vendredi 26 avril 2024
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Miser sur les valeurs, pas sur les marchés

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© Photo D.R.

Le temps est à la réflexion et aux convictions. Privilégier les valeurs plutôt que les tendances de marché pourrait se révéler gagnant.

Après un été particulièrement périlleux, la rentrée est encore des plus agitées avec des marchés d’actions qui enchaînent fortes baisses et rebonds techniques. Difficile donc de prendre du recul même si les niveaux de cours atteints par la plupart des sociétés cotés peuvent paraître bien tentants pour reprendre des positions. De nombreux gérants conseillent actuellement de constituer des liquidités pour se prémunir de nouveaux trous d’air mais également de s’affranchir des tendances de marché pour se focaliser uniquement sur les valeurs et leurs fondamentaux. Dans une perspective de moyen terme, bien sûr. Pour vous y aider, Monaco Hebdo vous livre le point de vue de trois sociétés de gestion.

Templeton Global Equity Group?:
« Privilégier les leaders mondiaux »

« Toutes les sociétés européennes ne sont pas exposées équitablement à la crise. Nous privilégions donc celles qui sont tournées vers l’international, qui génèrent des revenus aux sources géographiques variées et qui ne dépendent pas à l’excès d’un pays ou d’une région, souligne Gary P. Motyl, directeur de l’investissement Templeton Global Equity Group. Selon nous, les investisseurs qui dédaignent systématiquement les perspectives des sociétés européennes pourraient manquer des occasions de s’exposer, à prix cassés, à certains leaders sectoriels mondiaux. La plupart de ceux basés en Europe, qui possèdent des positions dominantes sur les marchés internationaux, des bilans solides, une trésorerie viable et des perspectives bénéficiaires attrayantes, ne dépendent pas trop de marchés en difficulté comme l’Italie ou l’Espagne. Bien sûr, ces entreprises n’enregistreront pas en 2012 des bénéfices aussi dynamiques qu’en 2010 et 2011. Cela dit, les titres de la plupart d’entre elles ont été pénalisés injustement par un marché préoccupé davantage par l’actualité macroéconomique que par les perspectives à long terme de chacune d’entre elles. »

CamGestion?:
« Des grandes valeurs à forte visibilité »

« La crise n’est pas achevée et la volatilité va perdurer. Mais à n’en pas douter, des baisses de plus de 20 % sur des valeurs de belle qualité qui n’ont eu pour seul tort que d’annoncer des résultats en léger retrait au regard d’objectifs ambitieux nous parait être une sanction bien sévère dont il peut être judicieux de tirer profit, estime Philippe Forni, directeur général de CamGestion. Pour les investisseurs de long terme, des achats très progressifs à bon compte sur les marchés d’actions peuvent être initiés. Nous nous intéressons tout particulièrement aux valeurs à large capitalisation à forte visibilité en matière de résultats et à certaines valeurs de rendement. Ces dernières présentent cependant le risque, du fait de leur santé financière et de leur potentiel de distribution, d’être taxées par des Etats en mal de revenus. Les valeurs cycliques industrielles ont souvent été fortement dégradées. Injustement pour certaines d’entre elles dans le domaine des larges ou petites capitalisations. Là encore des opportunités existent et méritent d’être saisies. »

Metropole Gestion?:
« Ne plus arbitrer entre valeurs cycliques et défensives »

« Le désendettement des Etats est un processus lent qui pénalisera durablement l’activité économique mondiale. Toutefois, le fardeau de la dette des Etats ne justifie pas à lui seul les niveaux que nous estimons anormalement bas des indices boursiers, estiment les gérants de Metropole Gestion. Contrairement aux Etats, les entreprises européennes sont en excellente santé financière. Petites ou grandes, elles ont une envergure mondiale et sont, par conséquent, moins sensibles aux aléas conjoncturels de leur pays d’origine. Ce cadre économique contraignant nécessite néanmoins un choix de valeur adapté qui sort de l’arbitrage traditionnel entre valeurs cycliques contre valeurs dites « défensives ». Nous privilégions les titres décotés dont le potentiel de revalorisation est évalué indépendamment des perspectives de croissance. Nous avons également fait le choix d’être globalement absents des valeurs des secteurs Telecom et « Utilities » qui présentent des bilans tendus, une activité centrée sur l’Europe avec un risque de hausse des taxes. »

Baisse attendue de la demande américaine de pétrole
La demande mondiale de pétrole va croître moins fortement que prévu l’an prochain sur fond de ralentissement de l’économie. La consommation mondiale d’or noir va grimper de 1,39 million de barils par jour en 2012, soit une hausse de 1,6 %, selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie. Ce qui représente 250?000 barils par jour de moins que lors de sa précédente estimation. L’AIE estime le coût du brut pour les raffineurs à 103 dollars par baril en 2012, contre 107 dollars, précédemment. L’agence met toutefois en garde contre la possibilité d’une hausse rapide des prix en raison de troubles potentiels dans certaines régions productrices.
Pas de rupture de tendance attendue pour le M&A
La période reste propice aux opérations de fusions-acquisitions (M&A). « Les fondamentaux n’ont pas changé, souligne Anne-Sophie d’Andlau, co-fondatrice de CIAM. Les sociétés ont non seulement les trésoreries nécessaires pour mener des opérations de croissance externe, mais surtout elles y sont contraintes. Si ces sociétés souhaitent croître dans les mois à venir, elles ne peuvent pas compter sur la croissance organique compte-tenu des perspectives très pessimistes de croissance en Europe et aux Etats-Unis. »