jeudi 28 mars 2024
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Edito n°1229 : Métavers

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L ’avenir de Monaco passe-t-il par le métavers ? C’est la question qu’a posé Monaco Hebdo cette semaine aux décideurs de la principauté. Pour mieux comprendre les enjeux portés par ces mondes virtuels, nous avons également interrogés des experts en informatique. Ils évoquent sans détour les possibilités que les géants de la tech nous font miroiter, mais aussi les risques sociétaux et de santé publique que pourraient engendrer ces univers virtuels. La promesse est surtout économique pour les Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM), qui ont investi massivement, pour certains, dans le métavers, persuadés qu’ils sauront monétiser ces nouveaux espaces ouverts par le numérique. Il faut dire que les chiffres font tourner la tête. Bloomberg International estime que l’économie du métavers pèsera 800 milliards de dollars en 2024. Trop à l’étroit dans son territoire limité à 2 kilomètres carrés, Monaco est contraint depuis plusieurs dizaines d’années de se résoudre à construire sur la mer pour continuer à se développer. En 1965, les travaux du terre-plein de Fontvieille ont débuté. Ils ont permis de gagner 22 hectares. En 2015, l’urbanisation en mer s’est poursuivie, avec le lancement d’un nouveau chantier, estimé à 2 milliards d’euros, afin de créer un nouveau quartier de six hectares à proximité du Grimaldi Forum, soit 3 % des 2 kilomètres carrés de la principauté. Est-ce que la prochaine extension de Monaco sera virtuelle ? C’est une possibilité que n’écarte pas l’élu de la majorité Priorité Monaco (Primo !) et président de la commission pour le développement du numérique, Franck Julien : « Une idée comme une autre serait de créer un « jumeau numérique » de la principauté dans un métavers. L’Etat pourrait alors y imposer des règles de fonctionnement qui seraient compatibles avec l’éthique qui lui semble correspondre à l’image de Monaco. […] Force est de reconnaître que les secteurs d’activité potentiellement concernés sont très nombreux : tourisme, immobilier, e-commerce, promotion touristique, développement de notoriété, jeux vidéo, évolution du système éducatif, développement d’outils collaboratifs de nouvelle génération, visites virtuelles de musées, etc. ». De son côté, le délégué interministériel chargé de la transition numérique pour le gouvernement monégasque, Frédéric Genta, estime aussi que Monaco ne doit pas laisser passer le train du métavers sans agir : « Monaco devra réfléchir pour en saisir les opportunités […]. Il y a déjà des échanges monnayés pour des biens virtuels qui se voient attribuer une valeur suivant la loi de l’offre et de la demande. […] C’est donc potentiellement une opportunité pour nos entreprises monégasques. C’est pourquoi le gouvernement est très attentif à son développement. » Si le métavers est avancé par ses promoteurs comme une solution à l’étroitesse du territoire monégasque et aux aléas que font peser les pandémies sur l’économie mondiale, d’autres pointent aussi ses limites, qu’elles soient technologiques ou sociétales. « Avec le métavers, des questions de responsabilité, d’éthique, et de santé se posent », estime ainsi Guillaume Moreau, professeur d’informatique à l’IMT Atlantique, et chercheur au laboratoire des sciences et techniques de l’information, de la communication et de la connaissance (Lab-Sticc). Autant de problématiques que devra étudier de très près le gouvernement monégasque.