jeudi 25 avril 2024
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Été 2022 : l’été de tous les records

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De jour comme de nuit, à l’intérieur des terres et sur le littoral, le mercure s’est affolé cet été, établissant de nouveaux records de température un peu partout dans l’Hexagone. Selon Météo France, il s’agit tout simplement du deuxième été le plus chaud jamais enregistré après 2003.

Avec une moyenne de 22,7 °C, soit 2,3 °C au-dessus des normales, et 33 jours de canicule, l’été 2022 restera dans les annales comme étant le deuxième plus chaud jamais enregistré, selon Météo France. Il n’est devancé au classement que par l’été 2003, qui affichait une moyenne de 23,1 °C. Une véritable chape de plomb s’est abattue sur tout l’Hexagone, où les températures ont allègrement dépassé les 30 °C entre début juin et fin août 2022. 39 °C ont ainsi été relevés sur la pointe du Finistère, 42 °C à Nantes, 42,6 °C à Paris, et même jusqu’à 43 °C en journée à Arcachon, record absolu de l’été. Si cet épisode caniculaire a marqué les esprits par son intensité, sa durée est aussi inédite. Météo France évoque en effet des « séries exceptionnelles » de jours sous plus de 25 °C. Notamment à Marseille avec 113 jours ou encore à Strasbourg avec 50 jours.

« On peut parler d’été historique, puisque nous avons eu des records de température. Il a fait très chaud par rapport à la normale. Dans les Alpes-Maritimes, nous sommes d’ailleurs sur le deuxième été le plus chaud enregistré depuis 1959 »

Cécile Guyon. Responsable des services prévisions et climatologie à Météo France Sud-Est

Coup de chaud sur la Côte d’Azur

Sur la Côte d’Azur, les records de température sont aussi tombés à la pelle. Notamment au mois de juillet avec une moyenne de 22,1 °C contre 19,2 °C habituellement, soit une hausse de 2,9 °C par rapport aux normales saisonnières selon les données communiquées par Météo France pour le département. Le mois de juin 2022 a aussi été très chaud, avec une moyenne de 19,8 °C pour une normale de 16,4 °C (+3,4 °C), ce qui le place au deuxième rang des mois de juin les plus chauds jamais enregistrés, juste derrière 2003. Enfin, août 2022 restera dans les livres d’histoire comme étant le septième plus chaud jamais enregistré depuis 1959 dans les Alpes-Maritimes, avec une anomalie de +1,8 °C. « Au niveau des températures, on peut parler d’été historique [juin, juillet, août — NDLR] puisque nous avons eu des records de température. Il a fait très chaud par rapport à la normale. Dans les Alpes-Maritimes, nous sommes d’ailleurs sur le deuxième été le plus chaud enregistré depuis 1959 », rapporte Cécile Guyon, responsable des services prévisions et climatologie à Météo France Sud-Est. De nouveaux records ont aussi été établis en ce qui concerne les températures nocturnes. Météo France a en effet relevé pas moins de 88 nuits tropicales à Nice, entre le 1er juin et le 31 août 2022, 92 si l’on y ajoute le mois de mai, lui aussi anormalement chaud. C’est-à-dire que le mercure n’est pas descendu sous la barre des 20 °C une fois le soleil couché. « Les nuits tropicales sont assez classiques sur le littoral. Mais cette année, leur durée est exceptionnelle. Nous sommes juste devant 2003. Donc, c’est un record », explique Cécile Guyon.

La Teste-de-Buch, le 6 août 2022. L’entrée dans la forêt est interdite en raison du danger d’incendie. © elinaxx1v/Shutterstock.

Sécheresse extrême

Autre record battu, celui de l’ensoleillement. Le soleil a brillé 1 065 heures et 51 minutes à Nice pendant la saison. Le dernier record datait de 2001. À l’époque, 1 047 heures et 48 minutes de soleil avaient été enregistrées dans la capitale azuréenne. De quoi assécher les nappes phréatiques, qui atteignent des niveaux anormalement bas cette année sur la Côte d’Azur, souligne la climatologue : « Au niveau des précipitations, nous avons une saison de recharge de septembre 2021 à mars 2022 très très déficitaire. Nous avons donc démarré sur de très mauvaises bases. Il s’agit d’ailleurs de la deuxième saison la plus sèche enregistrée avec un très fort déficit de l’ordre de 52 % ». Cette saison de recharge, qui couvre les mois d’automne et d’hiver, permet d’alimenter les nappes phréatiques. Ces poches d’eaux souterraines situées à faible profondeur constituent notre principale source d’eau potable. Leur assèchement est donc particulièrement inquiétant pour notre climatologue, d’autant plus que « nous n’avons pas pu compter cette année sur la fonte des neiges, ajoute Cécile Guyon. Nous avons vraiment démarré sur de très mauvaises bases au niveau des précipitations d’où les différents arrêtés sécheresse que nous avons eu à subir ». Heureusement, les épisodes pluvieux du mois d’août sont venus un peu rafraîchir l’atmosphère et alimenter les nappes phréatiques : « À la faveur des orages plus ou moins localisés, nous sommes sur le premier mois depuis quasiment 11 mois, où nous avons des précipitations excédentaires sur le département des Alpes-Maritimes ».

« Les nuits tropicales sont assez classiques sur le littoral. Mais cette année, leur durée est exceptionnelle. Nous sommes juste devant 2003. Donc, c’est un record »

Cécile Guyon. Responsable des services prévisions et climatologie à Météo France Sud-Est

Incendies ravageurs

Bien qu’insuffisantes, ces précipitations restent, malgré tout, une bonne nouvelle pour les sols et la végétation, qui ont souffert tout l’été de cette sécheresse extrême. Ce terrain sec et inflammable a été propice aux départs de feu. En France, plus de 62 000 hectares de végétation sont partis en fumée durant la saison. Un triste record, dont se serait bien passée la Gironde, meurtrie par les incendies de Landiras et de La Teste-de-Buch, qui ont ravagé plus de 30 000 hectares de forêt nécessitant l’évacuation et le relogement de plusieurs milliers d’habitants. D’autres départements, habituellement moins sujets aux incendies, ont aussi été touchés par des feux cette saison. Cela a été le cas, par exemple, dans le Jura, dans les Vosges, en Bretagne, ou encore dans le Maine-et-Loire, où 1 400 hectares ont été détruits, malgré l’effort de plus de 170 pompiers. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur n’a pas été non plus épargnée, avec 352 incendies recensés au cours de l’été. Les flammes ont détruit au total plus de 5 400 hectares de végétation, principalement dans les Bouches-du-Rhône et le Var. Parmi les principaux feux, on citera celui du camp militaire de Canjuers qui, malgré la mobilisation de 300 sapeurs-pompiers épaulés par cinq Canadairs et un Dash 8, est tout de même parvenu à parcourir près de 2 600 hectares en juin dernier. Dernièrement, un incendie s’est déclaré dans les Alpes-Maritimes, au niveau du col de Tende, détruisant 8 hectares sur son passage.

« Plus la température de la mer est élevée, plus il y a de l’évaporation. Du coup, on aura au niveau de l’atmosphère à la fois de l’air chaud de basse couche et de l’humidité. Et cela est un ingrédient pour que l’on ait des phénomènes d’orage violents »

Cécile Guyon. Responsable des services prévisions et climatologie à Météo France Sud-Est

Canicule marine

Si la végétation a donc beaucoup souffert des fortes chaleurs et de la sécheresse estivales, c’est aussi le cas de l’écosystème marin. La température de la mer Méditerranée a en effet atteint des records cette saison, avec des pics à plus de 30 °C relevés au large de la Côte d’Azur et de la Corse. « Les températures de mer ont été exceptionnellement élevées. Le fait d’avoir des températures de basse couche élevées influe forcément sur la température de l’eau de mer », explique Cécile Guyon. Selon cette climatologue, ce réchauffement de la Méditerranée pourrait d’ailleurs avoir des conséquences sur la météo des jours et semaines à venir : « Plus la température de la mer est élevée, plus il y a de l’évaporation. Du coup, on aura au niveau de l’atmosphère à la fois de l’air chaud de basse couche et de l’humidité. Et cela est un ingrédient pour que l’on ait des phénomènes d’orage violents. Mais il faut aussi d’autres choses », tempère toutefois la responsable des services prévisions et climatologie à Météo France Sud-Est. Il n’empêche, après un été particulièrement chaud, les inquiétudes se portent désormais sur l’automne où des orages violents pourraient à nouveau éprouver la population azuréenne, encore marquée par le passage de la tempête Alex en 2020.

Pour lire la suite de notre dossier « Canicule, sécheresse… Va-t-il-falloir s’y habituer ? », cliquez ici.