jeudi 25 avril 2024
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Faux sacs Hermès : deux Azéries condamnées

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Asiya et Valeriya, deux riches étudiantes azéries, ont été condamnées à 8 mois de prison ferme. Elles avaient vendu 11 faux sacs Hermès pour un total de 50 000 euros. Accusé de complicité et d’abus de confiance, un Monégasque de 26 ans, ex-vendeur chez Hermès à Monaco, a été relaxé.

Franchement décontractées et souriantes, Asiya, 20 ans, et Valeriya 19 ans, sont pourtant arrivées menottées dans le box des prévenus. Une attitude qui a déconcerté l’ensemble du tribunal au vu des charges retenues contre elles. Depuis le 2 juillet, ces deux jeunes femmes nées à Bakou, en Azerbaïdjan, attendent à la maison d’arrêt leur procès pour escroquerie. Elles étaient jugées pour avoir vendu des contrefaçons de sacs Hermès à trois victimes, dont une seule s’est portée partie civile au procès le 26 janvier. Cette habituée de la boutique Hermès à Monaco a acheté six sacs de cette marque pour 19 500 euros en juin 2015, le septième ayant été échangé contre un sac Chanel authentique d’une valeur de 3 500 euros. Les deux autres victimes, dont on a jamais retrouvé la trace, auraient acheté quatre sacs pour un total de 32 000 euros. Quatre fois plus que le prix initial payé à l’unité sur internet par les deux jeunes vendeuses peu scrupuleuses.

 

Factures

Face au président Jérôme Lavergnolle-Fougeras, les deux Azéris reconnaissent l’intégralité des faits qui leur sont reprochés. Pourtant, lors de son arrestation, Asiya évoque des sacs offerts par son très riche ex-mari russe. En plus de la vente de contrefaçon, les jeunes femmes avaient créé de fausses factures avec un logiciel installé sur leur téléphone portable. A chaque sac vendu, c’est un emballage spécifique d’Hermès qui était utilisé. C’est dans ce cadre qu’entre en jeu un troisième prévenu. Valérian, un Monégasque de 26 ans, qui était alors salarié de la boutique Hermès dans le Carré d’Or depuis plus de deux ans. C’est en boîte de nuit qu’il rencontre les deux Azéries. Une courte relation amoureuse nait alors avec Asiya. A l’audience, la question est de savoir si le jeune homme a effectivement été le complice de l’escroquerie et s’il a abusé de la confiance de son employeur, partie civile au procès.

 

« Mentir »

Lorsque les policiers perquisitionnent son logement, ils trouvent rapidement des fichiers clients, ainsi que des bracelets de parfum de la marque. « Vous n’aviez pas l’impression de sortir des clous ? » lui demande à plusieurs reprises le président du tribunal correctionnel. « C’était une faute grave. Mais jamais je ne pensais être dans une histoire comme ça. J’ai été naïf, j’ai été utilisé, je suis tombé dans une escroquerie », résume Valérian. Le prévenu, qui comparaissait libre, mais sous contrôle judiciaire, nie toutes les charges retenues contre lui. « Elles s’inventent des scénarii, elles s’inventent des vies. Apparemment, ça leur fait plaisir. Elles ne font que mentir » se désole t-il encore devant les jeunes femmes souriantes.

 

Dommages

« Chacun se présente avec innocence et légèreté. Il s’agit de personnes éduquées, d’un milieu social favorable, voire très favorable, tentées par l’appât du gain », s’emporte le substitut du procureur, Alexia Brianti. Pour le parquet, les trois prévenus sont coupables. Alexia Brianti s’est attachée à démontrer au tribunal la culpabilité de Valérian, le seul à ne reconnaître aucun fait : « Il a préféré l’appât du gain à ses principes. » Tout en rappelant que sur les quatre dernières ventes, le jeune homme a touché à chaque fois une commission de 1 000 euros. Contre Asiya et Valeriya, le substitut réclame 10 mois de prison ferme.

Contre Valérian, elle demande 2 000 euros d’amende et six mois de prison avec sursis. « C’était un petit réseau, mais très ingénieux », met en avant Me Yann Lajoux au nom de la première victime. Il demande 30 000 euros pour toutes causes de préjudices confondus. « Ce sont des faits graves qui nuisent à la réputation d’Hermès Monaco », insiste Me Arnaud Cheynut, avocat de la marque. Pour ne pas « entrer en concurrence avec la victime principale », et à cause d’un préjudice d’image, il réclame un euro de dommages et intérêts.

 

Relaxe

Pour la défense des Azéries, Me Nikita Sichov du barreau de Grasse estime qu’« elles ont fait des bêtises et l’ont rapidement reconnu. Cela fait déjà plus de sept mois qu’elles sont en détention, alors que Valérian est resté libre. » Son confrère, Me Xavier-Alexandre Boyer, demande la relaxe de son client, Valérian : « C’est la victime d’une véritable mise en scène. C’était une cible pour ces deux jeunes femmes. On lui promet monts et merveilles. Il s’est fait avoir en beauté… » Finalement, le tribunal a estimé que la culpabilité des deux jeunes filles était avérée. Asiya et Valeriya ont donc été condamnées à 8 mois de prison ferme, ainsi qu’au versement solidaire d’un euro de dommages et intérêts pour Hermès Monaco et de 25 000 euros pour la partie civile. Valérian a été relaxé de toutes les charges qui pesaient contre lui.