vendredi 26 avril 2024
AccueilActualitésSantéFondation Flavien — Denis Maccario : « C’est la molécule de l’espoir...

Fondation Flavien — Denis Maccario : « C’est la molécule de l’espoir »

Publié le

Le président-fondateur de la fondation Flavien qui lutte contre les cancers pédiatriques, Denis Maccario, vient de lancer une souscription. Objectif : réunir suffisamment d’argent pour lancer un essai clinique à Marseille pour 36 enfants victimes de rechutes (1). Interview.

Où en est l’essai clinique prévu à Marseille et qui doit concerner 36 enfants en rechute ?

Cet essai clinique va s’appeler Mependax. Il manque le volet administratif, et surtout financier, pour que nous puissions lancer ce test clinique à Marseille auprès de 36 enfants. Dès que l’argent sera sur la table, cet essai pourra commencer.

En quoi consiste cet essai clinique ?

Cet essai clinique aura lieu avec le centre de référence et le professeur en cancérologie pédiatrique Nicolas André. Il travaille au sein du service d’oncologie-hématologie de l’hôpital de la Timone enfants, à Marseille, et il est également vice-président à la recherche pour les hôpitaux universitaires de Marseille. Il est aussi membre de la société française des cancers de l’enfant (SFCE). Nicolas André est une sommité dans le domaine du médulloblastome, qui est une tumeur embryonnaire du système nerveux central. Cet expert a géré le dossier de Flavien. Comme le médulloblastome se trouve dans le système nerveux central, il a été jugé bon de lier cet essai à un autre cancer de l’enfant. Il s’agit de l’épendymome, qui est une tumeur cérébrale située aussi dans le système nerveux central. Du coup, la cohorte d’enfants a été portée à 36.

Tout est prêt du point de vue des médecins ?

Au vu des résultats enregistrés par les travaux du centre scientifique de Monaco (CSM) avec l’équipe du docteur Gilles Pagès et du docteur en biologie et chargé de recherche au département de recherche en biologie médicale du CSM, Vincent Picco, il a été décidé de lancer le plus tôt possible cet essai clinique.

« La lettre du gouvernement princier de février 2022, sous l’impulsion de notre rendez-vous avec le prince Albert II, le 24 septembre 2021, a permis de débloquer la situation sur le don de la molécule du “big pharma” Pfizer »

Avant d’en arriver là, quel a été le processus à suivre ?

Il a fallu négocier le don d’une molécule, l’Axitinib, auprès de Pfizer. Cela a été obtenu après deux ans de discussions. La lettre du gouvernement princier de février 2022, sous l’impulsion de notre rendez-vous avec le prince Albert II, le 24 septembre 2021, a permis de débloquer la situation sur le don de la molécule du “big pharma” Pfizer. Donc l’essai clinique peut avoir lieu. Mais il faut encore passer par toute la bureaucratie qui accompagne cet essai, ce qui est logique. Et il faut aussi réunir les fonds qu’il manque.

Combien coûte cet essai clinique ?

Le coût estimé de cet essai clinique est de 620 000 euros. La fondation Flavien dispose de 200 000 euros. Il manque 420 000 euros. Les hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM) pourraient lancer cet essai si on réunit au moins 400 000 euros. Mais cet essai clinique doit durer plusieurs années, donc on souhaite avoir l’intégralité du financement, parce qu’il n’est pas question d’arrêter ce projet en cours de route, faute d’argent.

Comment trouver les 420 000 euros manquants ?

J’espère que grâce à l’appel aux dons, nous pourrons obtenir une partie de cette somme (2). En parallèle, nous avons fait des demandes de subventions auprès des autorités françaises et monégasques pour obtenir un financement pour ce projet. Nous avons notamment sollicité l’Institut national du Cancer (INCa). Mais nous aurions besoin de réponses rapides. Car les enfants ne peuvent pas se permettre d’attendre le temps que la bureaucratie se mette en route. Aujourd’hui, la maladie n’a ni RTT, ni congés, et elle ne récupère pas d’heures supplémentaires. D’ailleurs, elle en fait des heures supplémentaires…

Combien de temps va durer cette étude ?

Cet essai clinique va durer trois ans.

Cet essai clinique suscite de gros espoirs ?

Cet essai clinique Mependax suscite bien plus que de gros espoirs. Trois enfants bénéficient de ce traitement, en dehors de cet essai clinique, en mode « compassionnel », parce qu’ils sont dans une situation où il n’y a plus rien à faire et que l’on a épuisé toutes les sources de traitements disponibles. Cette molécule, l’Axitinib, est déjà sur le marché, puisqu’elle bénéficie déjà à l’adulte, notamment pour le cancer du poumon et le cancer du rein. Du coup, l’Axitinib est donnée à l’enfant.

Denis Maccario Fondation Flavien
© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

Quels sont les résultats chez ces enfants ?

On a donné cette molécule à trois enfants, et chacun présente un cas différent. Ils souffrent de la même maladie que Flavien, un médulloblastome, mais à des stades différents. Un docteur a dit être resté « scotché » par rapport au résultat de l’IRM de l’un de ces enfants. Et ça, c’est plus qu’encourageant. C’est la molécule de l’espoir.

Quel rôle avez-vous joué auprès de ces trois familles ?

En 2014, mon enfant n’a pas eu la chance d’avoir accès à cette molécule. Et il m’a dit : « Papa, il y a les autres. » Donc, mon rôle a été de mettre sur la table le même message depuis 2014 : « Il faut trouver un traitement ». Aujourd’hui, on a trouvé quelque chose. Maintenant, il faut le mettre en pratique. J’ai débroussaillé le terrain, en aidant ces travaux qui ont permis cet essai clinique. Le rôle de ma fondation est là.

Cet essai clinique est vraiment capital ?

On parle d’économie durable. Mais on devrait plutôt parler de santé environnementale. Elle devrait être au cœur de nos vies. Cet essai clinique va donc durer trois ans. Comme il y a chaque année entre 50 et 60 nouveaux cas par an, il y aura davantage d’enfants malades dans trois ans. Ces enfants risquent d’être laissés sur le côté. Sauf si cet essai clinique est plus que transformé, et qu’il devient une réalité.

Réunir les 420 000 euros manquants quand on se trouve à Monaco, et que l’on défend une cause comme la vôtre, ça devrait être assez facile ?

J’ai toujours eu des difficultés pour réunir les fonds. Mon message, c’est « santé publique, enfants, cancer ». En face de nous, on a « société, concernée, mais pas touchée, et pas engagée ». Les gens touchés par cette maladie s’engagent, forcément. Ceux qui ne le sont pas peuvent se montrer bienveillants et aider. Mais cela représente une infime partie de la population. Que l’on soit à Monaco, en France, ou ailleurs dans le monde, il est difficile de lever des fonds pour sauver des vies, même s’il s’agit d’enfants. C’est très compliqué.

« Il s’agit donc plus que d’un simple appel aux dons. C’est un appel au secours que je lance pour ces 36 enfants »

La période de pandémie de Covid-19 a eu un impact sur les dons ?

Le Covid n’explique pas tout. Surtout que le Covid va devenir un « classique », comme la grippe. Il faut donc rappeler qu’il est important de donner, et que les dons sont défiscalisables.

Vous êtes optimiste ?

Si on se réfère au dernier Trott’n’Roll, qui s’est déroulé le 17 septembre 2022, ça s’annonce très difficile. Cette journée du 17 septembre a été magnifique. Mais le retour financier a été très dur. Nous n’avons pas pu dépasser 20 000 euros de dons. Habituellement, notre Trott’n’Roll nous permet de récolter entre 25 000 et 35 000 euros. Il s’agit donc plus que d’un simple appel aux dons. C’est un appel au secours que je lance pour ces 36 enfants.

1) À ce sujet, lire l’interview de Denis Maccario.

2) Il est possible de faire un don sur le site Internet de la fondation Flavien.