Le plaisir ne connaît pas la crise. À l’image du marché mondial des ventes aux enchères, Monaco s’est définitivement incarnée, cet été, comme une place de choix où se côtoie la crème des collectionneurs en tous genres, prêts à redoubler d’audace pour atteindre l’objet rare.
Objets d’art, pièces de luxe, montres anciennes, bijoux, voitures de collection… Pendant l’été 2021, les ventes ont été excellentes à Monaco, autant chez les grandes maisons incontournables que chez les émergentes, qui essaient, peu à peu, de se pérenniser en principauté, en remportant toujours plus de parts de ce vertueux marché. Car il s’agit bien d’un domaine que la sinistrose semble ne pas pouvoir atteindre, tant les opportunités de développement sont nombreuses. Présente depuis 2015 à Monaco, la maison Artcurial illustre bien cette tendance, tant ses résultats sont éloquents : 21 millions d’euros réalisés sur l’ensemble de ses ventes, rien que pour cet été. Pas mal pour une année marquée par les stigmates de la crise sanitaire mondiale. L’été étant la saison privilégiée pour organiser des ventes aux enchères, d’autres maisons ont également réalisé de beaux palmarès, à l’image de l’Hôtel des ventes de Monaco, qui a dépassé les dix millions d’euros sur les quatre ventes de la saison. Certains bijoux ont en effet été adjugés à plus d’un million d’euros. Le bel objet fait toujours autant rêver. Symbole de rareté, d’histoire ou de nostalgie, si ce n’est les trois à la fois, les acheteurs font preuve d’audace pour atteindre certaines pièces et les ajouter à leur collection personnelle. Souvent par coup de cœur, mais parfois, aussi, pour investir. Chez Monaco Legend Group, qui s’est spécialisé dans la montre ancienne, dite “vintage”, les ventes ont prouvé que les rendements espérés, avec de tels objets sont souvent conséquents. Si de telles montres peuvent rapporter en moyenne 7 à 8 % par an, selon cette maison de vente, certains modèles dépassent aujourd’hui les 200 000 euros, alors qu’ils ne valaient que 2 000 euros, à peine, dans les années 1980.
Expansion numérique
Et si en matière d’enchères ce potentiel est à ce point exponentiel, c’est grâce au numérique et à la digitalisation des échanges. Chez la maison Christie’s, représentée à Monaco par Nancy Dotta, de nouveaux clients, souvent originaires d’Asie, apparaissent par ces biais. Mais ce n’est pas tout. Un nouveau type de ventes émerge également. Grâce au numérique, ce marché s’est développé au travers de domaines encore inattendus jusqu’alors : le 11 mars 2021, une œuvre entièrement numérique, The First 5 000 Days, réalisée par l’artiste américain Beeple, a été adjugée à 69,3 millions de dollars (57,8 millions d’euros) par la maison Christie’s. Un véritable record, qui illustre les grands bouleversements qui façonnent le monde des ventes aux enchères, longtemps resté la chasse gardée d’un milieu réservé à de fins connaisseurs, aux profils plutôt classiques. Aujourd’hui, alors que Monaco Hebdo bouclait ce numéro le mardi 5 octobre 2021, des cartes de collection de la franchise japonaise Pokémon, vieilles d’à peine vingt ans, atteignent plusieurs centaines de milliers d’euros sur les marchés des collectionneurs. Le record revenant à un modèle de 1999, vendu à 418 000 euros sur eBay, le 21 février 2021. Plutôt que de se partager le gâteau, les acheteurs semblent le faire grossir, notamment à Monaco, où la dynamique ne montre aucun signe de ralentissement.