samedi 27 avril 2024
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Culture Sélection de mars 2024

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Dans Culture Sélection, Monaco Hebdo sélectionne pour vous le meilleur de la culture du moment. Retrouvez nos coups de cœur Blu-rays, livres, bandes-dessinées et musique.

Coffret Ozu en six films rares ou inédits de Yasujiro Ozu

Coffret Ozu en six films rares ou inédits de Yasujiro Ozu

Précieux. Le cinéaste japonais Yasujiro Ozu (1903-1963) a marqué l’histoire du cinéma. En ce mois de mars 2024, Carlotta propose un coffret composé de six films « rares ou inédits » au format Blu-ray uniquement. Il s’agit de Femmes et voyous (1933), Il était un père (1942), Récit d’un propriétaire (1947), Une femme dans le vent (1948), Les sœurs de Munakata (1950), et de Dernier caprice (1961). En bonus, un film inédit réalisé pour la télévision, Quand la cloche de la jeunesse a sonné (1963), vient compléter ce très bel ensemble, en plus d’un livret de 80 pages. Ecrit par Pascal-Alex Vincent, cinéaste, enseignant à la Sorbonne Nouvelle, et auteur du livre Yasujiro Ozu : une affaire de famille (2023), ce livret est appuyé par une série de photos de ces films, aussi précieux que passionnants.
Coffret Ozu en six films rares ou inédits de Yasujiro Ozu (JAP, films centrés sur la période 1933-1963), 60 euros (Blu-ray uniquement).

Thanksgiving : la semaine de l’horreur  de Elie Roth

Thanksgiving : la semaine de l’horreur de Elie Roth

Mayflower. Qui est donc le tueur qui reproduit un Black Friday sanglant, et qui terrifie Plymouth (Massachussetts), la ville qui est à l’origine de Thanksgiving ? Alors que les habitants se posent cette question en boucle, les meurtres se succèdent à une vitesse effrayante. Le réalisateur de la très efficace série de films Hostel (2005), Elie Roth, est de retour avec ce “slasher”, qui multiplie les assassinats très inventifs, à prendre au second degré, évidemment. Il convoque cette fois une dimension historique et politique, avec les pionniers embarqués sur le Mayflower, et la consommation de masse aveugle. Prenant ouvertement position contre le capitalisme sauvage et décomplexé, Thanksgiving : la semaine de l’horreur propose une profondeur et une réflexion qui en font tout l’intérêt.
Thanksgiving : la semaine de l’horreur de Elie Roth, avec Patrick Dempsey, Addison Rae, Milo Manheim (USA, 2023, 1h47), 16,99 euros (DVD), 19,99 euros (Bu-ray). Sortie le 3 avril 2024.

Winter Break d’Alexander Payne

Winter Break d’Alexander Payne

Noël. Alexander Payne, 62 ans, a réalisé huit films. Son premier long-métrage, Citizen Ruth (1996) mettait en scène une très intéressante réflexion autour de la question de l’avortement. Avec Winter Break, ce réalisateur, scénariste et producteur américain d’origine grecque nous plonge dans les années 1970, dans un collège de standing de la Nouvelle-Angleterre. À l’approche de Noël, cet établissement se vide. Paul Hunnam (Paul Giamatti), un professeur d’histoire, est chargé de prendre en charge les élèves obligés, pour diverses raisons, de rester dans ce collège pendant les fêtes de fin d’année. Il se retrouve confronté à un adolescent Angus (Dominic Sessa) et à Mary, la cuisinière (Da’Vine Joy Randolph), qui est aussi la mère célibataire d’un jeune soldat tué dans les combats au Vietnam. Evitant le piège du pathos, ce film est touchant.
Winter Break d’Alexander Payne, avec Paul Giamatti, Da’vine Joy Randolph, Dominic Sessa (USA, 2023, 2h14), 16,99 euros (DVD), 19,99 euros (Bu-ray). Sortie le 24 avril 2024.

Vermines de Sébastien Vaniček

Vermines de Sébastien Vaniček

Araignées. Les habitants d’un quartier défavorisé de Noisy-le-Grand sont attaqués par des araignées mortelles. Kaleb (Théo Christine), 30 ans, recueille dans sa chambre toute sorte d’animaux dans des vivariums. Dans l’arrière boutique de l’épicerie du coin, Ali Express, il achète une araignée, qu’il surnomme « Rihanna ». Mais elle s’échappe, tue un habitant de l’immeuble, et commence à très vite se reproduire. Théo et ses amis vont devoir se battre pour survivre. Depuis Tarentula (1955) de Jack Arnold (1916-1992) et Arachnophobie (1990) de Frank Marshall, les araignées tueuses n’en finissent pas d’inspirer les réalisateurs. Malin, Sébastien Vaniček sait ménager ses effets et offre une résonance politique à son film, avec cette crainte de voir la « vermine » gangréner toute la société. Une crainte qui peut aussi se révéler mortifère.
Vermines de Sébastien Vanicek, avec Théo Christine, Sofia Lesaffre, Jérôme Niel (FRA, 2023, 1h46), 16,99 euros (DVD), 29,99 euros (Blu-ray 4K + Blu-ray), 39,99 euros (Bu-ray 4K, édition collector). Sortie le 2 mai 2024.

Les Fantômes du lac. Mémoires d’un village meurtri, de Manon Gauthier-Faure

Les Fantômes du lac. Mémoires d’un village meurtri de Manon Gauthier-Faure

Etrange. En 1978, un drame s’est déroulé dans un village de la Marne. Deux jeunes sœurs se sont noyées. Elles auraient été retrouvées habillées en tenues de communiantes, main dans la main. Manon Gauthier-Faure a décidé d’enquêter autour de cette étrange histoire. Si le flou demeure, il a même tendance à s’épaissir, puisque la journaliste indépendante et autrice a appris que les deux sœurs en question feraient des apparitions du côté de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du village. Son enquête l’a conduite à multiplier les interviews, à retrouver des témoins, et à visiter les lieux liés à ce drame. De cette matière, elle a tiré un livre captivant, à mi-chemin entre l’enquête journalistique et la littérature, qui sait intelligemment laisser la place au doute.
Les Fantômes du lac. Mémoires d’un village meurtri, de Manon Gauthier-Faure (Marchialy), 250 pages, 15 euros (format numérique), 19 euros (format « papier »).

Pas sérieux s’abstenir, histoire du marché de la rencontre XIXème-XXème siècle, de Claire-Lise Gaillard

Pas sérieux s’abstenir, histoire du marché de la rencontre XIXème-XXème siècle de Claire-Lise Gaillard

Annonces. L’historienne Claire-Lise Gaillard nous propose une passionnante plongée dans le marché de la rencontre au XIXème et XXème siècles. Dès la Révolution française, les premières agences matrimoniales apparaissent, et avec elles, les premières annonces. L’une d’elle, la Parisienne De Foy, aurait permis de sceller plus de 10 000 union entre 1825 et 1888. Cette activité est aussi portée par les rapports de sexe, et par une plus grande liberté d’action pour les hommes. Dans cet essai, Claire-Lise Gaillard évoque aussi les publications qui servent de supports à ces annonces, du Courrier de l’hymen à L’indicateur des mariages dans les années 1790, au Chasseur français. Les stratégies d’argent sont aussi là : « Le patronyme est le meilleur allié du patrimoine », explique l’auteur, en évoquant une endogamie très prégnante.
Pas sérieux s’abstenir, histoire du marché de la rencontre XIXème-XXème siècle de Claire-Lise Gaillard (CNRS éditions), 376 pages, 25 euros.

Le point de vue de Dieu d’Antonio Paolacci et Paola Ronco

Le point de vue de Dieu d’Antonio Paolacci et Paola Ronco

Gênes. C’est à Gênes, capitale de la Ligurie, que se déroule le début de ce roman. Dans une église de la vieille ville, un drame se noue. Alors qu’il vient de communier, le professeur Sergio Bruzzone s’effondre. Il est mort. Tout laisse à supposer qu’il a été assassiné. Or, Sergio Bruzzone fréquentait un cercle d’amis retraités grands amateurs de polar, qui semblent potentiellement tous un peu suspect. À moins que le mobile de ce meurtre ne soit à chercher du côté religieux, comme l’indiquent certains médias qui assurent que l’on cherche à s’en prendre à des chrétiens. C’est à tout cela que va devoir s’attaquer le sous-préfet adjoint Paolo Nigra, un personnage créé par Antonio Paolacci et Paola Ronco, et que l’on retrouve avec plaisir depuis Nuages baroques (2019). Installés à Gênes, les auteurs captent l’ambiance de cette ville, pour servir un roman noir doté d’une réelle profondeur sociale.
Le point de vue de Dieu d’Antonio Paolacci et Paola Ronco (Rivages), 22,50 euros. Sortie le 10 avril 2024.

Vivre libre ou mourir, punk et rock alternatif en France 1981/1989 d’Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Hoog

Vivre libre ou mourir, punk et rock alternatif en France 1981/1989 d’Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Hoog

1980. « L’histoire du rock alternatif français des années 1980, reflet d’une société en mutation, racontée à travers les destins croisés de musiciens de l’époque. » Comme l’indique Glénat, cette BD pas comme les autres s’est donnée pour objectif de convoquer les groupes français de cette époque. Pour cela, on suit Loran et François du groupe Bérurier noir, Didier Wampas (The Wampas), François Hadji-Lazaro (Les Garçons bouchers, Pigalle), et Helno (Négresses vertes), à travers une série d’aventures. En parallèle, l’évolution du monde politique vient bousculer le monde du rock alternatif. Après Underground (2021) Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog nous plongent dans cette période passionnante, qui reprend donc à son compte, et avec bonheur, le titre d’une chanson de Bérurier Noir, Vivre libre ou mourir (1985).
Vivre libre ou mourir, punk et rock alternatif en France 1981/1989 d’Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Hoog (Glénat), 176 pages, 22,50 euros.

David en furie, de Newliu

David en furie de Newliu

Frustration. Newliu (Shuang Liu) a mis quatre ans pour réaliser David en furie. Cette BD met en scène, Xiao Bao, un adolescent timide et maladroit avec les filles, tourné en dérision et moqué par ses camarades. Il est l’exact opposé du leader de la bande, Da Wen, qui enchaîne quotidiennement les succès. Pour supporter les souffrances qu’on lui inflige, Xiao Bao imagine un personnage doté d’une tête de lapin-panda, capable de résister à tout, et même de le venger, grâce à l’appui de ses idoles de l’époque, de Zorro en passant par Maradona (1960-2020). Né en 1976 à Chengdu (Chine), dans la province du Sichuan, Newliu déploie dans David en furie un récit qui se tend peu à peu, et cela, en s’appuyant sur une économie de dialogues, qui permet de davantage s’imprégner de chaque scène. Jusqu’à un final étonnant, porté par la frustration et la colère de Xiao Bao.
David en furie de Newliu (Misma), 436 pages, 29 euros.

Glasgow Eyes, The Jesus and Mary Chain

Huitième. Les frères Jim et William Reid sont de retour. Il s’est écoulé 39 ans depuis la sortie de Psychocandy (1985), leur premier album studio. Originaire de East Kilbride, en Ecosse, The Jesus and Mary Chain n’a rien perdu de sa fougue. Les douze titres de ce huitième album sont bourrés d’une énergie folle, pas si éloignée que ça de celle des débuts. L’excellent Jamcod le rappelle de la plus belle manière, alors que les guitares se font entendre sur Girl71. Un peu plus loin, sur Chemical Animal, The Jesus and Mary Chain rappelle leur apport au “shoegaze”, tout comme sur le très beau et triste Pure Poor. Conçu et enregistré au Castle of Doom, le studio de Mogwai, Glasgow Eyes est le disque qu’il vous faut absolument pour bien débuter ce printemps 2024.
Glasgow Eyes, The Jesus and Mary Chain (Fuzz Club Records/Wagram), 7 euros (format numérique), 12,99 euros (CD), 23,99 euros vinyle.

Three, de Four Tet

Three, Four Tet

Horizon. Né en 1977 à Londres, Kieren Hebden est l’homme à qui l’on doit Four Tet, un projet qu’il a lancé en 1998. Three est son douzième album solo, et il représente une sorte de tour d’horizon des différents styles et influences que Kieren Hebden distille depuis ses débuts. Ambient, garage, breakbeats, house, hip-hop… Les huit titres de Three sont aussi variés que possible. Le rythme hypnotique déployé par Loved, en ouverture de ce disque, est remarquable. Un instant après, on est transporté par la house de Daydream Repeat et ses harpes, tout comme on est immédiatement happé par les riffs de guitare de Skater. La chaleur monte encore de quelques degrés avec 31 Bloom, un titre tourné vers les dancefloors. Pour clore ce joli album, So Blue et Three Drums jouent la carte de l’évasion. Et c’est très réussi.
Three, Four Set (Text Records), 8,49 euros (format numérique), 10,49 euros (CD), 24,99 euros vinyle.

Letter to U de Bolis Pupul

Letter to U, Bolis Pupul

Lien. Derrière Bolis Pupul se cache le musicien belge Boris Kor Tom Zeebroek, qui est notamment connu pour son travail avec Charlotte Adigéry et leur album Tropical Dancer (2022). Il vient de publier son premier album en solo, et on a beaucoup aimé. Bolis Pupul déploie une synth pop du plus bel effet, tout au long de ce disque construit autour de 11 titres. Sur Mau Tau Wai Road, sa sœur Salah Pupul apporte sa voix douce et aérienne. Mais dès l’ouverture de cet album, on est saisi par la beauté du titre Letter to Yu. Marqué par la disparition brutale de sa mère en 2008, Bolis Pupul s’est rendu pour la première fois à Hong Kong dix ans après. Ce voyage l’a reconnecté avec ses racines, et c’est aussi ce lien retrouvé qu’il célèbre, dans ce disque très recommandable.
Letter to U, Bolis Pupul (Deewee/Because Music), 12,99 euros (CD), 23,99 euros vinyle.

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