Un individu, âgé de 20 ans, comparaissait devant le tribunal correctionnel pour trois faits?: violences volontaires, extorsion à l’aide de menaces verbales et détention de stupéfiants.
«Un prédateur de cigarettes qui peut devenir tout aussi violent que d’autres genres de prédateurs ». Ainsi le substitut du procureur, Jean-Jacques Ignacio, a-t-il dépeint Mohamed, jeune homme de nationalité comorienne de 20 ans. Détenu à la maison d’arrêt de Monaco en attendant d’être jugé, il comparaissait pour trois faits. Violences volontaires ayant entraîné une interruption de travail temporaire de moins de 20 jours, extorsion à l’aide de menaces verbales et détention de stupéfiants (1,80 g de cannabis). L’affaire remonte au 31 octobre 2010, en gare de Monaco, à 4?h?30 du matin.
La scène diffusée à l’audience
Alors qu’il rentre au domicile familial à Beausoleil, Mohamed circule sur un quai de la gare, casque de moto en main, à la recherche de personnes susceptibles de lui fournir une cigarette. Après avoir essuyé le refus d’une jeune femme, il s’adresse à deux jeunes hommes, Thomas et Jérémy, des cousins originaires de Rennes, non présents à l’audience. La discussion s’envenime. Mohamed envoie alors un violent coup de casque à la tête de Thomas, filmé par les caméras de vidéo-surveillance du site et diffusé au cours du procès. Thomas s’écroule au sol et subit de graves dommages, dont des lésions cérébrales internes. « J’ai été provoqué. On m’a insulté et j’ai reçu un coup. Je n’ai pas pu garder mon sang-froid », a déclaré le prévenu, qui dans sa déposition, « se sentait agressif – le soir des faits – après avoir bu trois whisky coca ». « Ce coup qu’on vous a porté, on ne le voit pas sur la vidéo, contrairement au vôtre », a rétorqué le président du tribunal, Marcel Tastevin. Dans sa déposition, Jérémy, le cousin de la victime, a indiqué que « Thomas s’était levé pour intimider Mohamed », qui insistait pour obtenir une cigarette.
Après s’être éloigné, Mohamed est revenu sans son casque, quelques instants plus tard, sur les lieux de son méfait. « Il s’inquiétait de l’état de santé » du jeune homme qu’il venait de frapper, a-t-il expliqué à la barre. Mais la version du cousin de Thomas diverge. Mohamed l’aurait menacé de « mettre un coup de pied dans la tête de la victime pour le faire plonger dans le coma » ou de « le planter » s’il ne lui donnait pas de l’argent pour s’acheter du tabac. Sous la menace, Jérémy lui aurait donné un chèque voyage d’une valeur de 10 euros. « Je n’ai jamais dit que j’allais le planter », a déclaré Mohamed. « Mais dans votre déposition, vous sembliez d’accord pour dire qu’il ne vous a pas donné ce chèque de manière volontaire », a répliqué le président du tribunal. Concernant les stupéfiants retrouvés sur lui, Mohamed a soutenu qu’il ne les avait « pas consommés ».
«Intervention judiciaire ferme»
Marcel Tastevin a évoqué les cinq mois déjà passés à la maison d’arrêt de Monaco par le prévenu. « Vous avez connu quelques problèmes. Vous avez fait l’objet de nombreuses fiches de signalement. Ce n’est pas un comportement irréprochable », a-t-il souligné. Le substitut du procureur, Jean-Jacques Ignacio, a requis une « intervention judiciaire ferme », peine qui ne soit pas inférieure à dix mois de prison. « Le prévenu a fermement sollicité une cigarette. Et avec lui, gare à celui qui ne fume pas ou qui refuse de lui en donner », s’est-il exclamé. L’avocate de Mohamed s’est, elle, dite « satisfaite ou abasourdie ». « Satisfaite car le compte-rendu de la vidéo-surveillance a été versé au dossier et abasourdie car le coup de casque est la seule chose que le film nous révèle », a-t-elle plaidé. La défenseure a demandé la relaxe pour l’extorsion à l’aide de menaces verbales et une peine de cinq mois de prison, soit l’équivalent de la peine déjà effectuée en prison par Mohamed. A l’heure où nous écrivons ces mots, la décision n’était pas encore rendue dans cette affaire.