jeudi 25 avril 2024
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COP21 : « Il faut responsabiliser les habitants »

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Y a-t-il une conscience écologique à Monaco ? Comment sensibiliser les habitants à l’écologie ? Alain Ficini, conseiller national Horizon Monaco, et Jean-François Robillon, élu Union Monégasque, répondent à Monaco Hebdo.

 

L’un est l’ancien président du Conseil national, membre du groupe politique Union Monégasque (UM), devenu élu d’opposition. L’autre fait partie de l’actuelle majorité Horizon Monaco (HM) dans l’hémicycle présidé depuis 2013 par Laurent Nouvion. A l’occasion de cette COP21, Jean-François Robillon et Alain Ficini ont accepté de donner leurs positions. Pour Robillon, aucun doute : « Les Monégasques et les résidents ont commencé à se préoccuper de la protection de la nature avant que celle-ci ne devienne une évidence actuellement ». Du coup, pour Alain Ficini, cette posture impliquerait des comportements citoyens qui se traduiraient notamment, « par le respect des établissements publics, des artères et du tri sélectif. Et aussi par la prise de conscience d’utiliser de moins en moins son véhicule, de favoriser les déplacements avec les transports communs et d’utiliser de plus en plus des véhicules électriques, que ce soit scooter ou voiture ».

 

Label

Le Conseil national essaie de donner l’exemple en misant notamment sur l’éco-responsabilité. Jean-François Robillon, alors président du Conseil national, a signé en 2009 la charte qualité et environnement, faisant du parlement monégasque l’un des premiers en Europe à obtenir ce double label. La certification ISO 9001 nécessite l’implication de l’ensemble des salariés du Conseil national et l’adhésion des élus. Alors que la certification ISO 14001, reposant sur le même principe participatif, permet une diminution de l’impact du travail de l’institution sur l’environnement, en réduisant notamment de façon significative les consommations de papier, d’eau et d’énergie tout en favorisant le recyclage des consommables. « Afin de garantir la continuité de la politique qualité et environnement du Conseil national, la législature du président Nouvion s’est engagée à renouveler ces deux certifications », indique Alain Ficini. En respectant toutes les prescriptions légales et contractuelles concernant le respect de l’environnement. Et en sensibilisant l’ensemble du personnel au respect de l’environnement. Ou encore en adoptant une ligne de conduite d’achats verts.

 

« Responsabiliser »

Cette politique cherche à impulser des comportements plus globaux au sein de la population monégasque. « L’éducation et la responsabilisation doivent permettre d’améliorer leur empreinte carbone sur notre pays et la planète. Si la pression vient des plus jeunes, sa mise en route sera plus rapide et plus efficace. Les opérations médiatiques du Prince Albert, les projets emblématiques, comme le tour du monde en avion ou en bateau à énergie solaire, sont aussi les exemples qui nous encouragent », estime Jean-François Robillon. « La mobilisation de chacun des élus et des permanents est essentielle, afin de contribuer à améliorer la qualité de vie et de l’environnement des générations actuelles et de celles à venir », ajoute Ficini pour HM. Les élus plaident alors pour des campagnes de sensibilisation sur l’intérêt général à respecter certaines consignes et à modifier ses habitudes, que ce soit en termes de déplacements ou de comportements intra-muros. « Il faut mettre l’habitant dans le processus pour le responsabiliser, dès lors cela ne peut que fonctionner » explique encore cet élu HM.

 

« Métro »

Au delà de Monaco, la Côte d’Azur n’est-elle pas en retard sur ces questions ? « Les aires de protection, dont le programme RAMOGE, souhaité par le Prince Rainier, est un exemple multinational France-Monaco-Italie, ancien et toujours valide. Il permet de voir que la Côte d’Azur est parmi les pionnières. Alors bien sûr, la densité de population est des plus élevées. Et les dégâts sur la qualité de vie et l’environnement sont facilement visibles… », rappelle Jean-François Robillon. Au sein de la région PACA, la Principauté est en effet impactée par les passages de nombreux automobilistes. Ce qui crée parfois quelques contradictions entre respect de l’environnement et développement économique. « Il est difficile de l’expliquer, si ce n’est l’attrait de Monaco, que ce soit en termes d’emploi, de tourisme, d’événements en continu, des chantiers en cours, mais un bon nombre de ceux-ci sont en cours (parkings, tunnels, trémie) pour permettre de fluidifier le trafic automobile et de limiter ainsi les émissions de CO2 », tente Alain Ficini. L’élu UM avance une autre possibilité : « Il faut saluer les efforts de ceux qui essaient de développer les transports de passagers par le rail. L’avenir devrait passer par une sorte de métro entre Mandelieu et SanRemo, avec un cadencement élevé pour le transport des travailleurs ».

 

Incinération

Si ces deux élus semblent relativement sur la même longueur d’onde en matière de respect de l’environnement et de politique incitative, en revanche leurs avis divergent sur la question de la future usine d’incinération de Monaco. Interrogée par Monaco Hebdo (lire son interview par ailleurs), le conseiller de gouvernement, Marie-Pierre Gramaglia, rappelle que « la Principauté dispose d’une usine de tri-génération qui sera remplacée prochainement. Le dossier de consultation en vue de l’appel d’offres, qui sera lancé en 2016, est en cours d’élaboration. » Du côté de HM, on constate cet état de fait, sans donner plus de précisions. Jean-François Robillon, pour UM, est plus direct : « Le souhait de UM est de trouver une autre solution que l’incinération intra-muros. » En cause : des raisons sanitaires et l’absence d’amélioration et l’intensification du tri sélectif. « Il ne faut pas oublier que 1 500 collégiens seront scolarisés plusieurs heures par jour à quelques mètres seulement. Et que notre hôpital, actuel et futur, reçoit aussi les émanations de cette usine. » Seul espoir avancé : que l’appel à candidature soit « suffisamment ouvert aux diverses techniques, comme le gouvernement s’y était engagé ». Et que les différents professionnels s’intéressent à un équipement novateur pour le traitement des déchets. « Au moment où notre chef de l’Etat va porter ses propositions à la COP21, il serait surprenant de continuer à pousser vers l’incinération en pleine ville… » conclut Jean-François Robillon. A suivre.