samedi 27 avril 2024
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Culture Sélection de février 2024

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Dans Culture Sélection, Monaco Hebdo sélectionne pour vous le meilleur de la culture du moment. Retrouvez nos coups de cœur Blu-rays, livres, bandes-dessinées et musique.

L’Enlèvement, de Marco Bellocchio

Bologne. Nous sommes en 1858. Les soldats du Pape se rendent au cœur du quartier juif de Bologne. Ils vont chez la famille Mortara, pour repartir avec Edgardo, leur fils de sept ans. C’est un ordre du grand inquisiteur de Bologne, Pier Gaetano Feletti, en application de la loi pontificale. Edgardo aurait été secrètement baptisé par sa nourrice, donc il doit bénéficier d’une éducation catholique. Avec l’aide de la communauté juive, la famille Mortara va se battre pour tenter de reprendre son enfant. Le cinéaste italien Marco Bellocchio livre un film qui fait écho au Sourire de ma mère (2002), qui évoquait aussi l’Eglise. L’Enlèvement est un long-métrage qui empile des enjeux aussi divers par leur nature que par leurs conséquences. Entre la dimension intime et la sphère politique, L’Enlèvement séduit à tous les niveaux.
L’Enlèvement de Marco Bellocchio, avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon (ITA, 2023, 2 h 15), 19,99 euros (DVD), 24,99 euros (Blu-ray). Sortie le 5 mars 2024.

Vincent doit mourir, de Stéphan Castang

Survival. Sans raison apparente, Vincent se voit attaqué par des gens qui essaient de le tuer. Au vu de la tournure prise par les évènements, il doit fuir et se cacher. Sur un scénario de Mathieu Naert, Vincent doit mourir évoque une société où le déclencheur le plus insignifiant peut se terminer en pugilat. Vincent (Karim Leklou) est parfait dans ce rôle d’antihéros qui va tout faire pour survivre. À ses côtés, Margot (Vimala Pons) incarne une serveuse en difficulté, qui va s’allier avec un Vincent guetté par la paranoïa. Vincent doit mourir pose la question de l’amour : comment aimer, si le moindre regard peut se finir par un déferlement de violences ? Né en 1973, Stéphan Castang est l’auteur de deux courts-métrages remarqués, Panthéon Discount (2016) et Finale (2020). Ce survival qui navigue constamment entre plusieurs genres est à ne pas rater.
Vincent doit mourir de Stéphan Castang, avec Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot (FRA/BEL, 2023, 1 h 48), 16,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 19 mars 2024.

Simple comme Sylvain, de Monia Chokri

Passion. Née le le 27 juin 1982 à Québec, l’actrice et réalisatrice Monia Chokri s’est notamment faite remarquer par son travail avec les cinéastes Denys Arcand avec L’Âge des ténèbres (2007) et Xavier Dolan pour Les Amours imaginaires (2010). Cette québécoise s’affirme aussi en tant que réalisatrice. Après un court métrage, Quelqu’un d’extraordinaire (2013), elle a sorti son premier long métrage en 2019, avec La Femme de mon frère, avant d’enchaîner en 2022 avec Babysitter. Dans Simple comme Sylvain, elle raconte la rencontre entre Sophia (Magalie Lépine-Blondeau) et Sylvain (Pierre-Yves Cardinal), un entrepreneur, pendant que son compagnon Xavier (François-William Rhéaune) est à Montréal. La passion dévore bientôt Sophia et Sylvain. Jusqu’où ? Magalie Lépine-Blondeau est parfaite, dans un film porté par des dialogues incisifs.
Simple comme Sylvain de Monia Chokri, avec Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume (CAN/FRA, 2023, 1h50), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 19 mars 2024.

How to Have Sex, de Molly Manning Parker

Malia. Le premier long métrage de Molly Manning Walker, How to Have Sex, a été récompensé au festival de Cannes 2023 par le prix Un certain regard. À seulement 30 ans, cette réalisatrice britannique a signé un film très réussi sur la question du consentement. Pour cela, elle a mis en scène Tara (Mia McKenna-Bruce), Skye (Lara Peake) et Em (Enva Lewis), 18 ans, qui partent faire la fête pendant l’été à Malia, sur l’île de Crète. Sur place, tout n’est que béton, piscines, mer, alcool, drogues, et fêtes industrielles. Les trois amies se promettent que la première qui ramènera quelqu’un dans leur appartement sera récompensée par le droit de dormir dans le seul grand lit disponible. Tara, qui est vierge, pense que Badger (Shaun Thomas) pourrait convenir. Mais Paddy (Samuel Bottomley) est en embuscade. Passant à l’acte, Tara ne va pas bien. Et nous avec.
How to Have Sex de Molly Manning Parker, avec Mia McKenna-Bruce, Lara Peake, Enva Lewis (GBR/GRE, 2023, 1 h 31), 19,99 euros (DVD), 19,99 euros (Blu-ray). Sortie le 27 mars 2024.

Délivrez-nous du bien Joan Samson

Délivrez-nous du bien, de Joan Samson

Pression. Perly Dunsmore est commissaire priseur. Lorsqu’il arrive à Harlowe, une ville fictive du New Hampshire, il se pose en bon chrétien, et ne tarde pas à s’attirer les bonnes grâce du chef de la police locale, en promettant notamment de favoriser la sécurité et le succès de cette bourgade. Sauf que les deux hommes se livrent à d’autres activités, moins avouables. En effet, ils n’ont qu’un seul but : mettre la pression sur la population pour la dépouiller de ses biens, grâce à des ventes aux enchères bidonnées. Celles et ceux qui oseraient dire « non » s’exposent à des « accidents », qui se révèlent être dissuasifs. Dans un tel contexte, que va faire la famille Moore ? Publié en 1975, ce thriller est l’unique roman de Joan Samson (1937-1976). L’éditeur Monsieur Toussaint Louverture nous offre enfin la traduction française que tout le monde attendait.
Délivrez-nous du bien de Joan Samson (Monsieur Toussaint Louverture), 300 pages, 16,50 euros (format « papier »), 13 euros (format numérique).

The Art of Darkness : The History of Goth, de John Robb

The Art of Darkness : The History of Goth, de John Robb

Récit. John Robb, l’auteur de The Art of Darkness : The History of Goth, est un musicien et journaliste anglais. Né le 4 mai 1961 à Fleetwood (Royaume-Uni), il s’est fait remarquer comme bassiste et chanteur de The Membranes, un groupe de post-punk. En 1988, il a été le premier journaliste à interviewer Nirvana, avant d’enchaîner par un premier livre sur les Stone Roses en 1996. Ce collaborateur du Sunday Times, de The Observer, du Guardian ou de The Independent, entre autres, vient de publier un livre qui raconte en 744 pages l’histoire de la culture gothique. Une histoire très riche, puisqu’elle prend ses racines dans la littérature romantique et l’architecture gothique, ou bien le cinéma, avec Tim Burton, par exemple. Du côté de la musique, avant PIL et Wire, il y a eu Joy Division, Bauhaus, et les Sisters of Mercy. Cela méritait bien cet excellent récit de John Robb.
The Art of Darkness : The History of Goth de John Robb (Manchester University Press), 744 pages, 18,70 euros (format « papier »), 16,30 euros (format numérique). Uniquement disponible en langue anglaise.

Au travail Eric Rohmer Victorien Daoût

Au travail avec Eric Rohmer, de Victorien Daoût

Témoignages. Dans ce livre, le journaliste spécialiste du cinéma, Victorien Daoût, a compilé les témoignages de cinquante collaborateurs d’Éric Rohmer (1920-2010), et c’est passionnant. Il y a, bien sûr, celles et ceux qui l’ont beaucoup côtoyé, comme Arielle Dombasle et Fabrice Luchini, par exemple. Et puis, il y a des noms moins connus du grand public, notamment la productrice Françoise Etchegaray ou le costumier Pierre-Jean Larroque. Ces profils très différents permettent une relecture très intéressante des plus grands films d’Éric Rohmer, de Ma nuit chez Maud (1969), en passant par Conte d’été (1996), Les Nuits de la pleine lune (1984), ou La Collectionneuse (1971). Pour son premier livre, Victorien Daoût signe un texte qui peut être lu sans respecter la chronologie. S’il n’avait que neuf ans à la sortie des Amours d’Astrée et Céladon (2007), Victorien Daoût affiche une connaissance « rohmérienne » qui force le respect.
Au travail avec Eric Rohmer de Victorien Daoût (Capricci), 304 pages, 23 euros.

T’inquiète Guillaume Bouzard B-gnet Fabcaro Fabrice Erre Gilles Rochier

T’inquiète, de Guillaume Bouzard, B-gnet, Fabcaro, Fabrice Erre et Gilles Rochier

« Ombre. » C’est un véritable défi que se sont lancés Guillaume Bouzard, B-gnet, Fabcaro, Fabrice Erre et Gilles Rochier : écrire une bande dessinée à cinq. Pour cela, ils se sont appuyés sur un scénario qui met en scène cinq anciens membres d’un orchestre philharmonique qui ont survécu à une catastrophe aérienne. Ils se retrouvent pour rendre hommage aux disparus de ce crash d’avion. Tous jouent d’instruments atypiques, ce qui ne leur permet pas de briller. « L’auteur de bande dessinée est toujours un peu derrière, il n’est pas sur le grand écran. On est toujours un peu dans l’ombre, comme ces cinq musiciens », a expliqué Gilles Rochier sur France Musique, le 19 janvier 2024. Ce projet a pris forme en 2020, pendant la période de confinement. Ces cinq auteurs se sont donnés rendez-vous à Millau (Hérault) pour fixer leur cadre de travail. Après plus de deux ans de travail, le résultat est là. Et c’est très bon.
T’inquiète de Guillaume Bouzard, B-gnet, Fabcaro, Fabrice Erre et Gilles Rochier (6 Pieds sous terre), 160 pages, 18 euros.

Contes du caniveau de Tadao Tsuge

Contes du caniveau, de Tadao Tsuge

Tateishi. À 82 ans, le mangaka Tadao Tsuge n’en finit pas de nous ravir par la qualité de son travail. Dans Contes du caniveau, il prend pour décor les rues pauvres et tristes de Tateishi, l’un des quartiers les plus défavorisés de Tokyo. Il raconte la vie des habitants, des exclus et des marginaux, des yakuzas en passant par les prostituées, sans jamais porter de jugement. Pas question, non plus, de céder à la positivité forcenée. Tadao Tsuge dresse un tableau à la fois juste et sombre, d’une précision quasi-journalistique, de cette population essentiellement composée de laissés pour compte. Ce n’est pas pour rien qu’il s’est imposé comme l’un des premiers mangaka alternatif dans les années 1960. Contes du caniveau est la première œuvre de Tadao Tsuge publiée en langue française. Un deuxième volume devrait suivre.
Contes du caniveau de Tadao Tsuge (Cornélius), 248 pages, 26,50 euros.

Dreamfear / Boy Sent From Above EP, Burial

Nostalgie. Avec seulement deux albums à son actif, Burial (2006) et Untrue (2007), William Emmanuel Bevan a multiplié les EP depuis 2005 et South London Boroughs. Ses deux derniers EP, Antidawn (2022) et Streetlands (2022), proposaient 78 minutes d’atmosphères étranges, traversées par une grande mélancolie, loin de la dance music avec laquelle Burial s’est fait un nom. Ce 17ème EP composé de deux titres d’environ 13 minutes chacun, marque un retour aux débuts de la culture rave, à l’électro, et à la techno. Le titre Dreamfear illustre cela à la perfection. De son côté, surfant sur la vague électro, Boy Sent From Above allie la douceur, la nostalgie d’une époque révolue, et l’énergie de la techno. Soit plus de 13 minutes de pur bonheur, pour un titre fascinant, à l’image de cet EP.
Dreamfear / Boy Sent From Above EP, Burial (XL Recordings), 2 euros (numérique sur Bandcamp : https://burial.bandcamp.com/album/dreamfear-boy-sent-from-above), 17 euros (vinyle).

Ghosts, Dead Astronauts

Atmosphérique. Le premier single du nouvel album de Dead Astronauts est là. Il s’appelle Erase Me, et une seule écoute suffit pour être convaincu de tout le potentiel de ce titre. Très atmosphérique, aérien, Erase Me plante un décor qui vous fera immédiatement voyager, et très loin, notamment grâce à la vidéo réalisée par Michael Williamson. Elle met en scène Lauren Koopowitz et Adam Ovadia, qui donnent à Erase Me une autre dimension, mâtinée d’étrange. Obsédant, ce premier single est donc un joli avant-goût de Ghosts, un nouvel album composé de 13 titres. Resserré autour de Slade Templeton et Jared Kyle, ce groupe originaire de Portland (Oregon) revient en très grande forme. Foncez.
Ghosts, Dead Astronauts (Cold Transmission Music), prix : NC (numérique sur Bandcamp : https://deadastronauts.bandcamp.com/).

Club Shy EP, Shygirl

Club. La house britannique du début des années 2 000 est de retour. Pour s’emparer de cette tendance, rien de mieux que de se plonger dans le nouvel EP de Shygirl (Blane Muise). Ce nouveau disque, Club Shy, affiche une durée de seulement 16 minutes et six titres, mais chaque seconde compte. Le morceau M. Useless est à l’image de cet album : un plaisir simple, presque primaire, mais qui cache une réelle complexité. La musicienne irlandaise Cosha vient en renfort sur Thicc, un titre taillé pour les dancefloors. La house dépouillée de 4eva est très accrocheuse, avec des paroles mi-chantées, mi-rappées. Sur Tell Me, un morceau produit par Boys Noize, on plonge dans une ambiance de club fiévreux. Et on n’a pas envie d’en sortir.
Club Shy EP, Shygirl (Because Music), 12 euros (numérique sur Bandcamp : https://0800shygirl.bandcamp.com/album/club-shy-extended), 25 euros (vinyle).

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