dimanche 2 avril 2023
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Dérèglement climatique : pourquoi ça risque d’aller plus vite que prévu

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Dans un projet de rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sonne l’alerte.

Les impacts liés au dérèglement climatique seront ressentis avant 2050.

Ce n’est encore qu’un projet de rapport, mais ses premières conclusions sont très claires. Rendu public le 23 juin 2021 par l’Agence France Presse (AFP), un rapport provisoire du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), détaille les conséquences qui vont découler du réchauffement climatique. Pendant que certaines espèces vont être rayées de la carte, l’eau va manquer, provoquant des déplacements de population, et un accroissement de la malnutrition. Et même si la baisse des émissions de gaz à effet de serre s’accélérait, cela n’empêchera pas de ressentir les effets dévastateurs du dérèglement climatique. Le ton se fait aujourd’hui encore plus grave qu’il ne l’était lors du précédent rapport, qui date de novembre 2014. « Le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans précédent depuis des décennies, voire des millénaires. L’atmosphère et l’océan se sont réchauffés, la couverture de neige et de glace a diminué, le niveau des mers s’est élevé, et les concentrations des gaz à effet de serre ont augmenté », notaient alors les experts du GIEC dans leur cinquième rapport.

Le Giec prévient que si la hausse des températures est supérieure à 1,5 °C, il faut s’attendre à des « conséquences graves », cela « pendant des siècles », et « parfois » de manière « irréversible »

« Validation »

Il faudra attendre février 2022 pour que ce sixième rapport ne soit publié dans sa version définitive, après une validation des 195 États membres. Et ça promet d’être long, car il s’agira d’intégrer les 40 000 commentaires reçus sur ce texte. Du coup, impossible d’obtenir un commentaire sur ce document transitoire. « Le travail du GIEC étant encore en cours, il n’y aura pas de commentaire à ce sujet », nous a ainsi répondu le service de presse du CNRS. « Il s’agit d’une version très préliminaire et partielle d’un volume du rapport, qui date de novembre 2020. Contrairement à ce qu’on a pu lire, ce n’est pas cette version qui sera approuvée en février 2022 […]. La légitimité et l’autorité des rapports du GIEC vient de leur processus de relecture et de validation très sophistiqué […]. La force de ces travaux, ce n’est pas qu’ils sont meilleurs que d’autres études sur le climat : c’est qu’ils sont soumis à un processus de validation et de relecture absolument intense. Les résultats qui circulent dans la presse n’ont pas encore été soumis à ce processus », a commenté François Gemenne, l’un des auteurs du futur rapport du GIEC, sur son profil LinkedIn. Il se peut donc que la version définitive soit quelque peu différente. Mais, jusqu’à présent, chaque rapport du GIEC a toujours réévalué ses projections à la hausse.

Il faudra attendre février 2022 pour que ce sixième rapport ne soit publié dans sa version définitive, après une validation des 195 Etats membres. Et ça promet d’être long, car il s’agira d’intégrer les 40 000 commentaires reçus sur ce texte

Menacés

Reste que les principales conclusions de ce rapport provisoire diffusées par l’AFP sont très alarmantes. On se souvient qu’en 2015, l’accord de Paris sur le climat, signé notamment par Monaco (1), impliquait une limitation du réchauffement à 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, voire à 1,5 °C. Mais aujourd’hui, le GIEC prévient que si la hausse des températures est supérieure à 1,5 °C, il faut s’attendre à des « conséquences graves », cela « pendant des siècles », et « parfois » de manière « irréversible ». Pire, même si la hausse des températures était limitée à 1,5 °C, le GIEC annonce que « les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter ». Notamment les récifs coralliens, qui se retrouvent plus que jamais en danger. Pendant l’été 2020, le musée océanographique et son directeur, Robert Calcagno (2), avaient proposé Immersion, une exposition interactive pour tenter d’alerter les décideurs sur ce sujet. « Alors qu’ils ne couvrent que 0,2  % des océans, les récifs coralliens abritent 30  % de la biodiversité marine. Ces oasis de vie, essentielles à l’Homme à bien des égards, sont pourtant menacées à large échelle », soulignait alors le dossier de presse de cette exposition. Environ 500 millions de personnes dans le monde dépendent aujourd’hui de ces massifs coralliens. Mais ce n’est pas tout. Les animaux qui vivent en Arctique sont également menacés, tout comme les habitants qui évoluent dans un univers glacé, désormais confronté à un réchauffement trois fois supérieur à la moyenne.

« Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernements. Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation » souligne ce projet de rapport, repris par l’AFP

Inquiétante

Selon ce projet de rapport du GIEC, même si la hausse des températures est limitée à 2 °C, cela ne suffira pas à éviter le pire. En effet, la famine va aussi s’accroître, prédit ce document, qui indique que jusqu’à 80 millions de personnes de plus souffriront de la faim d’ici 2050. Quant à l’extrême pauvreté, elle pourrait guetter 130 millions de personnes d’ici dix ans. Avec la montée des eaux et les événements climatiques, plusieurs centaines de millions de personnes vivant sur des côtes pourraient se retrouver sous les eaux. Entre 350 et 420 millions de personnes pourraient souffrir de canicules extrêmes et manquer d’eau, selon que la hausse des températures est cantonnée à 1,5 °C, ou qu’elle atteigne 2 °C. Et, bien évidemment, les pays pauvres vont se retrouver en première ligne. « Les coûts d’adaptation pour l’Afrique devraient augmenter de dizaines de milliards de dollars par an au-delà de 2 °C », indique ce rapport, cité par l’AFP. Résultat, au vu de la situation, il n’y a plus à tergiverser, estiment les experts du GIEC. En effet, des demi-mesures ne permettront pas d’inverser suffisamment une tendance qui est déjà très inquiétante. « Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernements. Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation », souligne ce projet de rapport, repris par l’AFP. Plus que jamais, l’urgence climatique se fait pressante.

1) Monaco s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % en 2020 et de 80 % en 2050, par rapport à l’année de référence, 1990. Le 12 décembre 2020, à l’occasion du 5ème anniversaire de l’accord de Paris sur le climat, le prince Albert II s’est aussi engagé à faire de Monaco un pays neutre en carbone à l’horizon 2050 : « Monaco s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030, par rapport à 1990. » De plus, les financements extérieurs à la principauté devraient aussi monter en puissance : « J’ai décidé que les financements climatiques alloués par mon pays devaient augmenter de façon régulière au cours des années à venir », a ajouté Albert II.

2) Corail, un trésor à préserver de Robert Calcagno, Denis Allemand et Bernard Fautrier (Glénat), 144 pages, 19,95 euros.

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