jeudi 28 mars 2024
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La culture et les dépenses d’équipement touchées

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Michel Roger
Michel Roger © Photo Monaco Hebdo.

En conférence de presse, le gouvernement a présenté les grandes lignes du budget primitif 2012. Avec des précisions sur les restrictions budgétaires qui touchent notamment le domaine culturel et les dépenses d’équipement.

A l’heure où tous les pays, ou presque, parlent de rigueur et d’austérité, Monaco se singularise en martelant depuis plusieurs semaines le même message?: « non à la rigueur oui à la discipline budgétaire ». C’est le message qu’a une nouvelle fois affiché le ministre d’Etat Michel Roger, le 4 octobre, lors de la présentation très attendue du budget primitif 2012. Un document qui sera ensuite étudié à la loupe par les élus du conseil national lors des séances budgétaires programmées les 11, 12 et 14 octobre. « Ce budget rompt avec les années passées. Depuis quelques années nos dépenses sont supérieures à nos recettes. Ce déficit structurel qui est en train de s’installer est très mauvais pour la principauté à moyen terme car il nous fragilise et réduit notre attractivité, a-t-il expliqué. Il faut mettre fin à un déficit de fonctionnement, qui est certes très faible rapporté au PIB monégasque ou par rapport aux pays voisins, mais qui tend à devenir structurel. Le gouvernement a donc proposé au prince de rompre avec cette politique et de revenir à l’équilibre budgétaire dans trois exercices ». Une prudence que le ministre d’Etat a encore justifié en rappelant le contexte international actuel très morose. « Sans jouer les Cassandre, il est hélas prévisible que la crise dans la zone euro risque de nous atteindre dans les mois ou les années qui viennent », a-t-il encore ajouté. Et c’est Marco Piccinini, le conseiller aux finances et à l’économie, qui a affiché les ambitions du gouvernement?: « un déficit tendant à zéro en 2012, l’équilibre absolu en 3 ans, voir pourquoi pas, renouer après 2014 avec la tradition monégasque des excédents budgétaires. Car il ne faut pas oublier que le fonds de réserve de l’Etat est le produit de dizaines d’années d’excédents », a-t-il expliqué. Pour ce budget primitif 2012, le gouvernement s’est ainsi montré plutôt optimiste en tablant sur un budget « primaire » équilibré. Avec des recettes atteignant les 833 millions d’euros et des dépenses affichées d’un même montant (voir détails dans encadré). Une prévision qui ne concerne toutefois que le budget structurel de l’Etat, à savoir les dépenses et les recettes courantes, propres à la vie permanente du pays. Mais qui ne prend pas en compte deux autres paramètres.

40 millions d’euros de provision pour le nouvel hôpital

Car la nouveauté dans ce budget primitif 2012, c’est l’inscription d’une provision annuelle de 40 millions d’euros pour le financement du nouvel hôpital. « Ces 40 millions d’euros de provision, essentiellement liquides, seront désormais chaque année alloués à l’hôpital. Cette somme sera destinée au financement des études (3 à 4 millions d’euros). Et plus de 35 millions seront sécurisés dans un fonds ad hoc », a expliqué Marco Piccinini. Objectif selon le conseiller?: faire en sorte que l’hôpital ne devienne pas une bombe à retardement pour l’économie monégasque pour les générations futures. « Nous commençons dès aujourd’hui à prendre les dispositions financières qui s’imposent. C’est quelque chose d’assez novateur. Contrairement à des pays qui essaient de repousser aux gouvernements futurs les problèmes d’aujourd’hui, nous, nous les anticipons. Ce qui nous permet de faire des arbitrages et d’avoir dans les décennies à venir une cohérence d’investissement », a-t-il rajouté. De son côté, le conseiller aux affaires sanitaires et sociales, Stéphane Valeri a également rappelé que « c’est la première fois qu’un gouvernement souhaite réaliser une provision sur les dépenses plusieurs années avant le démarrage des travaux. On ne l’a pas fait pour la plupart des grands chantiers publics, comme la gare ou le Stade Louis II. C’est un choix de prudence », a-t-il expliqué. Avant de rajouter que « se doter d’un hôpital ultra moderne c’est non seulement un atout pour l’attractivité et une meilleure qualité de soins, mais il faut bien comprendre que si l’on ne fait pas ce nouvel hôpital, chaque année cela représenterait une perte annuelle de 20 millions d’euros de frais de fonctionnement sur le vieil hôpital ». Au-delà de ces 40 millions d’euros de provision pour le nouvel hôpital, le gouvernement a également prévu une autre enveloppe de 17 millions d’euros qui concerne une catégorie à part à savoir « les programmes ». Ce qui correspond selon le gouvernement « à des nouveaux projets ponctuels ». Ainsi, si l’on cumule cette provision annuelle pour le nouvel hôpital et le budget consacré « aux programmes » cela représenterait un déficit « global » de 57 millions d’euros, selon les prévisions du gouvernement.

Les plus touchés

Si le gouvernement a décidé de sanctuariser certains secteurs comme la protection sociale et la santé, la sécurité, l’éducation nationale ou encore la fonction publique, d’autres domaines, sont touchés par de conséquentes restrictions budgétaires. C’est notamment le cas des dépenses d’équipement qui s’élèvent à 228 millions d’euros (soit une baisse de 21,4 millions d’euros par rapport au budget primitif 2011). Sauf que dans ces 228 millions d’euros, le gouvernement a également inclus les 40 millions d’euros de provision prévus pour le nouvel hôpital. Une somme donc encore « virtuelle »… Par conséquent, les dépenses d’équipements s’élèveraient, en réalité davantage à environ 180 millions d’euros, avec un pourcentage de diminution donc bien plus sensible. Autres baisses substantielles?: les dépenses de subventions et d’interventions publiques qui chutent de 8,7 %. Si le domaine social n’est pas touché, les principales institutions culturelles monégasques, elles, le sont. Avec une baisse globale des crédits de l’ordre de 14,6 %. Toutefois, grâce au financement de sponsors privés, la restriction ne s’élèverait selon le gouvernement qu’à ?6,2 %. « Certes, au niveau budgétaire proprement dit, il s’agit d’une diminution de 14 %. Mais grâce aux volontés, notamment d’un certain nombre d’établissements bancaires, la diminution n’est que de 6 % en moyenne. Ce qui veut dire que la culture n’est absolument pas ciblée dans le budget de l’Etat », a estimé le conseiller de gouvernement pour l’intérieur Paul Masseron. L’une des institutions qui trinquent le plus est le Nouveau musée national de Monaco avec une diminution budgétaire de 20 %. Les crédits pour cet établissement passent donc de 4 millions d’euros en 2011 à 3,2 millions en 2012. « Mais nous sommes en train de chercher activement des recettes supplémentaires de sponsorisation », a rajouté le conseiller. Autre entité à subir une coupe budgétaire?: le domaine international, avec une baisse de 3,9 millions d’euros pour 2012 (– 21,2%). Et le domaine sportif avec une coupe de 2,3 millions d’euros.

Budget primitif 2012?: les détails
Dans le budget primitif 2012 présenté par le gouvernement, les recettes s’élèvent à 833 millions d’euros. Soit une baisse de – 1,2 % (– 10 millions d’euros) par rapport au budget primitif 2011 et supérieures de + 5,7 % (+ 44,7 millions d’euros) par rapport à celles inscrites au budget rectificatif 2011. Les recettes fiscales représentent 629 millions d’euros, les produits du domaine de l’Etat 182 millions d’euros et les produits des services administratifs 22 millions d’euros.
Les dépenses ordinaires, (fonctionnement, subventions et interventions publiques) s’élèvent à 661,9 millions d’euros. Elles sont en diminution de –3,8 % sur le primitif 2011 et de –2,9 % sur le rectifié 2011. Les dépenses d’équipement s’élèvent pour leur part à 228 millions d’euros. Somme incluant la provision annuelle de 40 millions d’euros pour le nouvel hôpital.