samedi 27 avril 2024
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L’attractivité avec ou sans l’Europe

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José Badia
José Badia © Photo Charly Gallo / Centre de Presse.

Le gouvernement remanié a effectué sa première conférence de presse. Autour de son leitmotiv?: l’attractivité.

Décidément, l’attractivité se décline à toutes les sauces. Inscrite comme priorité sur la feuille de route fixée par le prince au ministre d’Etat, elle est devenue le fil rouge (et blanc??) de l’action du gouvernement. Une action balayée par les différents conseillers de gouvernement lors du dernier point-presse, le 14 février. Au final, rien de très nouveau sous le soleil. La délinquance serait en baisse?: les faits délictuels ont ainsi chuté de 11 % sur les premières semaines de 2011 selon Paul Masseron. Monaco est en quête d’espace?: « La principauté a besoin de 350?000 m2 tous les 10 ans, autant pour l’habitat que pour le développement des activités économiques », a rappelé la « benjamine » du gouvernement, Marie-Pierre Gramaglia. Et selon le ministre d’Etat, Monaco n’a pas été épinglé par le conseil de l’Europe?: interrogé sur le dernier rapport de l’ECRI – qui liste un certain nombre de recommandations que l’Etat monégasque doit adopter –, Michel Roger a indiqué qu’il serait aisé d’adapter le code pénal afin de qualifier les actes racistes comme circonstance aggravante.

« Ce n’est pas un débat idéologique »

C’est finalement du côté des relations extérieures que vient le réel enjeu de l’attractivité monégasque. Celle-ci – qui peut désormais compter sur des délais de création d’entreprise réduits de trois à deux mois et sur un service MBO (Monaco Business Office) polyglotte – pourra-t-elle se conjuguer avec un rapprochement avec l’Europe?? Suite à l’adoption du traité de Lisbonne, l’Union européenne a lancé des discussions avec les petits Etats tiers comme Monaco. Un appel qui n’a pas laissé insensible Andorre ou Saint-Marin, de plus en plus attirés par les sirènes européennes. Le Liechtenstein, lui, a franchi le pas depuis un bon moment en adhérant à l’Espace économique européen (EEE). Pour Monaco, le timing sera différent. Pas d’emballement. Le gouvernement compte bien mesurer l’impact d’un rapprochement avec l’Union avant de passer à l’acte. José Badia est rassuré par l’esprit pacifiste et « positif » qui anime l’Union européenne, demandant juste à Monaco de présenter ses spécificités (comme la priorité d’emploi), Michel Roger, lui, exprime des nuances sur la question. « Ce n’est pas un débat idéologique mais économique. Pour bénéficier des avantages du marché unique, jusqu’où faudrait-il tempérer ce qui fait la particularité de Monaco??, s’interroge le ministre, en se défendant de « vouloir faire village gaulois ». Nous ne devons pas oublier que le particularisme monégasque repose sur le fondement de son économie. » En clair, en cas d’adhésion au marché unique, Monaco pourrait devoir tirer un trait sur son régime de priorité nationale et régionale. Et sur quoi encore?? De telles concessions ne sont pas obligatoires?: « Le Liechtenstein a obtenu un certain nombre de quotas sur la libre circulation des personnes et des entreprises. La commission européenne est prête à discuter », confirme José Badia. Sans oublier qu’un rapprochement avec l’Union peut également être intéressant pour les entreprises de la place, en ouvrant les marchés des transports routiers, aériens ou des médicaments…

En attendant que le gouvernement prenne une quelconque décision sur le dossier européen – ce n’est pas pour demain –, il jauge son attractivité avec son nombre réactualisé de résidents. Soit 23?757 au 1er janvier 2011 (de plus de 16 ans), dont 84 % sont originaires de la zone Europe. Ce qui représente « 15 cartes de séjour en moins qu’en 2008 et 132 nouvelles cartes pour 2010 », selon Paul Masseron. De quoi rassurer les mauvaises langues qui parlent d’une érosion des résidents depuis le début de la crise?? « Ceux qui partent ne sont pas obligés de rendre leur carte à la Sûreté mais je ne vois pas pourquoi il y aurait davantage de gens aujourd’hui qu’hier qui rendraient leur carte de séjour », ajoute le conseiller pour l’Intérieur.

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