vendredi 26 avril 2024
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Des taxis français voulaient manifester pendant le Grand prix : pourquoi ils se rétractent 

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En France, la fédération des taxis de province (FFTP) et le comité Côte d’Azur VTC (CCA VTC) avaient déposé conjointement un préavis de grève pour la période du Grand Prix de Monaco, avant de se rétracter. Le gouvernement va leur délivrer plus de vignettes, pour calmer le jeu

Vite montée, puis vite retombée, la colère d’une frange de taxis français n’a pas fait long feu. Après l’appel à la grève d’une partie des salariés de la SBM, puis celui d’une partie des effectifs de l’hôtel Fairmont [à ce sujet lire xxx, publié dans ce numéro — NDLR], des taxis français envisageaient eux aussi de perturber le déroulement de la course de Formule 1 pour mieux faire entendre leurs revendications : «Nous constatons que le gouvernement monégasque continue de traiter les professionnels français du transport léger avec mépris en laissant s’enliser, depuis décembre 2021, la question de la législation concernant les conditions de circulation et de prise en charge qui sont imposées aux professionnels français en principauté.» C’est par ces mots que Fabrice Cavallera, président de la fédération des taxis de province (FFTP) et Christophe Sella, président du comité Côte d’Azur VTC (CCA VTC), se sont adressés au préfet des Alpes-Maritimes, dans une lettre signée conjointement. Ils ont en effet déposé un préavis de manifestations en préfecture, mardi 10 mai 2022, sur sept axes, à l’occasion du Grand Prix de Monaco, à partir du jeudi 26 mai, jusqu’au 29 mai 2022.

«Alors même que la saison est déjà bien entamée, avec les évènements des Grands Prix, les professionnels français se trouvent bloqués avec des quotas restreints de vignettes, mis en place lors de la crise Covid, en 2020. Des sociétés exclues par un dispositif discriminatoire, et des contraintes qui ne sont plus tolérables», ajoutent-ils. Ils estiment être victimes de discriminations vis-à-vis de leurs homologues monégasques : «La stratégie de maintenir les professionnels français à la merci de leurs décisions est inacceptable alors que nos homologues monégasques travaillent en France en toute liberté, créant une distorsion économique préjudiciable. Nous dénonçons avec fermeté cet état de fait, qui pénalise gravement nos entreprises, et confirmons que les taxis et VTC français font cause commune pour faire entendre leur contestation et défendre leurs intérêts.»

Le gouvernement délivre 210 vignettes 

Sans surprise, le gouvernement princier a peu apprécié l’initiative et a d’abord appelé au calme avant de faire une offre. Le nombre de vignettes accordées aux professionnels du transport de personnes des Alpes-Maritimes va être revu à la hausse pour la saison estivale, jusqu’au 31 octobre : 210 vignettes seront accordées au total par les autorités monégasques, soit 180 pour les VTC et 30 pour les taxis, contre 120 à 130 ces deux dernières années [lire notre encadre — NDLR].

«Le gouvernement princier ne pourrait que regretter qu’un début de saison touristique prometteur, à Monaco comme sur l’ensemble de la Côte d’Azur, soit compromis par des mouvements de manifestation alors que nous sortons tous de deux années de crise sanitaire inédite à laquelle s’ajoute un conflit international en Europe», expliquait alors le gouvernement, par l’intermédiaire d’un communiqué de presse, avant l’offre transmise mardi 17 mai 2022. 

Dans la foulée, le préavis de manifestation a été levé par les contestataires du FFTP et du CCA VTC, satisfaits par cet accord. Mais ils préviennent d’ores-et-déjà que les négociations devront reprendre à l’issue du 31 octobre, pour définir les nouveaux quotas de vignettes accordées aux chauffeurs du département français.  

« Propos diffamatoires »

Les taxis de Monaco, sans surprise également, n’ont pas apprécié non plus les menaces de perturbations à l’approche du Grand Prix, c’est peu de le dire. Par le biais d’un communiqué, l’association des exploitants de taxis indépendants (AETIM) n’a pas mâché ses mots au sujet de ce préavis de manifestations : «Nous avons été très surpris par la teneur des propos diffamatoires de ce courrier, aux termes duquel le CCAVTC et la FFTP méprisent les autorités monégasques. En effet, depuis plusieurs mois, des négociations sont en cours entre les différentes autorités de tutelle de chaque corporation afin de trouver un accord pérenne et qui sera juste pour chacune des parties.

L’AETIM estime ainsi que les deux présidents français ont tenté de s’imposer par le force : «Ces blocages ne peuvent que délaisser une clientèle touristique, victime collatérale, d’un conflit qui ne la concerne nullement. L’action prévue dans ces prochains jours aura un retentissement international et donnera une image très négative de la belle région que nous partageons, et que de ce fait, le tourisme sera atténué, ce qui aurait de lourdes conséquences économiques.Comment pourrons-nous justifier les avions, les rendez-vous professionnels, les  évènements manqués par une clientèle subissant involontairement un conflit qui ne les concerne nullement ?»

L’association explique également que «seul une vingtaine de taxis de Monaco prennent en charge desclients monégasques à l’aéroport de Nice Côte d’Azur et uniquement sur réservation», moyennant lavente d’un accès, en accord avec les autorités et la direction.

Toujours au sujet des vignettes, l’AETIM assure que «Monaco ne peut se résoudre à distribuer desvignettes à tous les taxis et VTC français», et rappelle que «le gouvernement princier a toutefois proposé 210 vignettes à répartir entre les VTC et les taxis français en saison estivale, alors que l’ambassadeur de France nous avait propos  un  « chacun chez soi », avec possibilité de dépose sur le territoire français.» 

«Par ailleurs, nous avons reçu le soutien de monsieur le président des taxis Riviera, qui a présenté sadésolidarisation face à cet acte de provocation, nous l’en remercions. Les taxis de Monaco appellent donc leurs confrères français à garder leur calme et à laisser les négociations entre États se poursuivre dans la sérénité. Tout blocage n’aura que des répercussions négatives à long terme, sans pour autant avoir une quelconque influence à court terme», concluait l’association, qui n’a pas réagi à l’offre faite par le gouvernement. 

 

Taxis : le gouvernement ajuste sa politique de vignettes

Une vignette « haute saison » est mise en place du 1er mai au 31 octobre 2022 pour les professionnels du transport de personne des Alpes-Maritimes, annonce le gouvernement, qui précise également que son quota de vignettes est «supérieur de +50% à celui de 2021, soit 210 vignettes» : jusqu’à 180 vignettes pour les VTC et jusqu’à 30 vignettes pour les taxis. Le gouvernement ajoute également que «l’introduction d’une limite de 100 courses par vignette, un temps envisagée, a été abandonnée.» Certaines dispositions actuellement en vigueur font aussi l’objet d’évolutions, comme l’assouplissement de la contrainte «avoir 3 ans d’existence» en ajoutant la mention «y compris, éventuellement, sous diverses formes sociétales successives», pour les VTC uniquement. Suppression également de la contrainte «ayant acquis pendant au moins deux années, une vignette» pour les VTC, et suppression de la contrainte «avoir, entre 2014 et 2019, acquis au moins une vignette» pour les taxis. Les autres principales modalités actuellement en vigueur, notamment les obligations de moralité, demeurent inchangées, selon le gouvernement. Ces dispositions feront l’objet d’une publication exhaustive au Journal de Monaco du vendredi 20 mai 2022. Le gouvernement ajoute qu’il réunira dès le mois de septembre, l’ensemble des professionnels concernés afin de déterminer la mesure qui sera appliquée pour la saison hivernale.