vendredi 19 avril 2024
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Vivre avec un chien en appartement : comment le rendre heureux

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À Monaco, comme dans l’ensemble des Alpes-Maritimes, les maisons avec jardin sont rares, et nombreux sont les propriétaires de chiens à vivre en appartement. Si ce n’est pas le mode de vie idéal, quelques gestes permettent tout de même d’assurer le bon développement de l’animal. Car, peu importe où il vit : l’important est de l’extraire régulièrement de son espace clos.

Un chien en appartement n’est pas malheureux, à condition qu’il en sorte. À Monaco, et dans l’ensemble du département des Alpes-Maritimes, les maisons avec terrain sont une denrée rare, et nombreux sont les propriétaires de chiens à vivre en appartement, dans de petits volumes. Mais il ne faut pas nécessairement un jardin pour que son chien vive bien. Ce dont l’animal a particulièrement besoin, en plus d’une relation privilégiée avec son maître, c’est de l’interaction avec ses semblables. Un chien est en effet un animal sociable, qui aime être au milieu d’autres chiens. Et c’est dehors qu’ils se retrouvent.

« Appartement ou jardin, peu importe, tout dépend du mode de vie des gens. Si le chien ne sort pas et n’est pas stimulé, le jardin ne devient qu’une pièce supplémentaire de la maison » 

François Illy. Éducateur canin diplômé

Sortir régulièrement (et longtemps)

« Appartement ou jardin, peu importe, tout dépend du mode de vie des gens. Si le chien ne sort pas et n’est pas stimulé, le jardin ne devient qu’une pièce supplémentaire de la maison. Il va alors devenir plus « territorial » et il ne pourra relever aucun défi », explique François Illy, éducateur canin diplômé, qui exerce entre Monaco et Nice, par l’intermédiaire de son entreprise Sirius. Les problèmes rencontrés en appartement peuvent en effet être les mêmes en maison, avec jardin : « Le problème de la vie en appartement, c’est le manque d’espace. Le chien aura plus difficilement un espace bien à lui. Il sera au milieu de beaucoup de passage et d’activités multiples. Et cette proximité physique du quotidien risque de créer chez lui de l’hyper-attachement. Cela deviendra un frein à son développement et sera à la source de problèmes de comportement, comme de la destruction de mobilier, ou de l’aboiement qui embêtera le voisinage pendant la journée. Mais ce sera la même chose s’il reste cloîtré dans son jardin. » Il faut donc tout faire pour sortir le chien de son environnement : « Il faut adopter une approche systémique, être le moins possible dans cet espace restreint, pour éviter de créer chez le chien de la tension et de l’irritabilité », ajoute François Illy. Car les problèmes de comportement du chien, provoqués par un mode de vie inadéquat, sont principalement à la source des abandons rencontrés au refuge SPA l’Abri de Monaco : « Quand on souhaite vivre avec un animal, on ne se demande pas suffisamment s’il va vivre dans un environnement adapté à ses besoins. Ne pas y penser, c’est se risquer à l’abandon quand il est trop tard, et qu’on se rend compte que l’animal est trop dur à assumer, ou qu’il est trop malheureux, regrette Jean-Michel Manzone, secrétaire général de la SPA de Monaco. Si l’on ne peut pas le sortir plusieurs fois par jour, il faut s’arranger avec une tierce personne, un membre de la famille ou un professionnel. Et il faut privilégier les sorties dans les parcs des communes limitrophes, comme à Cap d’Ail et à Beausoleil, ou au parc de la Grande Corniche, car il y a peu de terrains adaptés aux sorties pour chien à Monaco. » Le caractère très urbanisé de la principauté pose en effet problème.

S’extraire de la ville

Les problèmes de comportement viennent principalement de l’environnement, et très rarement du chien. C’est le constat de l’éducateur François Illy, qui se révèle particulièrement à Monaco, où l’espace est condensé : « Près de 80 % de mes interventions sont le fruit de problèmes liés à l’urbanisation. Un espace urbanisé est de moins en moins accueillant pour les chiens, car ils sont de plus en plus sensibles aux surplus de sollicitations, notamment au bruit et aux passages de voitures. De ce fait, ils gèrent très mal la contrainte en laisse, et le contact est difficile avec les autres chiens, car il est difficile pour eux de créer des interactions. Le chien manque de socialisation, et il ne peut pas prendre de plaisir avec d’autres chiens, explique François Illy. J’interviens beaucoup à Monaco, qui est l’image parfaite des problèmes d’évolution des chiens dans un milieu très urbanisé. À Monaco, il n’y a aucun endroit où laisser libre un chien. Et lorsque les chiens se croisent, il est fréquent qu’ils sur-réagissent et qu’ils s’aboient dessus. Or, quand j’intègre ces mêmes chiens dans un groupe, au plateau de la Justice, à Èze, ou sur de grands espaces autour de Roquebrune, il n’y a aucun problème, et ils communiquent très bien. Cela veut bien dire que l’élément commun est uniquement l’environnement, et pas le chien, car la pression environnementale devient de moins en moins compatible avec leurs besoins fondamentaux. » S’il est important de sortir régulièrement son animal en dehors des villes et de Monaco, il est important également que les professionnels du chien, entre “dog walkers” [promeneurs de chiens — NDLR], et éducateurs canins, s’adaptent à ces nouvelles contraintes de l’extrême urbanisation :  « Selon moi, la qualification des professionnels n’est plus à jour compte tenu de la saturation environnementale que connaît notre territoire, à l’origine de plus en plus de conflits entre les chiens. Les professionnels ne sont pas suffisamment formés aux évolutions liées aux problèmes urbains et comportementaux. Le dressage loin de la ville uniquement, sur un terrain vague, c’est terminé. Ça n’a plus de sens. »

Optimiser son environnement

De retour à la maison, ou à l’appartement, le travail continue. Pour favoriser le bon comportement du chien, il est important d’enrichir son environnement : « Il faut mettre des pansements sur les carences, et apporter des solutions d’occupations aux chiens quand ils restent plusieurs heures en intérieur. Des stimulations masticatoires par exemple, et différents types de jouets alimentaires. Je conseille les tendons et les nerfs de bœuf, car ils sont difficiles à mastiquer et ils vont procurer un plaisir cognitif par la mastication. On peut passer à des os de plus en plus durs aussi pour certaines races, comme les fémurs de bœuf, ou encore des oreilles de cochon. Depuis dix ans, les rayons alimentaires s’étoffent en animalerie. On en trouve dans des enseignes comme Animalis ou Maxi Zoo. » Le jeu est également primordial, sous multiples variantes :  « Il faut stimuler son chien par des approches où il sera lui-même acteur de son apprentissage. On le guide, mais sans lui donner directement la solution, on peut décomposer un exercice en plusieurs étapes. Par exemple, montrer une friandise, et attendre de voir ce que le chien va proposer comme comportement. On choisira celui qui renforcera la position du calme et de l’auto-contrôle, comme le fait de s’asseoir. » Les techniques sont nombreuses, mais l’objectif est le même : faire en sorte que la vie de l’animal, et de son propriétaire, soit riche et agréable.

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