jeudi 25 avril 2024
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Le Méridien convoité par la SBM ?

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Meridien Beach Plaza
L’exploitation du Méridien et du Sea Club est actuellement gérée par Starman, filiale du groupe Starwood. © Photo DR

L’hôtel Méridien, qui bénéficie d’un emplacement exceptionnel, les pieds dans l’eau, serait la cible de la Société des Bains de Mer.

La rumeur, qui bruisse depuis deux ans, revient en force. Le Méridien, situé sur l’avenue Princesse Grace, l’une des plus chères avenues du monde, serait convoité par la Société des bains de mer (SBM). L’exploitation du Méridien et du Sea Club est actuellement gérée par Starman, filiale du groupe Starwood. Mais la SBM, qui a dû tirer un trait sur son projet de résidence hôtelière à Testimonio, à l’Est de Monaco, pourrait bien être intéressée par cet établissement. Même si pour l’heure, tant la direction générale (voir interview) que le conseil d’administration de la SBM se refusent à formuler le moindre commentaire. Quant à l’exploitant, il préfère rester prudent : « Starwood Hotels & Resorts n’a aucune intention de se dégager, en tant qu’exploitant, de l’hôtel. Je ne suis pas en position de répondre quant aux potentielles intentions du tenant du bail, Starman Bermuda Ltd », indique ainsi Michel Cottray, responsable de la zone Monaco pour le Méridien.

Contrat de gérance libre

Seule certitude?: tout changement d’exploitation concernera directement le gouvernement. « C’est l’Etat qui est propriétaire des murs, du terrain et du fonds de commerce. Starman a un contrat de gérance libre, une convention qui arrive à échéance au deuxième semestre 2018, indique ainsi le directeur général du département des finances Thierry Orsini. Starman s’est engagé à faire tourner l’hôtel jusqu’en 2018, si ça ne les intéresse plus financièrement, on récupèrera le bâtiment et le terrain. Mais ce qui est sûr, c’est que l’Etat n’est pas vendeur. » Malgré ce leitmotiv rassurant, déjà asséné dans le cadre des débats budgétaires, au niveau du conseil national, on surveille de près le dossier du Méridien. D’autant que d’autres investisseurs ont montré récemment leur intérêt pour le Méridien. C’est pourquoi le président de la commission des finances Alexandre Bordero, a saisi le gouvernement, avec le président du conseil national Jean-François Robillon et le vice-président Fabrice Notari, d’organiser une réunion de la commission de placement des fonds.

Troublant

Une réunion qui s’est finalement tenue le 22 juillet 2010. Mais sans grand succès. « A notre grand regret, le gouvernement s’est montré très évasif, se contentant de nous répondre que « le contrat de gérance en cours aura son échéance au 31 septembre 2018 » et « qu’il n’est pas nécessaire, pour l’instant, de se pencher sur cette question » », indique Alexandre Bordero. Un Bordero qui, s’il n’est pas hostile à la reprise du Méridien par la SBM, ne comprend pas l’attitude du gouvernement : « Je dois dire qu’il est assez troublant, après vérification, que le procès verbal de la réunion n’ait même pas fait état de ce débat pourtant inscrit à l’ordre du jour de la commission », s’interroge l’élu UP. La sentence du président de la commission des finances est d’ailleurs sans appel : « Je pense que le gouvernement ne joue pas franc jeu avec les élus sur l’état de ses négociations, mais, quel qu’en soit le résultat, si une décision engageant les intérêts de l’Etat doit être prise, cela ne pourra se faire sans l’aval de la commission de placement des fonds. »

La majorité n’est d’ailleurs pas la seule à s’inquiéter de l’évolution du dossier. Lors des séances budgétaires, Christophe Spiliotis-Saquet avait posé publiquement la question au ministre d’Etat. Tandis que de son côté, Laurent Nouvion avait interrogé le gouvernement en séance privée. L’élu Rassemblement & Enjeux prévient d’ailleurs que toute transformation du contrat ne pourra se faire sans l’aval de l’assemblée : « Il ne saurait être envisageable que la moindre possibilité de changer l’exploitant puisse intervenir sans l’avis des membres du conseil national, soit par l’intermédiaire de la commission de placement des fonds, en invoquant la teneur du contrat de gérance dont je demande le contenu, soit au titre de la commission des concessions, concernant une éventuelle reprise de ce complexe par la SBM. » Une reprise qu’il verrait en tout cas d’un bon œil : « Le principe de la reprise de l’exploitation de ce complexe par la SBM me paraît très intéressant et créateur de valeurs pour cette société dans la mesure où elle bénéficierait d’une clause d’exploitation exclusive à son profit et pour toute la durée du bail, car telle est la vocation de la SBM, société à monopole concédé contrôlée par l’Etat. »

A suivre donc…

Le Méridien, propriété de l’Etat
C’est la Société nationale de financement (SNF), société « outil » de l’Etat, qui détient le Méridien. Une SNF dont les actions sont propriété du fonds de réserve constitutionnel. Et qui a pour unique vocation d’apparaître comme l’acheteur lors d’une transaction avec l’Etat monégasque. Ce fut le cas, par exemple lors de l’achat ou la vente d’actions du centre cardio-thoracique en 2010.
En dehors du Méridien, la SNF détient également à 100 % Monaco Inter Expo, le Grimaldi Forum, la Société d’exploitation des ports de Monaco et la SACDE, qui finance les start up. C’est aussi la SNF qui est actionnaire de Monaco QD international avec Qatari Diar et de la SMETT qui organise le tournoi de tennis de Monte-Carlo. Les dépenses effectuées par cette société d’Etat étant retracées soit dans le budget, soit dans le fonds de réserve constitutionnel, elles sont contrôlées par la commission supérieure des comptes.