vendredi 26 avril 2024
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Rendez-vous en terre inconnue

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Alain Antognelli en kayak
Alain et Nathalie Antognelli se sont principalement déplacés en kayak dans les mers gelées qui bordent le Groenland. © Photo N.A.Antognelli.

Après 16 mois d’expédition au Groenland, Alain et Nathalie Antognelli sont de retour. Les têtes chargées de souvenirs, les bras remplis d’images et les voix prêtes à lancer un message d’alerte.

Par Andy Calascione.

Alain et Nathalie Antognelli ne sont pas des monsieur et madame Tout-le-monde, assurément. Peu d’entre nous auraient en effet osé ne serait-ce qu’imaginer une telle entreprise?: passer plus de 16 mois dans le grand Nord. Une expédition sur les côtes du Groenland, un des territoires qui reste, encore aujourd’hui l’un des plus mystérieux du globe. Pour ce couple de photographes monégasques, c’était l’occasion d’aller découvrir et apprendre la culture des Inuits. Un peuple plus fantasmé que connu. Un projet amorcé en 2009 par une première expédition estivale, puis renouvelé en 2010, avant le grand départ au mois de mai 2011. « Beaucoup de choses vont sans doute changer prochainement dans cette région », explique Alain Antognelli. « Des bouleversements climatiques, mais aussi politiques et économiques*. Nous avons voulu chercher des images de quelque chose qui n’existerait bientôt plus. » Le couple est revenu avec des dizaines d’heures de films et un nombre incalculable de photos.

Alain et Nathalie Antognelli avec des inuits
Le couple retient avant tout les rencontres faites au cours de l'expédition. © Photo N.A.Antognelli.

Des Inuits 2.0
Ce qu’ils retiennent c’est surtout l’aspect humain « les échanges, les valeurs » de cette folle aventure. Au-delà des clichés séculaires (qui existent pourtant réellement) tels que la chasse au narval, des traîneaux tirés par des chiens loups, ou la quête de l’eau potable, il existe des hommes et des femmes qui vivent bien loin de l’image que l’on se fait d’eux. Qui imagine aujourd’hui trouver dans ces terres reculées, des Inuits inscrits sur Facebook?? Cela n’a rien d’une blague assure Alain Antognelli?: « C’est même très pratique pour communiquer. Ils y sont très actifs. Pour un jeune qui ne peut pas aller d’un village à un autre, c’est assez utile. » Kayaks, harpons, mais aussi réseaux sociaux et Smartphones… le grand écart entre tradition et modernité fait sans doute la force de ce peuple selon Nathalie Antognelli?: « Ils s’adaptent à toutes les situations. Ils seront toujours là dans plusieurs années parce qu’ils ne sont pas du tout matérialistes ». Son conjoint va plus loin?: « Nous sommes dans une société de consommation, on achète pour combler un manque. Ce n’est pas leur vision. Ils sont dans l’échange et le partage, des choses qui ne coûtent rien. On a énormément de chose à apprendre d’eux. »

Prévenir la nouvelle génération
Au retour de ce périple, une autre aventure commence?: celle du partage. Car si cette expérience fut une histoire personnelle inoubliable, le couple se sent le devoir de la montrer au monde. Sensibiliser la population et la jeune génération aux nouveaux enjeux qu’elles vont devoir affronter dans un futur proche. La fonte des glaces, marronnier en vogue ces dernières années, ils l’ont constaté de leurs propres yeux?: « Même le permafrost commence à disparaitre », se désole Nathalie Antognelli. Un livre?? Une exposition?? Ou encore un projet avec les écoles?? Les supports ne sont pas encore décidés, mais une chose est sûre, la matière est là.

*Le Groenland a acquis un renforcement de son autonomie en 2009.