samedi 27 avril 2024
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Culture Sélection de janvier 2024

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Dans Culture Sélection, Monaco Hebdo sélectionne pour vous le meilleur de la culture du moment. Retrouvez nos coups de cœur Blu-rays, livres, bandes-dessinées et musique.

Acide

Acide, de Just Philippot

Pluies. Trois ans après le très réussi film d’épouvante agricole La Nuée (2020), le retour du réalisateur Just Philippot était très attendu. Après des insectes très particuliers dans son précédent long-métrage, il est cette fois question de pluies acides et destructrices. Comme à son habitude, Just Philippot ne mise pas sur un déluge d’effets spéciaux. C’est un minimalisme bienvenu qui guide le déroulé de cette fiction, dans laquelle on suit Michal (Guillaume Canet), sous contrôle judiciaire pour avoir frappé son patron et sa nouvelle compagne, sérieusement malade. À ces personnage, il faut ajouter l’ex-femme de Michal (Lætitia Dosch) et leur fille Selma (Patience Munchenbach), 15 ans. Les pluies acides meurtrières s’abattent sur cette famille qui va devoir lutter pour survivre. Quand un simple nuage peut être fatal, où est le salut ?
Acide de Just Philippot, avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach (FRA, 2023, 1 h 40), 16,99 euros (DVD), 16,99 euros (Blu-ray). Sortie le 24 janvier 2024.

Le livre des solutions

Le Livre des solutions, de Michel Gondry

Cévennes. Depuis son premier film Human Nature (2001), et bien sûr depuis Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), Michel Gondry, 60 ans, n’en finit pas d’enchanter les spectateurs. C’est dans un petit village des Cévennes que s’installe Marc (Pierre Niney) pour terminer son film. Guidé par une créativité débordante, persuadé de son génie, il décide d’écrire Le Livre des solutions, un ouvrage supposé répondre à des problèmes saugrenus. Convaincu de son talent, il rend la vie de son équipe difficile, seule Denise (Françoise Lebrun), sa tante cévenole, parvenant à le suivre et à le supporter un tant soit peu. Il faut l’arrivée improbable de Sting sur le tournage pour éviter le naufrage. Pierre Niney porte à merveille le rôle de ce réalisateur hyper actif pour lequel Michel Gondry affiche beaucoup d’affection. Peut-être parce qu’il lui ressemble quelque peu.
Le Livre des solutions de Michel Gondry, avec Pierre Niney, Blanche Gardin, Frankie Wallach (FRA, 2023, 1 h 42), 14,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 24 janvier 2024.

The Creator

The Creator, de Gareth Edwards

IA. Dans un futur pas si lointain, une guerre oppose l’Occident à l’Asie. Des robots imaginés par des hommes se sont émancipés, et ils sont allés jusqu’à attaquer Los Angeles avec une arme nucléaire. Ces machines qui deviennent autonomes font immédiatement penser à Isaac Asimov (1920-1992) et Philip K. Dick (1928-1982). Un soldat est envoyé au front pour détruire une arme meurtrière. Une fois sur place, il découvre qu’il s’agit d’une enfant humanoïde de six ans. Incapable de la tuer, il l’emmène avec lui, et part à la recherche de sa femme qu’il pensait morte. Ses certitudes se troublent, et il ne sait alors plus très bien qui il doit servir. Remarqué pour l’inventivité de son premier film Monsters (2010), Gareth Edwards signe ici un film politique, qui repose aussi sur un univers à la fois beau et spectaculaire.
The Creator de Gareth Edwards, avec John David Washington, Gemma Chan, Ken Watanabe (USA, 2023, 2 h 13), 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (Blu-ray), 29,99 euros (Blu-ray 4K). Sortie le 7 février 2024.

Second Tour

Second Tour, d’Albert Dupontel

Election. Mademoiselle Pove (Cécile de France) journaliste politique d’une chaîne d’information en continu se retrouve mutée à la rubrique football, à cause de son franc-parler. Un coup du sort inespéré lui permet de revenir à la politique, et de suivre la campagne présidentielle en cours. Elle est chargée de suivre le candidat Pierre-Henry Mercier (Albert Dupontel) qui cache une somme de secrets plus fous les uns que les autres. Dans Second Tour, les situations sont toutes plus rocambolesques les unes que les autres, et, du début à la fin, le rythme ne faiblit pas. Cette fable politique pourra sembler parfois laborieuse et trop complexe à certains, elle reste néanmoins portée par la bonne humeur et l’élan d’un Albert Dupontel toujours aussi extravagant.
Second Tour d’Albert Dupontel, avec Cécile de France, Albert Dupontel, Nicolas Marié (FRA, 2023, 1 h 37), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 28 février 2024.

Foi espérance et carnage

Foi, espérance et carnage, de Nick Cave et Sean O’Hagan

Entretiens. Il aura fallu plus de quarante heures avec l’artiste australien Nick Cave pour que le journaliste et critique irlandais Sean O’Hagan puisse nous livre ce fascinant Foi, espérance et carnage. En 368 pages, une somme conséquente de sujets sont balayés, qui vont bien au-delà de la musique, même si, très logiquement, elle occupe une place centrale. Il est aussi question d’amour, de deuil, de la liberté, de méditation sur la foi… Débuté en 2020, poursuivis pendant la période de Covid, Nick Cave se confie comme rarement dans ces entretiens. Cela permet de se plonger dans le riche parcours de cet Australien né en 1957, captivé par la scène punk venue d’Angleterre, mais aussi par les Stooges et le Velvet Underground. Des débuts avec Boys Next Door, en passant par Birthday Party, jusqu’à Nick Cave and the Bad Seeds, ce livre n’oublie rien. Et c’est passionnant.
Foi, espérance et carnage de Nick Cave et Sean O’Hagan (éditions de la Table Ronde), 368 pages, 24,80 euros.

Etienne Daho l'attraction des arts

Etienne Daho, l’attraction des arts, de Sébastien Monod

Analyse. On avait laissé l’écrivain Sébastien Monod avec son très bon Dahovision(s), publié en novembre 2021. Avec Etienne Daho, l’attraction des arts, il s’attaque à la question des références artistiques qui enrichissent l’œuvre de cet artiste né le 14 janvier 1956 à Oran (Algérie). L’analyse littéraire des textes de Daho est signée par la professeur de lettres modernes Laurence Lechesne, et les illustrations ont été confiées au Breton d’origine écossaise, John Bars. Des neufs films adorés par Daho, dont Love is the Devil (1998) de John Maybury, un film centré sur Francis Bacon (1909-1992), et Serial Mom (1994) de John Waters, on s’attarde sur son dernier album, Tirer la nuit sur les étoiles (2023), pour finir par les analyses littéraires du Phare (2023), de Virus X (2021), et de Roman Inachevé (2023). Captivant.
Etienne Daho, l’attraction des arts de Sébastien Monod (Les éditions des Deux Anges), 124 pages, 26,90 euros (livre broché, couverture souple), 40 euros (édition limitée à 100 exemplaires numérotés avec couverture cartonnée, uniquement disponible sur sebastienmonod.com).

Un homme dangereux

Un homme dangereux, d’Alexandre Kauffmann

Psychiatrie. Après deux années passées à enquêter dans plusieurs unités de psychiatrie où sont enfermés des patients jugés irresponsables de leurs actes, le journaliste indépendant et romancier Alexandre Kauffmann livre le résultat de ce travail dans Un homme dangereux, et autant le dire tout de suite, c’est passionnant. C’est dans ces unités pour malades difficiles (UMD) que sont soignés les patients les plus dangereux. Dans l’une d’entre elles, se trouve Bosco Gonda [pseudonyme, pour protéger son anonymat — NDLR], présenté comme « le patient le plus dangereux de France ». Alexandre Kauffmann raconte son parcours, et le décalage qu’il ressent lorsqu’il le rencontre. Il pose aussi la question vertigineuse de la perpétuité pour certains malades, notamment parce qu’il est difficile d’évaluer leur dangerosité avec certitude. Après La mythomane du Bataclan (2021) qui va bientôt devenir la première série HBO française, Alexandre Kauffmann signe un livre remarquable.
Un homme dangereux d’Alexandre Kauffmann (Goutte d’Or), 320 pages, 19,50 euros.

Un monde en pleine mutation

Un monde en pleine mutation, d’Alex Baladi

Fanzine. C’est un récit dans un très beau noir et blanc que nous propose Alex Baladi et la maison d’édition suisse Atrabile. Nous sommes en 1994, dans une ville moyenne et anonyme, une ville qui ressemble à n’importe quelle autre. Nabil, un libraire passionné de bande dessinée (BD) qui refuse de vendre du Tintin, encourage trois adolescents Patou, Rictus et Nour à installer leur atelier pour dessiner. Dans Un monde en pleine mutation, Alex Baladi déclare sa flamme à la BD, avec élégance et légèreté, mais aussi au fanzine, et au système D. Il faut ajouter à cela une dimension d’apprentissage à ce récit, où il est question du “do it yourself” [« faire des choses par soi-même » — NDLR]. Né le 11 juillet 1969 à Vevey (Suisse), Alex Baladi continue de nous enchanter avec cette histoire subtile et touchante.
Un monde en pleine mutation d’Alex Baladi (Oncle Atrabile), 232 pages, 19 euros.

Hutte

Hutte, de Louis Chalumeau

Planète. C’est à un étonnant voyage que nous convie Louis Chalumeau. Dans Hutte, il raconte un monde où tous les êtres vivants sont exploités pour les ressources qu’ils produisent. Tentant d’échapper à un incendie, une hutte propulsée par des chenilles prend la direction d’une forêt montagneuse. À l’intérieur se trouve une famille composée de cinq personnes. À l’occasion d’une pause, l’un des trois enfants décide de s’éclipser pour partir à la découverte du monde extérieur. Dans cette BD proposée dans une jolie bichromie, Louis Chalumeau convoque des sujets très actuels, du changement climatique à la crise des migrants. Le trait du dessin est aussi léger que le sujet est sérieux. Car la planète qui brûle décrite par Louis Chalumeau, c’est aussi (déjà) un peu la nôtre.
Hutte de Louis Chalumeau (Cornélius), 32 pages, 13 euros. Sortie le 25 janvier 2024.

Les gens passent le temps reste

Les gens passent, le temps reste, de Glauque

Entêtant. Glauque, un collectif belge de Namur, a publié en septembre 2023 un très attendu premier album. Les gens passent, le temps reste rappelle combien, dès 2018, ces artistes avaient marqué les esprits avec Robot, un remarquable premier titre. En 2020, la virulence de Plane avait confirmé tout le bien que l’on pensait de Glauque. Cette fois, c’est le cap de l’album que passe avec brio ce collectif. Il suffit d’écouter ce disque une seule fois pour sentir combien l’urgence est toujours là. Certaines productions très électroniques, comme Plan Large, rappellent le meilleur de Moderat. Les synthétiseurs hurlants de Friable sont aussi imparables que le piano de On oublie et on recommence. Sur Pas le choix, le piano est poussé par un rythme entêtant. Emmené par Louis Lemage, rappeur, chanteur et parolier, ce premier album electro-rap est déjà devenu une valeur sûre en seulement quelques mois.
Les gens passent, le temps reste, Glauque (Auguri Labels), 12 euros (version numérique), 44 euros (vinyle).

Acopia

Acopia, de Acopia

Aérien. Originaires de Melbourne (Australie), le trio composé de Kate Durman, Morgan Wright, et Lachlan McGeehan est de retour avec un second album très réussi. L’électro pop d’Acopia avait déjà fait merveille sur Chances (2022), un premier disque que l’on avait beaucoup aimé. Dès le début de ce nouvel album éponyme, le titre We Evolve séduit. Un peu plus loin, le très doux et aérien This Conversation is Getting Boring fait de même. La voix planante de Kate Durman est totalement hypnotisante, notamment sur Work It Out, un titre presque murmuré. Une partie des textes tournent autour du sentiment d’isolement et de solitude, magnifié par une dream pop qui convie immédiatement à l’évasion et au lâcher-prise. Les dix titres de ce disque vous feront voyager loin.
Acopia, Acopia (auto-produit), 14 euros (version numérique sur Bandcamp), 42 euros vinyle).

Magda

Magda, de Donato Dozzi

Ambient. Le DJ italien Donato Dozzi vient de publier sur son label Spazio Disponible Magda, un album composé de six longs morceaux. On ne s’ennuie pas à l’écoute de ce disque, car, de bout en bout, les ambiances sont variées. Un titre comme Le Chaser, d’une durée de plus de 9 minutes, saisit immédiatement l’auditeur pour ne plus le lâcher. Quant aux 10 minutes de Santa Cunegonda, elles sont tout simplement hypnotiques. De son côté, dans un style plus ambient, Franca sait prendre son temps, et s’étale lascivement sur plus de 7 minutes. Il faut prendre le temps d’écouter Magda pour en saisir toute la richesse et les subtilités. Car c’est dans les détails que Donato Dozzi excelle. Ce n’est pas pour rien que des musées font parfois appel à lui pour sonoriser certaines de leurs installations.
Magda, Donato Dozzi (Spazio Disponibile), 10 euros (version numérique sur Bandcamp), NC (vinyle).

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