samedi 27 avril 2024
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Brigitte Boccone-Pagès : « Nous sommes à l’abri d’un rejet des élus et des corps intermédiaires »

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Face à la baisse de la participation lors des dernières élections, la présidente du Conseil national, Brigitte Boccone-Pagès, se veut rassurante. Interview.

Lors des dernières élections nationales et communales, la participation était en baisse : avez-vous le sentiment que les Monégasques se désengagent de la vie politique ?

Le désengagement électoral est un phénomène quasiment universel. Il est vrai que la population trouve aujourd’hui de multiples moyens d’expression et qu’elle interagit de manière instantanée sur tous les sujets possibles, y compris avec ses représentants. Nous sommes heureusement à l’abri d’un rejet, parfois violent ailleurs, des corps intermédiaires et des élus. Ne nous basons pas sur le dernier scrutin, avec une configuration un peu particulière (1), pour tirer des conclusions définitives. Cela dit, vous posez une question qui doit nous encourager à toujours mieux expliquer ce que nous faisons au profit de la principauté et de chacun dans la population.

Lire aussi | Les Monégasques se désengagent-ils de la vie politique ?

Une liste complète pour l’élection nationale nécessite la présence de 24 candidats : à l’échelle de Monaco, trouver 24 personnes motivées, c’est trop ?

Il y a deux dimensions dans votre question. La première concerne l’organisation des élections. Sur ce point, nous sommes ouverts à tout ce qui pourrait permettre d’améliorer le scrutin, la constitution des listes, et la participation. En tout état de cause, cela doit évidemment faire l’objet d’un éventuel projet de modification de la loi électorale, ce qui ne se fait pas à la légère.

« La Constitution, qui consacre le principe de monarchie constitutionnelle, est ainsi faite que l’étendue de nos prérogatives est déjà largement à la hauteur des exigences d’une démocratie moderne. En revanche, plus que la lettre de la Constitution, c’est son esprit, donc sa pratique, qui doivent faire l’objet, au quotidien, de confirmation »

Et la seconde dimension ?

La seconde dimension de votre question concerne le nombre d’élus. Le Conseil national a compté 21, puis 12, puis 18 élus, et ce nombre a été porté à 24, par la sagesse des rédacteurs de la révision constitutionnelle de 2002 [à ce sujet, lire l’interview de Joël-Benoît d’Onorio : « À Monaco, il n’y a pas de passage en force, comme en France », publiée dans ce numéro de Monaco Hebdo — NDLR]. Est-ce trop ? Sur ce point, je peux vous assurer qu’à 24, nous ne manquons pas de travail au sein de nos douze commissions qui demandent un énorme investissement de chacune et de chacun, dans toute l’étendue des sensibilités qui représentent bien notre population.

Lire aussi | Joël-Benoît d’Onorio : « À Monaco, il n’y a pas de passage en force, comme en France »

Des pouvoirs supplémentaires attribués au Conseil national seraient-ils susceptibles de réhausser l’intérêt des Monégasques pour la vie politique et pour les élections ?

Ce n’est absolument pas mon opinion, pour une raison toute simple : la Constitution, qui consacre le principe de monarchie constitutionnelle, est ainsi faite que l’étendue de nos prérogatives est déjà largement à la hauteur des exigences d’une démocratie moderne. En revanche, plus que la lettre de la Constitution, c’est son esprit, donc sa pratique, qui doivent faire l’objet, au quotidien, de confirmation. Cela passe parfois par des échanges vifs avec le gouvernement. Mais la technique du « pas vers l’autre » nous permet d’aboutir aux meilleures solutions, et de sortir par le haut en cas de difficulté.

1) Lors des élections nationales du 5 février 2023, une liste d’Union réunissant des élus issus de trois groupes politiques sortants, Priorité Monaco (Primo !), Horizon Monaco (HM), et Horizon Monaco (HM) s’est imposée face à la liste d’un dissident Primo !, Daniel Boeri. Sa liste, Nouvelles Idées Monégasques (NIM), ne comportait que 14 candidats, contre 24 pour la liste de L’Union. Le taux de participation a été de 57,26 %, contre 70,35 % en 2018, et 74,55 % en 2013.