vendredi 29 mars 2024
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Sept ans ferme requis contre Avesani

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2,1 tonnes de cocaïne et 15,8 tonnes de haschich, destinés au marché européen, avaient été interceptés sur un bateau. © Photo DR

Le procès du présumé numéro 1 de la mafia calabraise, Massimiliano Avesani, s’est tenu, mardi 25 octobre, devant le tribunal correctionnel.

L’intéressé n’était pas là, mardi, pour son procès en correctionnelle. Placé sous contrôle judiciaire à Rome, où il a d’abord été condamné à 20 ans puis à 18 ans de réclusion criminelle en appel pour association de malfaiteurs. Massimiliano Avesani, considéré par les autorités italiennes comme le numéro 1 présumé de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, devait comparaître pour blanchiment du produit d’une infraction avec circonstance aggravante. Les faits remontent à l’année 2008. Le SICCFIN, organisme qui traque notamment le blanchiment de capitaux en principauté, alerte le parquet de la détention de comptes au Crédit Foncier de Monaco par Avesani et de mouvements opérés par le narco-trafiquant. L’homme est à l’époque sous le coup de deux mandats d’arrêt internationaux. L’un italien pour l’affaire évoquée précédemment, le second espagnol pour assassinat.

Arrêté après un retrait de 130?000 euros

Le 8 septembre 2008, Avesani est arrêté par la Sûreté publique alors qu’il vient d’effectuer un retrait de 130?000 euros au CFM et de transférer l’argent de ses comptes personnels sur ceux de sa société-écran basée aux Seychelles et de sa femme. Soit une somme équivalente à 1?600?000 euros.
La justice monégasque s’intéresse à quatre versements et doit se prononcer sur l’origine des fonds. A savoir s’ils proviennent des activités criminelles menées par Avesani. Le numéro 1 présumé de la mafia calabraise a participé à un trafic de stupéfiants d’ampleur internationale. 2,1 tonnes de cocaïne et 15,8 tonnes de haschich, destinés au marché européen, avaient été interceptés sur un bateau. Mais Avesani réfute les charges qu’on lui impute en principauté. Il explique l’origine des fonds par diverses ventes?: celles de ses parts dans deux commerces de Rome, d’un appartement et d’un hélicoptère. Son ex-associé, de la boutique de prêt-à-porter, a témoigné à la barre. Celui-ci a confirmé la vente des parts d’Avesani et indiqué n’avoir « jamais parlé » avec lui de ses déboires judiciaires.

«?Pas de preuves?!?»

« Témoignage de complaisance », pour le substitut du procureur Michaël Bonnet, qui a souligné les « fantaisistes » plus-values réalisées par Avesani dans les différentes ventes avancées par le prévenu. « Ce n’est pas trois grammes de stupéfiants qu’on a retrouvé sur le bateau. Ce n’est pas en vendant deux polos qu’on finance une telle cargaison », a-t-il ajouté. Le ministère public a requis 7 ans de prison ferme avec mandat d’arrêt international et une amende de 50?000 euros assortie d’une confiscation des fonds saisis. Me Frank Michel, avocat de l’Italien, a demandé la relaxe et la main levée des fonds saisis par le parquet. « Il n’y a aucune preuve que cet argent provienne d’activités criminelles. On ne connaît pas l’origine des fonds. L’existence d’une société offshore ne prouve pas que l’argent est d’origine illicite […] La condamnation italienne est la clé de voûte de ce dossier. Or, le tribunal ne peut pas se baser sur une condamnation non définitive puisqu’il y a eu pourvoi en révision en Italie ». Et de poursuivre?: « La ‘Ndrangheta est une mafia ethnique. Mon client étant romain, il est absurde de penser qu’il puisse diriger un clan calabrais. Aucun des clients ne pourrait croire un seul instant que l’homme qui leur faisait essayer des chaussures, c’était Don Corleone. Il est autant mafioso que je suis ballerine ». Délibéré le 6 décembre.