mardi 23 avril 2024
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« Le travail politique n’est pas fait »

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Conférence de presse sous forme de bilan mitigé de la législature pour les élus Union Monégasque.

Les élus Union Monégasque (UM) sont revenus sur les lois votées au Conseil national au mois de juin. Et, globalement, leur analyse est assez critique. Que ce soit le droit international privé, la garde alternée ou la protection de l’environnement, « ces textes ont presque tous subi des crises d’amaigrissement drastiques » a estimé Jean-François Robillon. Avant d’ajouter : « La loi sur le patrimoine ou sur l’environnement, c’est plus de l’affichage qu’autre chose… » Sur la garde alternée, si UM se dit satisfait d’avoir voté ce texte, ils ont regretté d’avoir échoué à avancer sur la question de l’égalité homme-femme à Monaco. Car il reste très difficile de donner le titre de chef de foyer à une femme en Principauté.

Vie commune

« Une femme ne peut pas être chef de foyer, sauf si son mari n’a aucun revenu et n’est affilié à aucune autre assurance. De plus, on donne des droits à des femmes divorcées, que l’on refuse à des femmes mariées. Ce qui paraît assez extraordinaire pour un pays concordataire… », a ironisé Bernard Pasquier, qui estime que cette question refera surface dans le cadre du contrat de vie commune. Dans le cas d’un couple de même sexe, qui sera alors le chef de famille ? « La réponse évidente serait de laisser les gens choisir, a proposé Pasquier. Et là encore, on va donner des droits à des couples homosexuels que l’on refuse à des couples hétérosexuels ».

« Fondamental »

« Cette histoire de chef de foyer est anticonstitutionnelle. Les Monégasques sont égaux, il n’y a pas de privilèges entre eux », a rappelé Bernard Pasquier, en indiquant que UM avait fait une proposition de loi sur ce sujet dès 2013, sous la présidence du Conseil national de l’élu Horizon Monaco (HM), Laurent Nouvion, « qui a laissé ce texte dans les tiroirs, avec pour argument que ça coûte trop cher ». Un argument économique qui ne convainc pas UM : « En Principauté, il y a ceux qui pensent que les principes doivent s’incliner devant les forces du tiroir-caisse. Et puis, il y a ceux, et nous en faisons partie, qui pensent que le tiroir-caisse doit s’adapter aux principes fondamentaux. Et quoi de plus fondamental dans un pays que sa Constitution ? Si le règlement des caisses sociales est plus important que la Constitution, il faut le dire… », a lancé Grinda. « Tôt ou tard cette situation se débloquera », a prédit Jean-François Robillon.

« Double peine »

Pour la crise subie par les habitants des Jardins d’Apolline, Jean-François Robillon a évoqué une « gestion déplorable » qui concerne tout de même « plus de 10 % de la population monégasque ». En revanche, la solution qui consiste à déplacer les personnes concernées vers le futur immeuble L’Engelin afin de pouvoir faire des travaux, est balayée d’un revers de la main par Jean-Louis Grinda : « La situation est exceptionnelle. Que le gouvernement réquisitionne, comme il en a le droit, les appartements nécessaires pour les Monégasques. Notamment les logements de celui qui a construit les Jardins d’Apolline. Il faut laisser L’Engelin pour les Monégasques qui attendent un appartement depuis trop longtemps, déjà. Les habitants d’Apolline sont pénalisés, tout comme ceux qui patientent pour avoir un logement : pourquoi risquer une double peine ? Juridiquement, le pouvoir de réquisition existe : il faut que l’Etat s’en serve ! »

« Courage »

Plus globalement, les trois élus UM ont jeté un regard assez désabusé sur la mandature écoulée. « Le constat est triste. Quand on dit aux gens qu’ils ne respectent pas la Constitution, qu’il y a des centaines de millions d’euros qui ne sont pas dans le budget et que 21 élus sur 24 tournent la tête de l’autre côté, comment voulez-vous vous faire respecter ? Les Monégasques le voient et ils se disent que le Conseil national ne sert à rien. Et ils ont raison… Tant qu’il n’y aura pas des gens avec plus de courage, le Conseil national continuera d’être une coquille vide », a estimé Bernard Pasquier. Et il y a pire, a jugé cet élu. « Quand nous votons contre un budget, j’ai parfois l’impression de servir d’alibi démocratique au gouvernement qui peut dire que Monaco est bien une démocratie, puisque trois élus votent contre… », soupire Pasquier. Si les trois élus UM ont déploré l’inaction sous la présidence de Laurent Nouvion, ils ont souligné une amélioration depuis l’arrivée de Christophe Steiner à la tête du Conseil national. « Le travail législatif a été fait. En revanche, le travail politique n’est pas fait parce qu’on ne veut pas le faire… », a ajouté Jean-Louis Grinda. Fataliste, c’est Bernard Pasquier qui a eu le mot de la fin : « Le gouvernement a raison de ne pas respecter le Conseil national. Je ne leur en veux pas. De toute façon, quand on dit quelque chose, tout le monde se couche, tout le temps ! »