vendredi 19 avril 2024
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Monaco défend le crucifix

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Crucifix
“La présence de crucifix ne porte pas atteinte à la liberté d'opinion et de croyance” Paul Masseron. Conseiller pour l'Intérieur. © Photo DR

Alors que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) devrait rendre sa décision à l’automne, Monaco se prononce pour le maintien des crucifix dans les écoles privées.

Tout a commencé par une plainte déposée par Soile Lautsi, une parent d’élève, devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). A l’origine de cette plainte, la volonté pour cette mère que ses deux enfants de 11 et 13 ans soient éduqués sur des bases laïques. Et donc, sans crucifix accrochés dans les salles de classe. Or, si en Italie le catholicisme n’est plus la religion d’Etat depuis 1984, une ordonnance prise pendant la période fasciste impose toujours la présence de crucifix dans les écoles. Mais le 3?novembre dernier, les 7 juges de la CEDH ont estimé que les crucifix posés dans les écoles publiques italiennes étaient «?contraires au droit des parents d’éduquer leurs enfants selon leurs convictions et au droit des enfants à la liberté de religion et de pensée.?» Tout en expliquant que la croix était facilement identifiable comme un signe religieux par les élèves. Ce qui pouvait «?être perturbant pour des élèves d’autres religions ou athées.?» Une décision qui a eu l’effet d’une véritable bombe en Italie. Résultat, le gouvernement italien a bien sûr fait appel dès le mois de janvier de sa condamnation en première instance. Et mercredi 30?juin, la CEDH a étudié cet appel dans une ambiance assez tendue. Mais il faudra attendre plusieurs mois avant la décision finale.

Vers une jurisprudence??

Il faut dire que ce dossier est très sensible. Car la décision des juges européens pourrait faire beaucoup de bruit. S’ils donnent tort à l’Italie, une jurisprudence pourrait s’appliquer dans les 47 pays du Conseil de l’Europe. En clair, une simple plainte suffirait à faire retirer les crucifix installés dans les écoles publiques. A noter qu’à Monaco les écoles publiques n’ont pas de crucifix. Mais la résistance s’organise. D’ailleurs, 10 pays (1), dont Monaco, ont apporté leur soutien à l’Italie. «?Cette décision de justice fait l’objet d’un appel en grande chambre de la même Cour sur saisine de l’Italie qui a sollicité, et obtenu, le soutien de nombreux Etats membres. Comme la Russie, la Roumanie et Monaco. Ainsi que d’autres pays d’Europe occidentale et orientale, rappelle le conseiller pour l’Intérieur, Paul Masseron. Il convient par conséquent d’attendre la décision définitive de la CEDH sur ce sujet.?» De plus, 33 eurodéputés et des associations religieuses ont aussi décidé de se ranger derrière les Italiens qui, selon un sondage publié le 10?novembre, se sont prononcés pour le maintien des crucifix à 84?%. A Monaco, la position défendue est claire?: «?La présence de crucifix dans des établissements de Monaco, dans un pays dans lequel la religion catholique est religion d’Etat, ne porte absolument pas atteinte à la liberté d’opinion et de croyance garantie par la Constitution, dans la mesure où il s’agit d’un symbole, non pas actif, mais passif, fruit de la tradition et de la culture monégasque?», explique Paul Masseron. La décision définitive de la CEDH devrait être rendue à l’automne.

(1) Arménie, Bulgarie, Chypre, Grèce, Lituanie, Malte, Saint-Marin, Roumanie et Suisse.