jeudi 25 avril 2024
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Salaires : « La Principauté
reste compétitive »

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Mehdi Betiche, manager du bureau Hays de Nice, présente l’étude sur la rémunération que son entreprise, leader mondial du recrutement spécialisé, vient de publier.

Les grandes tendances de cette édition 2016 ?

Nous publions cette étude tous les deux ans. Elle couvre la période 2016 et 2017 et nous avons noté un ralentissement des recrutements sur les fonctions techniques et industrielles. Ce qui est logique dans la mesure où la Principauté a décidé de réduire la voilure sur l’industrie lourde et pharmaceutique. Ceci au profit de métiers plutôt orientés vers les services. L’idée est en fait de créer une sorte de technopole à la monégasque, tout en conservant une assise sur les métiers de la banque et de la finance.

Mais avec HSBC qui quitte la Principauté, on s’aperçoit que le secteur bancaire est aussi en mutation ?

Ce secteur est en effet en pleine restructuration, avec de grands acteurs qui se sont lancés dans une stratégie de rachats.

Et le secteur tertiaire ?

On enregistre peu de changements par rapport à ce que l’on observait en 2014. On continue à être régulièrement sollicité, notamment sur les métiers liés à la comptabilité. Comme en France, on observe aussi une pénurie de candidats pour le métier d’expert comptable.

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Quoi d’autre ?

Les familly offices nous sollicitent. Il s’agit principalement de single familly offices qui recrutent du personnel administratif, c’est-à-dire comptable et financier, ou parfois sur des métiers liés à l’investissement, comme le trading par exemple.

Globalement, comment ont évolué les salaires depuis 2014 ?

La tendance reste à peu près la même. Il n’y a pas eu de hausse ni de baisse de salaires sur des métiers en particulier. Pas d’explosion ni de chute non plus. En revanche, à poste et à compétences égales, on constate parfois de grosses différences.

Un exemple ?

Dans le secteur bancaire, un poste lié au marketing affichait une différence de salaire de 30 % entre deux établissements. Même si Monaco a aussi été touché par la crise, la Principauté reste compétitive par rapport au marché de l’emploi français ou italien, et même européen.

La conséquence ?

Une forte concurrence, avec pour un même poste beaucoup de candidats. Du coup, les entreprises qui recrutent sont généralement en position de force pour recruter et pour pouvoir négocier la rémunération.

Quels sont les secteurs les plus dynamiques ?

Le BTP pour lequel on était moins sollicité en 2014 est en train de se relancer, que ce soit sur des emplois de cadres ou pas. Ce qui est logique, car les chantiers ont bien repris en Principauté. L’énorme chantier de l’extension en mer va pousser les entreprises à continuer à embaucher. Dans le secteur technique, pour faire face à des commandes, ou commercial, comme en 2014, la demande est toujours là. Pour la vente, les commerciaux avec un portefeuille déjà existants sont évidemment plus recherchés que les autres. Alors que sur certains recrutements, les commerciaux avec une bonne expérience, même seniors, sont aussi très recherchés.

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A l’inverse, certains secteurs recrutent moins actuellement ?

Le secteur des métiers maritimes, le yachting, les croisiéristes ou le shipping ont enregistré une baisse dans leurs recrutements. Cela peut s’expliquer par une baisse du prix du baril de pétrole. C’est sans doute une phase cyclique.

Quel est le profil type du salarié monégasque ?

D’une façon générale, pour les recrutements en CDD et en CDI, on va demander un niveau de compétence plus élevé à Monaco que dans une ville française de taille comparable. C’est au minimum un niveau Bac+2. Pour les langues par exemple, il est bien de parler anglais et en plus une autre langue européenne.

Quelle est la répartition des postes entre temps partiel et temps plein ?

Sur 10 recrutements que l’on fait, on en a 9 sur du temps plein. Le temps partiel est donc ultra minoritaire.

Il y a une corrélation entre la nationalité et les postes occupés ?

Pas vraiment. Il existe quand même une grosse communauté anglo-saxonne dans le milieu du shipping et du yachting. Mais on recrute aussi des Anglais dans le secteur bancaire, dans les métiers techniques, bref surtout dans le secteur tertiaire. En revanche, on recrute rarement des Anglais pour travailler dans le BTP.

Au-delà de la préférence nationale, est-ce qu’il y a parfois de la discrimination à l’embauche à Monaco ?

La seule discrimination se fait sur les compétences. Les entreprises doivent expliquer pourquoi elles embauchent un candidat. Et puis, il y a aussi le paramètre du lieu de résidence du candidat qui pèse dans le choix final.

C’est-à-dire ?

Un candidat a plus de chance de décrocher un emploi à Monaco s’il habite dans l’une des trois communes limitrophes autour de la Principauté que s’il vit dans le Var. Ce qui n’empêche pas parfois de voir des Parisiens rejoindre Monaco mais il faut vraiment avoir des compétences que l’on ne trouve pas localement.

Et Nice, c’est trop loin de Monaco ?

Non mais au-delà de Nice, ça devient compliqué. Car les temps de transport des salariés pose de réels problèmes aux employeurs.

Le secteur du luxe résiste toujours aussi bien ?

Oui, c’est un secteur qui résiste plutôt bien. On continue d’ailleurs d’être sollicité, notamment sur les métiers de vente au détail.

La crise a eu un impact sur les rémunérations ?

Si les budgets sont définis par les entreprises avec beaucoup de précision, ils sont réalistes par rapport au marché du recrutement. Mais il reste encore quelques structures qui acceptent d’ouvrir leur recrutement à des candidats plus expérimentés et donc avec un niveau de rémunération plus élevé. En tout cas, le niveau de prétention salariale est un point important. Donc à compétences égales, le candidat avec une prétention salariale plus élevé ne sera pas retenu.

Les perspectives pour 2017 ?

Il faudra voir l’année prochaine si la mise en place du télétravail à Monaco a une incidence sur l’ensemble des métiers concernés. Je pense qu’il continuera à y avoir des opportunités sur les postes comptables, plus que sur les postes financiers. Il y a aussi les métiers de la construction, avec pas mal de chantiers, et notamment l’extension en mer lancée par la Principauté. Le secteur de l’expertise comptable devrait aussi continuer à être porteur.

Les secteurs plus à la peine en 2017 ?

Pour les métiers de la banque et des assurances, je suis un peu plus réservé, car on est là dans un marché très concentré. Donc je n’imagine pas qu’il y aura une forte hausse des recrutements en 2017 dans ce secteur. Mais il faudra affiner ces perspectives bien sûr. Notre prochaine étude sur les salaires devrait être publiée en septembre 2017.

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