vendredi 26 avril 2024
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Travaux du Larvotto
pourquoi un tel retard ?

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Inauguré le 3 juillet 2021, le site balnéaire du Larvotto est toujours en travaux, plus de sept mois après. Pose de panneaux solaires, fontaine, grandes pergolas… Il reste encore beaucoup à faire pour ce chantier estimé entre 50 et 80 millions d’euros en 2018, et dont le coût atteint désormais 110 millions.

Il suffit de se promener au Larvotto pour croiser les ouvriers qui continuent de s’affairer aux quatre coins de ce complexe balnéaire, dont la rénovation a été validée en 2018. Mais on se souvient que déjà, en mars 2014, l’élu du Conseil national, Philippe Clérissi, avait révélé que la rénovation du quartier des plages par un architecte paysager était dans les tuyaux. Puis, il a fallu attendre décembre 2018, pour que le ministre d’État de l’époque, Serge Telle, indique que les travaux pourraient débuter à l’automne 2019. Les travaux ont officiellement débuté en octobre 2019. Le 3 juillet 2021, le site balnéaire du Larvotto a été inauguré, laissant penser qu’il était terminé. Mais il n’en était rien.

travaux du nouveau Larvotto
© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

« Lors de l’ouverture de juillet 2021, nous savions que certains travaux resteraient à terminer à partir d’octobre 2021 »

Le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme

« Interruptions du chantier »

C’est en effet une ouverture très partielle qu’a connue le Larvotto pendant l’été 2021, puisque toute une série de travaux sont, encore à l’heure actuelle, toujours en cours. Interrogé par Monaco Hebdo, le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme du gouvernement monégasque a listé la longue liste des tâches qu’il reste à accomplir : « Grandes pergolas centrale, nord, et les deux petites pergolas qui longent la piste cyclable, pose des panneaux solaires sur toutes les pergolas, restauration de la fontaine Lartigue, berme centrale (zone limitée à la sortie de la nouvelle rampe du parking), une zone d’agrès de sport, installation de l’œuvre Bezzina sur l’épi sud, et les levées de réserves. » Comment en est-on arrivé à cette situation ? « À l’origine du projet, les travaux étaient organisés sur trois saisons. En optimisant le calendrier, ils ont ensuite été programmés sur 26 mois, avec un achèvement prévu fin 2021, et des interruptions du chantier lors des mois estivaux 2020 et 2021 », explique-t-on du côté du département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme. Reste à expliquer cette inauguration du site du Larvotto, qui a étonné une partie des résidents de la principauté, alors que les travaux étaient loin d’être terminés. Le gouvernement assume, et indique que « lors de l’ouverture de juillet 2021, nous savions que certains travaux resteraient à terminer à partir d’octobre 2021 ».

© Photo Iulian Giurca / Monaco Hebdo.

Concernant la livraison de la fontaine Lartigue, l’artiste en charge de ce dossier « n’a finalisé son projet de rénovation qu’à l’automne 2021 ». En ce qui concerne les jeux d’enfants conçus par le paysagiste, ils n’ont pas été jugés « satisfaisants, ce qui a conduit à choisir des jeux différents »

« Aléas »

Ce retard dans la livraison de ce chantier s’explique pour plusieurs raisons, estime le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme. À commencer par la situation sanitaire, avec la pandémie de Covid-19 qui sévit depuis mars 2020 : « Même si ce chantier a repris plus rapidement que les autres chantiers publics, l’effet du confinement de mars 2020 a induit environ un mois de retard : trois semaines d’arrêt, et quelques jours de rodage lors de la reprise dans des conditions imposées par le contexte sanitaire du printemps 2020. » En plus de quoi, le gouvernement évoque « quelques aléas », qui ont aussi contribué à faire sortir ces travaux des rails prévus. Parmi ces « aléas », les panneaux composites des pergolas ont été « plus difficiles à poser que prévu au printemps 2021 », alors que l’ensemble du site était « très occupé par un grand nombre d’entreprises, ce qui ne facilitait pas ce montage complexe ». Le département de l’équipement évoque aussi un « retard d’approvisionnement » concernant les panneaux solaires, lié à la « raréfaction de ce produit en 2021 ». Concernant la livraison de la fontaine Lartigue, l’artiste en charge de ce dossier « n’a finalisé son projet de rénovation qu’à l’automne 2021 ». Enfin, les jeux d’enfants conçus par le paysagiste n’ont pas été jugés « satisfaisants, ce qui a conduit à choisir des jeux différents », ajoute le gouvernement. Les commerces ne sont pas tous opérationnels non plus, loin de là [à ce sujet, lire notre encadré, par ailleurs — NDLR]. Si les commerces qui étaient déjà installés au Larvotto ont tous rouverts, à l’exception de la salle de sport, les nouveaux manquent à l’appel. « Il reste huit locaux à aménager : deux des locaux, attribués à des commerces, un de soins esthétiques, l’autre de décoration, sont actuellement en cours de travaux. Et la salle de sport est en cours d’achèvement », confirme le département de l’équipement.

  • Travaux du nouveau Larvotto
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« Il reste huit locaux à aménager : deux des locaux, attribués à des commerces, un de soins esthétiques, l’autre de décoration, sont actuellement en cours de travaux. Et la salle de sport est en cours d’achèvement » 

Le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme

« Mesures temporaires coûteuses »

Le choix de l’architecte italien né à Gênes, Renzo Piano et du paysagiste français Michel Desvigne, est aussi pointé du doigt : « En faisant appel à un architecte et un paysagiste mondialement réputés, l’ambition architecturale du nouveau complexe balnéaire est très élevée. Certains choix de conception ont conduit à des réalisations sur mesure : façades mobiles, pergolas, garde-corps, ascenseurs… Ces dernières se sont avérées plus longues et difficiles à mettre au point que prévu. Avec des solutions existantes sur catalogue, cela aurait été sans doute plus simple à construire. Mais aurions-nous eu la même qualité finale pour cet espace public, qualité qui a été largement saluée à sa réouverture en juillet 2021 ? ». Ce qui est sûr, c’est que le coût de ce chantier n’a cessé d’évoluer à la hausse. Estimé en mai 2019, à 50 millions d’euros, il a ensuite été réévalué en juillet 2021 à 90 millions. « Il est inexact de mentionner seulement une estimation de 50 millions d’euros, puisqu’en 2018, une fourchette de 50 à 80 millions d’euros avait été indiquée, répond le département de l’équipement, de l’environnement et de l’urbanisme. Le coût final pour l’État sera d’environ 110 millions d’euros, hors contribution au projet Mareterra. » Pour justifier ce dépassement de plusieurs dizaines de millions d’euros, le gouvernement estime que « l’ambition architecturale du projet peut expliquer en partie le coût », avant d’évoquer la problématique des ouvertures estivales du site : « Il faut aussi avoir conscience qu’un chantier qui s’interrompt par deux fois, pour que le site soit ouvert au public en été, engendre des mesures temporaires coûteuses. L’importance d’ouvrir le complexe début juillet 2021, après une année éprouvante en raison du contexte sanitaire, a impliqué des moyens exceptionnels pour tenir cette échéance. » Enfin, le département de l’équipement évoque aussi l’augmentation du coût de « certains matériaux depuis 2021 » et pour lesquels « l’actualisation des prix représente une somme significative », sans communiquer de chiffre précis. Désormais, la fin des travaux a été fixée à « fin avril 2022 ». Ceci « hors levées de réserves », précise le département de l’équipement, qui estime que « le retard est de quatre mois par rapport au calendrier prévisionnel ». Néanmoins, la prudence reste de mise. « Quelques levées de réserve pourront se poursuivre jusqu’à la fin juin [2022 — NDLR], c’est assez classique dans le cadre de la garantie de parfait achèvement. L’enjeu est de parvenir à un résultat à la fois esthétique, fiable dans le fonctionnement au quotidien et durable. »

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La prudence reste de mise. « Quelques levées de réserve pourront se poursuivre jusqu’à la fin juin [2022 — NDLR], c’est assez classique dans le cadre de la garantie de parfait achèvement »

Commerces : quoi de neuf au Larvotto ?

Les nouveaux commerces du Larvotto sont toujours en phase d’installation. Dans les deux duplex situés au centre de la plage, un restaurant mexicain sous l’enseigne Sexy Tacos Playa et un restaurant méditerranéen Bistrot Coe verront le jour. À l’extrémité de la plage, du côté du Méridien, l’enseigne internationale Big Mamma, lancée par Victor Lugger et le Monégasque Tigrane Seydoux, va également s’implanter. De plus, un institut de beauté, Beauty Angels, une boulangerie Costa, un magasin de décoration Interiors Monaco, et un magasin de prêt-à-porter hommes, femmes, enfants et accessoires, chaussures et maroquinerie, ouvriront également leurs portes. En revanche, à l’exception de la salle de sport, les commerçants qui étaient déjà présents au Larvotto ont pu réouvrir, à savoir La Rose des vents, Le Neptune, La Note Bleue, Le Miami, le glacier Mullot, le Palais du Maillot, et la Licorne. L’académie de la mer avec son école bleue et la crèche sont également ouvertes. « L’exploitant de la salle de sport poursuit les travaux d’aménagement, avec pour objectif d’ouvrir le plus tôt possible dans le courant du mois de février 2022 », indique le département des finances et de l’économie. Avant d’ajouter : « Les dossiers d’autorisation de construire sont en cours d’instruction par les services administratifs pour certains, alors que d’autres ont commencé leurs travaux. L’objectif est que tous soient en place pour l’été 2022. »