met du temps, mais ça revient…

1) A ce sujet, lire Les revenants. Ils étaient partis faire le jihad, ils sont de retour en France de David Thomson (Le Seuil/LesJours.fr), 304 pages, 19,50 euros.

Vidéo : Le témoignage de Valentina et Adrien, rescapés de l’attaque du Bataclan le 13 novembre 2015

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