samedi 27 avril 2024
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Attractivité?: le CSA a rendu ses copies

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le conseil stratégique pour l'attractivité
© Photo Charly Gallo / Centre de Presse.

Le 8 février, le conseil stratégique pour l’attractivité (CSA) a remis au gouvernement ses pistes de réflexion.

Instrument créé de toutes pièces par le gouvernement pour booster l’attractivité de Monaco, le CSA n’est pas un « comité Théodule », selon l’expression du ministre d’Etat Michel Roger, qui pond des rapports, lesquels, au final, végèteront dans des tiroirs… L’approche de ce « think tank monégasque », se veut plus pragmatique et concrète. « C’est un conseil qui nous sert d’aiguillon, a précisé le ministre d’Etat en conférence de presse. Le gouvernement a un peu la tête dans le guidon sur les problèmes du quotidien. Nous avons donc peu de temps pour réfléchir. » Une liberté de réflexion et de ton que le gouvernement a décidé de déléguer à des forces vives de Monaco — Monégasques et résidents — considérés comme les plus « représentatifs » de leur secteur. Composé de 14 membres de droit et de 30 personnalités qualifiées, ce « laboratoire d’idées » a remis le 8 février au gouvernement une cinquante de pistes de réflexion. Qualité de vie, finance, immobilier ou encore grandes plaisance, chaque président de commission a détaillé des mesures plus ou moins concrètes. Si certaines d’entre-elles, sont du « déjà entendu » ou en cours de réalisation, d’autres ont sans doute le mérite de la nouveauté. Et auront peut être les faveurs du gouvernement. En tout cas, le ministre d’Etat a affirmé que « le gouvernement fera son marché » dans ces propositions. Et qu’une première réunion de travail avec le CSA se tiendra le 20 mars prochain. Alors que le rapport annuel du conseil devrait, lui, être rendu public à l’automne 2012.

Le port, zone « abandonnée »
Au-delà de l’inventaire de mesures, certains ont également profité de la tribune qui leur était offerte pour pointer du doigt les points faibles de leur secteur. C’est le cas notamment du secrétaire général du Yacht Club de Monaco Bernard d’Alessandri. Celui qui plaide pour que le « port soit traité comme un hôtel de luxe dans lequel l’excellence, l’accueil et le service seraient la préoccupation permanente », a décrit le port dans son état actuel « comme une zone abandonnée. » Et a demandé dans la foulée à ce que les aménagements du port soient rapidement achevés. L’homme a également suggéré qu’un bilan concret soit réalisé sur les retombées économiques de la grande plaisance. « Près de 120 compagnies travaillent dans le Yachting. Combien cela rapporte à Monaco?? a-t-il questionné. Certains disent également que le port rapporte à l’Etat 12 millions d’euros chaque année, mais d’autres affirment qu’il en coûte pratiquement autant. Qu’en est-il exactement?? Et que rapporte le marché des croisières?? » D’Alessandri a également suggéré de réduire les manifestations organisées sur le port « qui n’ont pas de rapport avec le nautisme. » Excepté le Grand Prix de F1 ou encore la compétition de Jumping. Pour améliorer l’accueil, le secrétaire général du Yacht Club a enfin suggéré que des stations de taxis soit créées sur le port pour les plaisanciers et les croisiéristes. Selon lui, la distribution de l’électricité, le ramassage des poubelles et l’accès à Internet mériteraient également d’être améliorés. Dernier point abordé?: « l’absolue nécessité de réétudier les plans de mouillages des deux ports pour en optimiser l’espace. Il y a beaucoup de demandes et pas assez d’offres », a-t-il enfin indiqué.

Family office
Pour la finance, c’est le vice-président de l’Amaf Anthony Torriani qui s’est exprimé. En dressant d’abord un état des lieux. « Nous sommes en compétition avec d’autres pays, comme Singapour, la Suisse ou le Luxembourg. Il faut être réaliste, Monaco demeure une petite place financière. Mais nous sommes positionnés sur une niche très haut de gamme que l’on doit améliorer », a-t-il expliqué en plaidant d’abord pour un investissement massif dans les espaces de bureaux. « Sans cela, nous ne pouvons pas envisager une forte augmentation des activités liées à la finance ou l’implantation de nouvelles entreprises. » Torriani a ainsi suggéré qu’un état des lieux soit réalisé sur les espaces qui existent et ceux qui seront construits. Autre piste?: identifier les typologies d’entreprises qui rapportent le plus financièrement à Monaco. Le vice-président de l’Amaf a également plaidé pour le développement des family office. « Des aménagements sur la doctrine administrative sont certainement à apporter sans avoir recours à la voie législative », a-t-il indiqué. Autre mesure concrète proposée?: la création d’un entrepôt douanier qui permettrait de développer le marché des oeuvres d’art ou de la joaillerie. Plusieurs commissions — dont celle de la finance — ont également milité pour une communication plus ciblée vers les pays du BRICS.

Personnel privé
Le président de la chambre immobilière de Monaco, Michel Dotta, a quant à lui détaillé une batterie de mesures plutôt techniques. Selon lui, Monaco doit se doter d’une ordonnance souveraine visant à augmenter les droits à bâtir. Avant d’insister sur la nécessité de rédiger un texte législatif sur les baux à construction. « Il est également nécessaire détendre les possibilités de travail à domicile. Beaucoup de personnes privées qui désirent avoir un personnel privé (secrétaire ou assistante de direction) mais qui ne veulent pas créer une entreprise doivent les déclarer comme personnel de maison. Il faudra faire évoluer le droit du travail », a enfin précisé Michel Dotta. Le mot de la fin est venu de l’élu Philippe Clérissi qui a lancé au gouvernement « la balle est dans votre camp. » Avant de plaisanter?: « On se fâchera tout rouge si vous n’appliquez pas nos mesures… » A suivre.

Les autres mesures en bref
Parmi les autres propositions concrètes, on retiendra également celles de la commission qualité de vie présidée par le directeur du musée océanographique Robert Calcagno. L’ex-conseiller de gouvernement à l’équipement a ainsi suggéré « qu’un pool de chambres VIP avec service haut de gamme soit créé à l’hôpital » et « qu’un cabinet indépendant soit chargé de contrôler l’efficacité du service des urgences du CHPG. » Pour les commerces, le CSA a enfin suggéré une libéralisation des horaires et des jours d’ouverture.