vendredi 29 mars 2024
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Rentrée 2020 Les priorités du Conseil national

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Les élus du Conseil national ont balayé les sujets d’actualité à l’occasion d’une conférence de presse le 15 septembre 2020. Plan de relance, création d’un centre de test PCR, qualité de vie… Les élus restent mobilisés.

par Raphaël Brun, Nicolas Gehin et Ewdin Malbœuf

«J’ai pu informer le ministre d’Etat des priorités du Conseil national en cette rentrée, à savoir : le renforcement de la politique de dépistage de la Covid-19 en principauté, l’attention toute particulière à porter à la qualité de vie des résidents, le respect des engagements concernant le plan national logement, afin d’assurer dans les meilleurs délais, un logement domanial de qualité à tous les foyers monégasques en attente et dont la situation le justifie. Et bien évidemment le soutien aux acteurs économiques et aux salariés, ainsi que le plan de relance. » C’est ainsi que le président du Conseil national, Stéphane Valeri a ouvert la conférence de presse organisée le 15 septembre 2020, égrenant les principaux dossiers de cette rentrée 2020. « Comme l’a dit le président, le dispositif de soutien économique et financier pour tout faire pour « passer » la crise sanitaire, a été à la hauteur. Et le Conseil national y a eu joué tout son rôle, puisque nous avions voté le 21 avril 2020 un premier budget rectificatif de crise de 350 millions consacrés à cette crise inédite », a rappelé Balthazar Seydoux, président de la commission des finances et de l’économie nationale du Parlement monégasque. Il s’est dit satisfait du plan de relance présenté par le gouvernement princier le jeudi 10 septembre 2020, qui consacre une partie importante, à 20 millions sur 75 millions d’euros au numérique. « Le numérique, bien sûr, c’est l’avenir, c’est indispensable de prendre ce tournant pour aider nos commerçants et nos sociétés à vendre mieux, avec l’appui des plateformes numériques. Et puis il y a bien sûr la création du cloud souverain, c’était un projet attendu. Il est vital de se structurer pour être compétitifs et attractifs demain dans ce domaine. » Sans revenir en détail sur les quatre fonds (vert, bleu, blanc, rouge et blanc) correspondant aux secteurs de la transition énergétique (lire notre article dans ce numéro), du numérique, du bâtiment et de la consommation locale, l’élu Priorité Monaco (Primo !) a indiqué que le Conseil national a « toujours soutenu la nécessité de maintenir un haut niveau de commande public qui doit bénéficier avant tout aux commerçants et aux sociétés installés à Monaco, et avant tout aux structures dirigées par des nationaux ». A noter que, selon Stéphane Valeri, président du Conseil national qui s’est exprimé en fin de conférence de presse mardi 15 septembre 2020, le fonds de réserve constitutionnel (FRC) n’a pas perdu d’argent au 31 août 2020, et se trouve même en léger excédent. Un tour de passe-passe qu’il faudra détailler, alors que 477 millions d’euros de crédits supplémentaires pour combler le déficit ont été votés le 21 avril 2020 au titre du budget rectificatif. Lesquels ont été piochés dans le FRC.

« Tester, isoler, tracer »

Autre sujet abordé lors de cette conférence de presse : les tests de dépistage face à l’épidémie de Covid-19. Et sur ce thème, le président du Conseil national, Stéphane Valeri a été très clair : « Nous avons vu des images qui ne correspondent pas à l’idée que nous nous faisons d’un Monaco qui doit être plus ambitieux et plus performant que les pays voisins : des files d’attentes interminables devant un laboratoire privé, qui a fait ce qu’il a pu, ce dont je remercie ses dirigeants, pour pallier le manque de capacité de dépistage public. Le dispositif mis en place par le conseiller-ministre de la santé était peu lisible et insuffisant pour celles et ceux qui voulaient ou devaient se faire dépister. Les élus ont été destinataires de très nombreux messages : le sentiment général était que le parcours pour se faire tester s’apparentait à un parcours du combattant, avec souvent plus de huit jours entre le début de la démarche et l’obtention d’un résultat, et même pour des personnes symptomatiques ou des cas contact avec pourtant une ordonnance médicale. » Reprenant que depuis le mois de mars 2020, l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) répète « tester, isoler, tracer » représente le meilleur moyen pour stopper la propagation de l’épidémie », Stéphane Valeri a évoqué une proposition faite par le conseiller-ministre pour la santé, Didier Gamerdinger : « Ouvrir un nouveau centre de prélèvement, à la Villa Speranza, rue Bel Respiro, tout en maintenant des prélèvements au stade Louis II. » Les élus ont donc formulé une contre-proposition : ouvrir un seul centre national public de dépistage au Grimaldi Forum ou à l’espace Léo Ferré. « Nous remercions le ministre d’Etat et le gouvernement qu’il dirige, d’avoir entendu notre demande, puisque ce centre ouvrira dès demain [le 16 septembre 2020 — N.D.L.R.], à l’espace Léo Ferré », a ajouté Stéphane Valeri. Maintenant, il faut augmenter les capacités de tests et d’analyse en principauté. « Il faut accélérer l’achat et la livraison des automates et des réactifs nécessaires, pour les tests PCR. Rappelons que nous avons voté 300 millions d’euros dès le mois d’avril 2020, pour que le gouvernement ait tous les moyens nécessaires pour protéger notre population et notre économie contre cette crise », a souligné Stéphane Valeri, tout en demandant d’établir un sens des priorités : d’abord les personnes symptomatiques et les « cas contact », qui devraient être testés dans les 24 heures. « Pour le reste de la population, qui a besoin de voyager ou de se rassurer, ce qui est compréhensible, la mission doit revenir aux laboratoires privés », a estimé le président du Conseil national. Tout en formulant une autre proposition à destination du ministre d’Etat, Pierre Dartout : « Dans le domaine de la santé encore plus que dans les autres, il faut savoir anticiper et renforcer notre autonomie. C’est pourquoi aujourd’hui nous demandons également au gouvernement de mettre en place des tests salivaires, désormais fiables, plus confortables et aux résultats beaucoup plus rapides que les tests PCR. »

Les élus n’oublient pas la qualité de vie

Outre la politique de dépistage, les perspectives budgétaires et le plan de relance, le Conseil national a profité de cette conférence de presse de rentrée pour rappeler tout l’intérêt et l’attention qu’il porte à la qualité de vie en principauté. Par la voix de sa vice-présidente, Brigitte Boccone-Pagès, la représentation nationale a en effet insisté sur la nécessité de préserver la qualité de vie en principauté, y compris en période de crise sanitaire. « Depuis maintenant près de deux ans, le Conseil national a fait de la qualité de vie l’une de ses priorités », a-t-elle d’abord rappelé avant de souligner que les élus nationaux restaient toujours mobilisés et sensibles à ce sujet malgré le contexte sanitaire. « Au moment du déconfinement, beaucoup de résidents ont eu le sentiment que cette qualité de vie serait sacrifiée. Mais nous avons été vigilants et nous le serons encore », a prévenu la vice-présidente du Conseil national, lançant un avertissement à peine voilé au gouvernement princier et son nouveau ministre d’État, Pierre Dartout. Dans le viseur des élus figurent encore et toujours les chantiers. Si Brigitte Boccone-Pagès a assuré que le Conseil national était « bien évidemment favorable aux chantiers » qu’il juge « indispensables » pour tout ce qu’ils apportent à la principauté (création d’infrastructures d’intérêt public et de logements pour les Monégasques, développement de la TVA immobilière et des droits de mutation…), les élus ont toutefois appelé le gouvernement à « trouver un juste équilibre entre l’économique et le droit à la tranquillité » des résidents, en mettant en place des chantiers modèles. « Il est nécessaire de mettre en place des protections anti-bruit sur tous les chantiers de la principauté, mais aussi d‘utiliser des engins insonorisés et pourquoi pas électriques, de dernière génération. […] C’est possible ailleurs, pourquoi pas chez nous ? », s’est interrogée Brigitte Boccone-Pagès qui estime que « Monaco doit faire mieux » pour répondre aux attentes de la population. Au chapitre mobilité, la représentation nationale a renouvelé sa demande de gratuité des transports, « toute l’année », mais aussi sa volonté d’électrifier la flotte de bus. « Et cela, sans attendre le renouvellement par l’obsolescence comme c’est pour l’instant prévu par le gouvernement », a réclamé la vice-présidente du Conseil national.

Tests de dépistage massifs dans les écoles : les regrets de Marc Mourou

«L’occasion de tester l’ensemble de la communauté éducative de Monaco avant la rentrée scolaire était un moment clé. Comment ne pas avoir anticipé et proposer ce dispositif préventif ? Nous regrettons que des tests de dépistage massifs obligatoires pour le personnel éducatif, ainsi que des tests facultatifs pour les élèves, n’aient pas été mis en place avant cette rentrée scolaire 2020, ce qui aurait permis de rassurer au maximum les parents, les enseignants et les personnels d’établissements, eux-mêmes demandeurs. » Pour asseoir sa démonstration, le président de la commission de l’éducation, de la jeunesse et des sports, Marc Mourou, a pris l’exemple d’Andorre : « C’est la stratégie qu’a retenue Andorre, petit état comportant des spécificités communes avec Monaco, notamment en raison de l’afflux de touristes durant l’été ainsi que le nombre quotidien de travailleurs frontaliers. Au total, ce sont 11 000 élèves et personnels d’établissement qui ont pu être testés en Andorre avant la rentrée scolaire qui a lieu mercredi 9 septembre 2020, avec des tests sérologiques mais aussi un test salivaire TMA dans la gorge. » Marc Mourou continue donc de regretter le choix fait par la principauté : « S’ils avaient été mis en place à Monaco, ces tests auraient été la garantie d’une image de sécurité sanitaire monégasque dont on connaît l’attractivité et auraient pu également éviter de connaitre la situation anxiogène actuelle des deux élèves testés positifs en début de semaine dernière (un écolier de François d’Assise-Nicolas Barré (FANB) et un collégien de Charles III). » Le gouvernement va procéder à des tests PCR cette semaine pour la totalité des élèves des deux classes concernées. Mais pour Marc Mourou, il reste « l’inquiétude compréhensible des parents et des personnes ayant été en contact proche ».

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