vendredi 26 avril 2024
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Culture Sélection de mars 2015

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STILL-THE-WATER

Still the Water

de Naomi Kawase

Amami. Les habitants de la très belle île d’Amami vivent en harmonie avec la nature. Lorsque Kaito découvre le cadavre d’un homme dans la mer, sa jeune amie Kyôko décide de l’aider à comprendre ce qu’il s’est passé. En parallèle, on apprend que la mère de Kyôko, qui est chamane, est mourante. En blu-ray, l’image de ce film est d’une beauté à couper le souffle. La Japonaise Naomi Kawase, à qui l’on doit le très bon Shara (2003) ou La Forêt de Mogari (2007), parvient à saisir le poids du cycle sans fin du temps qui passe et des gens qui meurent. Le parcours initiatique de ces deux adolescents est traité avec beaucoup de finesse et de sensibilité.

Still the Water de Naomi Kawase, avec Nijirô Murakami, Jun Yoshinaga, Miyuki Matsuda (FRA/JAP/ESP, 1h59, 2014), 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (blu-ray).

 

Le-Conte-de-la-princesse-Kaguya

Le Conte de la princesse Kaguya

d’Isao Takahata

Bambou. Depuis Mes Voisins les Yamada (1999), on attendait que Takahata sorte de son silence. Isao Takahata adapte Le couper de bambou, un texte issu de la littérature japonaise du Xème siècle, et signe un superbe dessin animé. C’est très beau, surtout en blu-ray, avec une image HD incroyablement bien définie. Le réalisateur du Tombeau des Lucioles (1988) crée du mouvement à partir de portraits en couleur et d’aquarelles. Le résultat est sidérant. Un à un, chaque tableau s’anime. Isao Takahata (79 ans) a cofondé le studio japonais Ghibli en 1985 avec Hayao Miyazaki (74 ans). Jusqu’au 1er mars, quai d’Austerlitz à Paris, Art Ludique-Le Musée présente 1 300 dessins originaux issus du studio Ghibli. Foncez.

Le Conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata, avec Aki Asakura, Kengo Kora, Takeo Chili (JAP, 2h17, 2014). 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (blu-ray). Sortie le 4 mars.

 

White-Bird

White Bird

de Gregg Araki

Mystère. Le nouveau film de Gregg Araki est basé sur une mystérieuse disparition. Celle de la mère de Kat Connors, 17 ans dans les années 1980. Ce thriller adolescent est l’adaptation d’Un oiseau blanc dans le blizzard, un roman de Laura Kasischke sorti en 1999. On y entend Behind The Wheel (Beatmasters Mix) de Depeche Mode, mais aussi The Jesus & Mary Chain, New Order, The Cure ou les Cocteau Twins. Kat possède même un autocollant de Joy Division, fixé sur un abat-jour de sa chambre. La désillusion lié à ce courant musical est ancrée chez Araki, 55 ans, qui signe l’un de ses meilleurs films. Shailene Woodley et Eva Green sont parfaites.

White Bird de Gregg Araki, avec Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni (USA, 1h31, 2014), 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (blu-ray). Sortie le 17 mars.

 

Mommy

Mommy

de Xavier Dolan

Trio. C’est un étonnant, mais complémentaire trio que forment une mère célibataire (Anne Dorval), son fils parfois violent (Antoine-Olivier Pilon) et leur voisine, Kyla (Suzanne Clément). Prix du jury à Cannes l’an dernier, Mommy faisait craindre le pire, mais évite très habilement le piège du film plein de pathos. A la fois, dur et triste, parfois désespéré, le cinquième film de Xavier Dolan (25 ans seulement), se permet aussi d’être très drôle. Inventif, aussi. L’utilisation du joual, un dialecte québécois, le passage d’une image carrée au cinémascope ou le flot permanent de tchatche et d’émotions fortes, permettent à Mommy de s’affirmer comme le meilleur film de 2014.

Mommy de Xavier Dolan, avec Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément (CAN, 2h18, 2014), 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (blu-ray). Sortie le 18 mars.

 

Soumission-Michel-Houellebecq

Soumission

de Michel Houellebecq

Nihilisme. Il y a bien sûr eu beaucoup de polémiques autour de ce livre. Des polémiques amplifiées par l’attaque terroriste qui a frappé Charlie Hebdo. « Je ne vois pas d’exemple où un roman ait changé le cours de l’histoire » s’est défendu Houellebecq. Quelques semaines après, il est donc intéressant de revenir de manière plus apaisée sur la sortie du sixième roman de Michel Houellebecq. Dans la France de 2022, un leader musulman est élu président de la République. Le narrateur de Soumission est un expert de Joris-Karl Huysmans (1848-1907), qui ne se retrouve en rien dans le monde d’aujourd’hui. Il se tourne vers l’islam. Soumission pose la question du religieux dans le monde occidental moderne et évoque la tentation du nihilisme. Ce roman d’anticipation sociale est à lire comme une fable politique.

Soumission de Michel Houellebecq (Flammarion), 320 pages, 21 euros.

 

Mi_Amigo

Mi Amigo

de William Riley Burnett

Noir. William Riley Burnett (1899-1982) est un écrivain de romans noirs, connu notamment pour Little Caesar (1929) ou pour avoir travaillé sur le scénario de Scarface, réalisé par Howard Hawks en 1932. Son roman The Asphalt Jungle (1949) a été adapté au cinéma par John Huston l’année suivante sous le titre Quand la ville dort. C’est en 1959 qu’est publié Mi Amigo : A Novel of the Southwest. Ce livre raconte l’histoire du sergent Desportes, qui se lie d’amitié avec un gamin, Bud, quelque part dans le sud-ouest des Etats-Unis. Les références à Billy the Kid (1859-1881) sont évidentes. Comme dans Quand la ville dort, Burnett construit son récit autour d’une riche et étonnante galerie de personnages.

Mi Amigo de William Riley Burnett (Actes Sud), traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabienne Duvigneau, Postface de Bertrand Tavernier, 216 pages, 22 euros. Sortie le 4 mars.

 

Vernon-Subutex

Vernon Subutex, 1 et 2

de Virginie Despentes

Antihéros. Elle n’a que 45 ans. Mais l’écrivaine et réalisatrice Virginie Despentes a marqué les esprits avec Baise-moi (2 000), un film adapté de son premier roman publié en 1993. Cette fois, elle sort le premier volet d’une ambitieuse trilogie. Vernon Subutex raconte l’évolution de la société française à travers les errances d’un ex-disquaire, viré de son appartement. Comment faire face à la crise économique, comment vivre le cap de la cinquantaine, mais aussi la drogue, le sexe… Après avoir décroché le prix Renaudot 2010 avec Apocalypse Bébé, Virginie Despentes prouve à travers la trajectoire de cet antihéros désabusé que son analyse de la société contemporaine n’a rien perdu de sa force. Vernon Subutex 2 devrait sortir fin mars.

Vernon Subutex, 1 et 2 Virginie Despentes (Grasset), 398 pages, 19,90 euros chaque volume.

 

Le-Sommet-des-dieux

Le Sommet des dieux, coffret intégral

de Jirô Taniguchi

Limitée. C’est un coffret en édition très limitée, mais d’une qualité exceptionnelle, que sort Kana. Le mangaka Jirô Taniguchi a publié en 2000 Le Sommet des dieux, une BD en cinq volumes. Déjà connu pour avoir signé des œuvres comme Quartier Lointain (1998) ou L’Homme qui Marche (1995), Taniguchi a vu Le Sommet des dieux être salué par la critique au festival de la BD d’Angoulême en 2005. Fukamachi découvre un appareil photo qui pourrait avoir appartenu au célèbre alpiniste George Mallory disparu en 1924 lors de l’ascension de l’Everest. Une question l’obsède : et si Mallory avait eu son accident sur le chemin du retour ? L’histoire de l’alpinisme en serait changée. Fumakachi va tout faire pour savoir.

Le Sommet des dieux, Coffret intégral (5 volumes, édition limitée à 300 exemplaires numérotés), Jirô Taniguchi (Kana, collection Made In), 99 euros.

 

Quelquun-va-venir

Quelqu’un va venir

de Pierre Duba et Jon Fosse

Aquarelles. Les éditions 6 Pieds sous terre proposent une sublime réédition en version cartonnée d’une BD de Pierre Duba sortie en 2002. Quelqu’un va venir est adapté de la pièce du dramaturge norvégien Jon Fosse, Nokon kjem til å komme (1996). Deux couples veulent tester leur amour. Ils achètent une vieille maison isolée, en bord de mer, sur une île. Mais très vite, ils ressentent la présence des anciens propriétaires qui viennent troubler leur équilibre. Les aquarelles de Pierre Duba sont d’une incroyable beauté. Extrêmement poétique, cette œuvre confirme le talent de cet artiste surprenant et totalement inclassable.

Quelqu’un va venir de Pierre Duba et Jon Fosse (6 Pieds sous terre), 64 pages, 23 euros.

 

Ghost-Culture

Ghost Culture

Ghost Culture

Korg. 2015 commence fort avec sans doute l’un des disques qui marquera la première partie de cette année. Le Londonien Ghost Culture (James Greenwood, 24 ans seulement) a été poussé par le label d’Erol Alkan, Phantasy Sound, qui travaille également avec des artistes aussi brillants que Daniel Avery ou Connan Mockasin. L’électro sombre et rythmée de Ghost Culture fonctionne à merveille, notamment sur le très entraînant Giudecca. Alors que Glass rappelle le meilleur de Depeche Mode ou de New Order. Les nappes de synthétiseurs Korg déployées par James Greenwood permettent d’osciller entre dance floor, berceuses et romantisme sombre. Indispensable.

Ghost Culture, Ghost Culture (Phantasy Sound), 11,99 euros.

 

Creatures-Rone

Creatures

Rone

Délicieuses. C’est l’un des albums les plus attendus. Monaco Hebdo a pu écouter en avant-première Creatures, le troisième album du talentueux Rone. Et autant dire qu’Erwan Castex tient toutes les promesses entrevues dès la sortie de Spanish Breakfast (2009), son premier album. Avec Creatures, ce musicien et producteur de 34 ans, proche de The National, multiplie les collaborations de grande qualité. Etienne Daho (Mortelle), François Marry, le chanteur de Frànçois & The Atlas Mountain (Quitter la ville), les instruments de Bryce Dessner le guitariste de The National (Mortelle, Roads, Vif) ou encore le trompettiste japonais Toshinori Kondo (Acid Reflux). Rien que ça. Vous pouvez tranquillement succomber à ces délicieuses Creatures.

Creatures, Rone (InFiné), 15 euros (CD), 23 euros (vinyle).

 

Mirage

Mirage

Saycet

Rare. Il se fait rare, donc chacune de ses apparitions vaut de l’or. Le Français Saycet (Pierre Lefeuvre) sort ce mois-ci un album à ne pas rater. Son électro rêveuse, romantique, parfois mélancolique est un vrai régal. En 10 titres, cet album mélange les ambiances et n’hésite à passer de la pop à la techno. Cinq titres sont chantés dont un, Mirages, par Pierre Lefeuvre. Une première. Monaco Hebdo a beaucoup aimé Half Awake, un titre porté par la voix grave de Yan Wagner. A noter aussi la jolie performance de la chanteuse Phoene Somsavath, notamment sur Kananaskis. Les 8’21 de Smiles from Thessaloniki clôturent avec grâce et délicatesse ce disque d’une élégance rare.

Mirage, Saycet (Météores), 14,40 euros.