samedi 27 avril 2024
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Artcurial confirme une véritable reprise du marché à Monaco

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Après un bel été 2021, affichant un total de plus de 21 millions d’euros sur les ventes cumulées de juillet en principauté, Louise Gréther, directrice d’Artcurial Monaco, explique à Monaco Hebdo les raisons d’un tel succès.

Est-ce le retour du plaisir et de la légèreté ? Passé le plus dur de la crise sanitaire, la maison Artcurial, l’un des principaux leaders du marché des ventes aux enchères en principauté et dans le monde, a passé un été 2021 particulièrement doux. En effet, cet établissement a assuré de bons résultats, suite à sa traditionnelle semaine de ventes de juillet à Monaco. La saison estivale s’est conclue par un réjouissant +27 % par rapport à la session de 2020 pour ses départements luxes que représentent la joaillerie, l’horlogerie, la vente de sacs Hermès et luxe, ainsi que la vente de voitures de collection Motorcars. Le résultat total brille comme du diamant, affichant 21 480 570 millions d’euros (25 347 073 millions frais inclus) pour cette semaine de ventes cumulées, du 17 au 22 juillet 2021 à l’hôtel Hermitage. « C’est une très bonne année », sourit Louise Gréther, directrice du bureau Artcurial de Monaco, présente depuis 2015 au cœur de Monte-Carlo. Les raisons ? « Des produits très bien choisis, une sélection rigoureuse, des pièces désirables, et beaucoup d’attrait de clients internationaux, par Internet, mais aussi par téléphone. Depuis trois ans, nous devons prendre trois interprètes chinois par téléphone. Mais nous les accueillons aussi sur place, lorsque les conditions le permettent. Car le rapport humain fait la différence. »

Un an après sa dernière opération monégasque, la vente spéciale Motorcars a vu défiler de véritables bijoux à quatre roues, pour se conclure sur un total de 6 734 089 euros, frais inclus

Achat plaisir

La légère accalmie, sur le front de la pandémie de Covid-19, comparé à la situation de l’année précédente, a semble-t-il créé un appel d’air : « Les gens ont eu envie de se faire plaisir, de laisser cette crise sanitaire derrière eux », témoigne Louise Gréther. Car il s’agit d’objets de luxe, et d’œuvres d’art, des pièces qui invitent au plaisir, à la rêverie, et pas seulement à de l’investissement aux yeux de la directrice d’Artcurial Monaco : « Quelques clients pensent rendement, mais la plupart achètent par plaisir, par coup de cœur. Et c’est d’ailleurs ce qu’il faut faire : il faut acheter par plaisir. » Et la place de Monaco incarne particulièrement cette part de rêve sur le marché : « Vendre à Monaco est un atout, car c’est une place forte et active. Ici, nous avons le leadership dans le pôle luxe. Mais beaucoup de nouvelles maisons émergent en principauté pour tenter de gagner des parts de marché, tant Monaco est attractive. » Mais restent aussi, et surtout, les clients fidèles et locaux, plus expérimentés. Des clients que l’on retrouve généralement sur place, dans les salles de vente. Ils se sont particulièrement illustrés cet été pour s’emparer de belles pièces pendant la semaine de ventes, et qu’il faut, bien sûr, chouchouter. Concrètement : « Assurer un service rigoureux, à hauteur des produits luxe que nous vendons, et garantir un rapport de confiance sur lequel il faut travailler tous les jours. »

Le résultat total brille comme du diamant, affichant 21 480 570 millions d’euros (25 347 073 millions frais inclus) pour cette semaine de ventes cumulées, du 17 au 22 juillet 2021 au mythique Hôtel Hermitage

Bijoux, sacs et sculptures

À chaque client son plaisir. Dans le détail, chaque vente a révélé son lot de surprises et de performances : montres, bijoux, sculptures, sacs et voitures, toutes ont récolté de belles sommes. Du côté de l’horlogerie tout d’abord, on retiendra de belles enchères, comme la Rolex Submariner « Comex 793 » vendue à 318 500 euros, ou encore la Daytona « Paul Newman » adjugée à 247 000 euros. La joaillerie, quant à elle, a été marquée par une importante bague Chanel en or, diamants et un saphir birman de 58.53 carats, adjugée à 498 600 euros, et une bague Cartier en platine, diamant taillé en poire, de plus de 20 carats, qui s’est envolée à 356 000 euros. L’édition « Hermès & Luxury Bags » a connu un beau succès également, en totalisant 923 910 euros (1 090 214 euros frais inclus). « Dans cette période compliquée, les amoureux des belles choses avaient envie de se faire plaisir », rappelle Louise Gréther. Pour cette vente, les acheteurs venaient de Russie, d’Iran, du Canada, de la France, et, bien sûr, de Monaco. De nombreux Américains aussi, selon Artcurial, étaient de la partie, connectés sur Internet, si bien que la quasi-totalité des lots a été vendue. Le trio gagnant Hermès — Birkin, Kelly et Constance — s’est décliné dans un panel de matières, d’éditions limitées et de commandes spéciales. Parmi eux, un Birkin 30 So Black en alligator mat noir. Ce modèle, considéré comme « iconique » par la maison Artcurial, a été adjugé à 114 400 euros. Il s’agissait d’une collection limitée de 2010, créée sous la direction artistique de Jean-Paul Gaultier.

Louise Gréther. Directrice d’Artcurial Monaco. © Photo Clément Martinet / Monaco Hebdo.

« Beaucoup de nouvelles maisons émergent, alors que ce n’est pas un marché facile »

Louise Gréther. Directrice d’Artcurial Monaco

Sculptures

En matière de sculptures, la principauté figure parmi les places mondiales les plus importantes [à ce sujet, lire notre interview de Franck Baille : « On observe un retour à l’identité et aux racines », publiée dans ce dossier spécial — NDLR]. Preuve en est avec les résultats de la session de ventes « Monaco Sculptures », qui a totalisé 3 627 037 euros (4 269 389 frais inclus) pour ce mois de juillet 2021. Cette vente rassemblait une sélection resserrée des grands noms de la sculpture des XXème et XXIème siècles, parmi Bernar Venet, César (1921-1998), Philippe Hiquily (1925-2013), Niki de Saint Phalle (1930-2002), Robert Combas, Pablo Reinoso, Baltasar Lobo (1910-1993), ou encore Arman (1928-2005). Parmi eux, l’artiste Philippe Hiquily était particulièrement convoité. Son œuvre, La Sevillane (2006), s’est envolée à 273 000 euros, ainsi que l’Épicurienne (2010-2011), pour 260 000 euros. À noter également le Moment de bonheur (1990-1997) de Baltasar Lobo, vendu à 227 500 euros. Mais c’est Niki de Saint Phalle qui a emporté la plus haute enchère, adjugée à 418 000 euros pour sa pièce, Nana Fontaine (1993). Avant cette vente, les acheteurs ont peut-être eu l’occasion de languir sur ces sculptures. En effet, depuis le mois de mai 2021, et jusqu’à la fin du mois d’août, Artcurial avait proposé un musée à ciel ouvert dans Monaco, en exposant une sélection de ces sculptures à travers les jardins de la principauté, ainsi que les espaces de l’hôtel de Paris, de l’Hermitage et du Monte-Carlo Beach Club.

Pépites à quatre roues

Pour les voitures de collection, l’engouement était le même. Un an après sa dernière opération monégasque, la vente spéciale « Motorcars » a vu défiler de véritables bijoux à quatre roues pour se conclure sur un total de ventes de 6 734 089 euros, frais inclus. Cette vente, qui s’est déroulée à l’hôtel Hermitage, était menée par le duo formé par le commissaire-priseur Matthieu Lamoure et le spécialiste Pierre Novikoff. Parmi les véhicules, la mythique Lamborghini Miura P400, une des stars de la vente considérée comme une des premières “supercars”, a rejoint une collection monégasque pour 977 400 euros. L’Aston Martin DB5, la fameuse voiture de James Bond, à la robe métallique “silver birch”, a changé de mains pour 506 600 euros. Enfin, la Ferrari 512 BB du chanteur Christophe (1945-2020), a été adjugée 168 000 euros sur l’air de son tube, Aline (1979). Avec d’aussi bons chiffres, nul doute que ce marché attire les convoitises : « Beaucoup de nouvelles maisons émergent, alors que ce n’est pas un marché facile », assure Louise Gréther. Pas de quoi l’inquiéter non plus. La prochaine vente Artcurial à Monaco est déjà bouclée pour janvier 2022, à l’hôtel Hermitage, où se mêleront bijoux, montres et sacs Hermès.

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