jeudi 25 avril 2024
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“Les actions américaines et européennes restent peu chères”

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Bourse de Francfort
« La croissance allemande a été proche du rythme des pays émergents au deuxième trimestre et devrait être de 3,3 % cette année. » © Photo DR.

Pascal Heurtault, directeur des investissements d’Aviva Investors France, livre son sentiment sur la performance des marchés cette année et ses perspectives pour 2011.

Monaco Hebdo?: Que vous inspirent les performances des marchés d’actions en cette fin d’année??

Pascal Heurtault?: L’année boursière doit être relativisée, notamment après le fort rebond de 2009. Vues avec le prisme de la zone euro, les performances boursières apparaissent décevantes, la crise liée à la dette souveraine ayant pesé sur nombre de pays périphériques et de valeurs. Mais en Allemagne, le Dax est en hausse de 14,5 %* depuis le début de l’année, au Royaume-Uni, le Footsie gagne près de 5 %* et Wall Street progresse de 7 %*. Même en France, le CAC Next 20, qui regroupe les vingt sociétés les plus importantes après celles du CAC 40, gagne plus de 20 %*. Les marchés boursiers ont donc été efficients et de nombreux pans de la cote ont progressé cette année. Ce sont surtout les secteurs les plus sensibles aux coupes budgétaires qui ont souffert ainsi que le secteur financier, toujours à la peine.

M.H.?: Comment expliquez-vous la belle progression de la Bourse de Francfort??

P.H.?: Les investisseurs saluent le dynamisme retrouvé de l’économie allemande qui s’avère être l’une des poches de croissance de l’économie mondiale. La croissance outre-Rhin a été proche du rythme des pays émergents au deuxième trimestre et devrait être de 3,3 % cette année. Notre voisin a fait depuis dix ans d’énormes efforts pour restaurer sa compétitivité, ce qui permet désormais aux entreprises de redistribuer leurs profits aux actionnaires mais également aux salariés avec des hausses de salaires et des embauches. L’Allemagne ne souhaite donc pas, au nom de la solidarité européenne, perdre les fruits de ces efforts que la plupart des pays de la zone n’ont pas engagés. Il est d’ailleurs très probable que l’Allemagne œuvre désormais pour une intégration économique plus poussée en zone euro et milite pour un ministère économique européen au sein duquel elle aurait un rôle central. Si tel était le cas, il est fort à parier que l’euro aurait à terme le même statut que le deutschemark en son temps. L’appréciation de la monnaie unique pourrait donc devenir structurelle.

M.H.?: La décision de la Réserve Fédérale américaine de réaliser le fameux « QE2 » était-elle justifiée??

P.H.?: Sans porter de jugement de valeur, les Etats-Unis traitent, comme à leur habitude, leurs problèmes économiques indépendamment des conséquences pour les autres pays. Et vu d’outre-Atlantique, ce « QE2 », c’est-à-dire le nouvel assouplissement monétaire quantitatif entrepris par la Fed, était justifié. Bien que la reprise économique s’amorce aux Etats-Unis, avec une demande interne dynamique au deuxième trimestre, le taux de chômage reste élevé et le marché immobilier peine à redémarrer. Or, la reprise de ce secteur ne peut se faire qu’avec des taux longs durablement bas. Qui plus est, la politique de la Fed a pour conséquence une dépréciation du dollar, facteur de soutien supplémentaire pour la reprise économique américaine et surtout facteur de réduction du déficit commercial.

M.H.?: Les investisseurs vous semblent-t-il désormais plus sereins??

P.H.?: Après le séisme de magnitude 10 qu’a été la crise financière, il est normal d’en ressentir encore des secousses comme c’est actuellement le cas avec les crises irlandaise et portugaise. Mais les investisseurs s’accoutument à ces répliques et relativisent davantage leurs conséquences. Ils restent néanmoins très prudents avec qui plus est une modification de leurs attentes vis-à-vis des actions qui retardent leur retour sur les marchés. Alors que la fonction première de la Bourse est de financer la croissance des entreprises cotées avec les risques que cela suppose, les investisseurs considèrent désormais le placement en actions comme une source de rendement.

M.H.?: Quel est le potentiel des marchés d’actions occidentaux??

P.H.?: Les marchés d’actions américains et européens restent peu chers par rapport à leurs moyennes historiques, et ce malgré la bonne santé financière des entreprises et la dynamique de croissance de leurs résultats. Nous sommes donc confiants pour 2011. Il faut néanmoins rester sélectif et se concentrer sur la valorisation des dossiers. A ce titre, les niveaux de cours des grandes banques françaises et espagnoles nous semblent intéressants. La valorisation actuelle du secteur de la construction offre également de bons points d’entrée. Sans compter que les besoins des pays émergents en la matière restent colossaux. En revanche, nous sommes plus prudents sur le secteur du luxe, considérant que les bonnes nouvelles sont maintenant dans les cours, et conseillons toujours la plus grande sélectivité sur les secteurs sensibles aux coupes budgétaires.

*performances à la clôture du 22 novembre 2010.

Prudence sur les secteurs financier et technologique
Dans un contexte de reprise lente et inégale, Black Rock conseille de privilégier les valeurs de qualité. « D’un point de vue sectoriel, nous privilégions toujours les télécommunications et sommes devenus plus positifs à l’égard des secteurs de la santé, des biens de consommation de base et des matériaux, précisent les stratèges de Black Rock. A l’inverse, nous avons adopté un positionnement plus prudent vis-à-vis de la technologie et considérons que le secteur financier reste confronté à un environnement difficile. »

Le secteur automobile, l’un des grands gagnants de la croissance chinoise
« Malgré une croissance robuste et régulière, certains estiment que l’essor des ventes d’automobile en Chine va s’essouffler dès que le dispositif de subventions sera interrompu. La croissance du secteur automobile va au contraire se pérenniser en raison des tendances démographiques structurelles du pays, similaires à celles du Japon à la fin des années 1960 et de la Corée de la fin des années 1980, lorsque les économies intérieures de ces pays ont pris leur envol », estime Samantha Ho, directeur des investissements d’Invesco à Hong Kong. Selon l’expert, les catalyseurs sont le faible nombre de propriétaires de véhicules, leurs prix plus abordables, la poursuite des investissements dans le réseau autoroutier et les subventions à l’achat de véhicules.
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