samedi 20 avril 2024
AccueilActualitésJudiciaire« Papa tape sans raison »

« Papa tape sans raison »

Publié le

A 32 ans, F.B. devait répondre de faits de violences à l’encontre de sa compagne et de ses deux petites filles devant le tribunal de Monaco. Entre 2012 et 2014, il aurait asséné des gifles, des fessées et bien d’autres coups aux membres de sa jeune famille. L’information judiciaire ouverte le 21 octobre 2014 fait suite au témoignage de C. à une assistante sociale de son école, la belle-fille du prévenu, âgée de 6 ans. « Quand je dis que j’ai mal, papa n’arrête pas. Papa tape sans raison. » Lorsque les juges décortiquent l’affaire, ils comprennent que tout bascule à la seconde grossesse de sa compagne. « C’est ce que j’ai vécu qui est réapparu. Je n’ai pas réussi à le gérer » murmure ce pizzaïolo. Son défenseur, Me Christophe Soso, brandit alors le « contexte familial catastrophique » de l’enfance du prévenu. Coups de ceinturon, de cravache, coup de poing de la part de son beau-père et de sa grand-mère… « Il revient de loin avec le passé qu’il a. » De l’autre côté de la barre, Me Sarah Filippi est excédée devant le « discours lisse » du mis en cause. « Ce sont juste des gestes maladroits quand on tire une enfant de deux ans par les cheveux pour la rattraper ? Quand on traite ses enfants de mongoliennes ou de connasses…, s’emporte t-elle. C’est de la destruction, on les empêche de s’épanouir. Et on arrive à une enfant de six ans qui souhaite la mort de son père ». L’avocate monégasque demande une « sanction utile » et un suivi psychologique obligatoire. Pour sa compagne et chacun de ses deux enfants, elle espère 2 000 euros de dommages et intérêts par personne. Tête basse, la silhouette très mince du prévenu ne bouge pas d’un poil. Au juge rapporteur Edouard Levrault qui lui demande s’il reconnaît les violences, F.B. explique avoir franchi la limite. « J’étais trop strict. Inconsciemment, j’ai reproduit ce que j’avais vécu pendant mon enfance ». Son ex-compagne rappelle à la barre les coups et les bousculades. « Je m’interposais tout le temps. Il me poussait, il a l’air mince comme ça mais il avait plus de force que moi. » L’intime conviction du procureur général adjoint, Hervé Poinot, s’est faite en partie grâce aux constations médicales des professionnels de santé et sociaux. Il réclame 12 mois de prison avec sursis. Le délibéré est attendu pour le 11 octobre.