mercredi 24 avril 2024
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Denis Maccario : « C’est le premier essai clinique issu de la principauté »

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Comme chaque année depuis 2015, la fondation Flavien, qui lutte contre les cancers pédiatriques, a remis un chèque de 100 000 euros au centre scientifique de Monaco.

Le président-fondateur de cette fondation, Denis Maccario, évoque le premier essai clinique élaboré en principauté, et explique à Monaco Hebdo comment il poursuit son combat. Tout en se projetant sur 2021, et même 2022.

Entre 2015 et 2020, la fondation Flavien a reversé 643 500 euros à la recherche : avec la crise sanitaire liée au Covid-19, c’est devenu plus difficile pour récolter des fonds ?

C’est difficile. Mais, heureusement, le travail qui a été réalisé avec tout le monde depuis le début paie dans des moments pareils. Car, lorsque le donateur particulier ne peut plus donner, les acteurs institutionnels qui ont toujours été là, continuent d’être là. En 2020, c’est grâce à des mécènes et à de gros bienfaiteurs que nous avons pu boucler notre budget pour 2022. L’année 2021 est donc elle aussi bouclée.

Vous travaillez toujours en anticipation ?

Nous travaillons toujours avec un temps d’avance, car si on était dans l’instant, nous n’aurions pas pu boucler notre budget. Notre gestion en bon père de famille nous a sauvés. Dans le monde associatif, cette année, tout le monde n’a pas pu reverser 100 000 euros, comme nous avons pu le faire auprès du centre scientifique de Monaco le 7 décembre 2020.

Donc, en décembre 2021, vous êtes certains d’être en mesure de faire à nouveau un don de 100 000 euros au centre scientifique de Monaco ?

En décembre 2021 et en décembre 2022, nous pourrons verser 100 000 euros au centre scientifique de Monaco. Entre-temps, nous devrons aussi financer le quotidien. Actuellement, nous sommes dans l’attente, car nous devons payer une pierre tombale. Ce genre de coup dur vient s’ajouter à nos dépenses.

À cause du Covid-19, les gens sont moins généreux ?

Les gens ne se sont pas déplacés sur les événements, du coup, ils n’ont pas participé. En 2020, l’annulation de notre apéritif-concert en début d’été, et de notre Trott’n’Roll en septembre, nous a pénalisés. Heureusement que nous avons pu nous appuyer sur la fibre philanthropique des acteurs institutionnels.

En 2021, la pandémie de Covid-19 se poursuit : l’effet de surprise n’est plus là par rapport à cette épidémie, donc comment allez-vous travailler dans un contexte désormais connu ?

Nous avons toujours cherché à sensibiliser l’opinion publique autour de l’urgence qu’il y a d’agir pour lutter contre les cancers des enfants. En 2020, avec la pandémie de Covid-19, on n’aura parlé que de santé. Du coup, en 2021, nous bénéficierons de cette expérience d’une année pendant laquelle le mot « santé » a été sans doute l’un des mots les plus utilisés dans toutes les langues.

Créé en 2019, le collectif « Stop aux cancers des enfants » a interpellé en septembre 2020 Emmanuel Macron, alors que 22 enfants ont été atteints par un cancer à Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique) et dans ses environs depuis 2015, faisant cinq morts : qu’en pensez-vous ?

Début décembre 2020, un rapport a été remis au prince Albert II par différents scientifiques sur l’état général des océans et leur pollution. En France, une commission d’enquête parlementaire a fait 22 propositions le 16 décembre 2020 à propos de l’évaluation des politiques publiques de santé environnementale. La présidente de cette commission, c’est la députée Sandrine Josso (Modem). L’objectif est de mesurer l’impact sur la santé de facteurs environnementaux d’origine humaine, comme les pesticides et les perturbateurs endocriniens. On se heurte à des blocus de certains lobbies.

Suite à la remise de ce nouveau chèque de 100 000 euros au centre scientifique de Monaco début décembre 2020, qu’attendez-vous ?

J’aimerais que l’on fasse désormais aussi vite pour que soit lancé un essai clinique autour de cette molécule, l’Axitinib (lire les autres interviews de ce dossier, par ailleurs), que ce que l’on fait vite pour le Covid-19. Cette molécule laisse entrevoir de bons résultats pour réduire les souffrances et les séquelles des enfants touchés par des cancers du cerveau. C’est le premier essai clinique issu de la principauté. Je ne dis pas qu’il faut brûler les étapes, bien au contraire. L’essai clinique doit respecter un certain calendrier.

Les principaux avantages de cette molécule, l’Axitinib ?

L’Axitinib offre une toxicité moindre. Cette molécule permet de mieux guérir et de plus soigner. L’Axitinib parvient à aller au cœur du cerveau, en passant la barrière hémato-encéphalique, et elle cible uniquement les cellules cancéreuses, sans détruire les cellules saines. Cet essai sera réalisé par le professeur Nicolas André de l’assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM). Mais il n’est pas sûr que les enfants qui participeront à cet essai seront tous centralisés à Marseille. Pour leur éviter des trajets fatigants, il sera sans doute possible de faire le suivi de la méthodologie et du protocole qui aura été défini là où se trouvera chaque enfant.

L’Axitinib est une molécule qui appartient à Pfizer : qu’attendez-vous de la part de ce géant du secteur pharmaceutique ?

Pfizer va nous aider en nous fournissant l’Axitinib. Les “big pharma” ont la capacité de prendre en charge un essai clinique de ce niveau-là. Même si c’est toujours une question d’argent, là on parle d’enfants. Donc j’espère qu’avec le chiffre d’affaires qui est réalisé actuellement par le monde de la pharmacie avec le Covid-19, un essai clinique de cette taille-là pourra apporter une meilleure image, autre que l’image mercantile que nous avons des laboratoires.

Quelles sont vos relations avec les grands laboratoires ?

Depuis quelque temps, des laboratoires nous soutiennent. Et heureusement qu’ils sont là. Ils m’ont écouté, ils ont vu notre capacité à réagir. Depuis quelques années, des laboratoires nous suivent, comme Bristol-Myers Squibb (BMS), par exemple. La famille “big pharma” est venue nous écouter lors de la biennale de cancérologie qui se déroule à Monaco. D’ailleurs, je travaille déjà sur le contenu de la biennale de cancérologie de 2022. Nous avons besoin des “big pharma”, car ce sont eux qui vont nous aider à développer les techniques de recherche fondamentale face à la recherche clinique. Aujourd’hui, notre fondation est écoutée, mais ça n’aura pas été une mince affaire. C’est un parcours du combattant au quotidien.

Quels seront les temps forts de 2021 pour votre fondation ?

Il faut déjà espérer que la normalité va reprendre sa place, et que l’on nous redonne le droit de faire de l’événementiel en principauté, afin de continuer à sensibiliser le grand public aux cancers pédiatriques. Il faudra, bien sûr, ajouter des gestes barrières. Ensuite, en avant la recherche, fondamentale ou clinique, mais surtout, en avant la recherche !

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